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Le profil du surendetté en France ne ressemble pas à ce qu'on imagine

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Alors que les cas de surendettement ont fortement reculé ces trois dernières années en France, le profil du surendetté type a lui aussi évolué et n'est plus que rarement une personne qui a été dépassée par sa surconsommation.

Le surendettement recule en France de manière spectaculaire. Sur l'ensemble de l'année dernière, 181.123 dossiers de surendettement ont été déposés à la Banque de France, soit un recul de près de 5% par rapport à 2016. Si on compare à 2014 (231.000 dossiers de surendettement), la baisse atteint même 22%. 

Sur les situations qui ont été jugées recevables, très majoritaires à plus de 166.000 cas, le montant total des dettes a représenté quelque 7,2 milliards d'euros, soit un repli d'environ 2%. 

L'année a notamment été marquée par un nouveau recul des crédits à la consommation dans les cas de surendettement. Les sommes concernées ne représentent que 37,4% du montant total des dettes traitées, alors que cette part était nettement majoritaire au début des années 2010 et s'établissait encore à 39,3% en 2016.

Portrait robot du surendetté 

Ainsi, le profil type du surendetté ne ressemble plus vraiment à ce que l'on croit. On aurait en effet tendance à imaginer un ménage accro au crédit à la conso et parti dans une frénésie d'achats de produits ou de loisirs en tous genres.

Mais pas du tout, rectifie la Banque de France. Le surendetté auquel l'institution a affaire est rarement un flambeur. "Au début des années 1990, le surendettement était lié à une surconsommation de crédit, explique Stéphane Tourte, le directeur des particuliers à la Banque de France dans Le Parisien. Trente ans plus tard c'est davantage une question de fragilité sociale". Ainsi, plus de quatre ménages en surendettement sur cinq disposent de moins de 2000 euros de biens.

Le surendetté est généralement une personne seule (50,3% d'entre eux ne sont pas en couple), plutôt une femme (54,4% des cas) au bas revenu voire au chômage dans 27,5% des cas. Et dans la plupart des cas, les impayés concernent les charges courantes comme le loyer ou les factures. 46,2% des surendettés ont des impayés de loyer dont le montant moyen atteint 4700 euros, soit 7 mois et demi de loyer en retard si on prend comme référence le montant moyen qui est de 628 euros en France.

Les factures impayées comme l'eau et l'électricité concernent 42% des cas de surendettement et les retards d'impôts 43%. C'est d'ailleurs la taxe d'habitation qui pose le plus de problèmes puisque près de 30% des ménages surendettés sont en incapacité de payer cet impôt.

Les taux bas rendent le crédit plus supportable

Bref, le surendetté est dans la majorité des cas une personne seule qui a du mal à joindre les deux bouts au quotidien, pas un accro au crédit conso. Ce dernier est d'ailleurs davantage encadré depuis la loi Lagarde de 2010 qui limite les crédits renouvelables pointés du doigt comme une des causes principales du surendettement.

Mais si le crédit à la consommation est moins impliqué dans les cas de surendettement, ce n'est pas parce que les Français s'en sont détournés. Au contraire sur l'ensemble des prêts contractés par les Français, les crédits conso ont enregistré une hausse vigoureuse ces dernières années. Mais les taux d'intérêt maintenus bas les ont rendus plus supportables.

"La divergence entre les évolutions de l'endettement des ménages et du surendettement s'explique certainement en partie par la forte réduction des taux d'intérêt, qui a permis d'allonger les périodes de remboursement des nouveaux crédits tout en limitant le service de la dette pesant sur les ménages endettés", explique la Banque de France dans un communiqué.

Frédéric Bianchi avec AFP