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Les loyers commencent à baisser au Royaume-Uni, contre toute logique

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- - Daniel Leal-Olivas - AFP

Malgré une pénurie de logements outre-Manche, les prix des locations se détendent, même à Londres où la demande ne fléchit pas. Ce n'était plus arrivé depuis six ans. Explications.

L'immobilier britannique fait face à un étrange paradoxe. Malgré une pénurie de logements au Royaume-Uni, les loyers ont baissé cet été pour la première fois depuis 2010 (-0,5% en juillet). Londres n'est pas épargnée non plus par ce mouvement, du jamais vu en six ans. Or c'est l'inverse qui devrait se produire, compte tenu de la forte demande locative.

Seulement, le marché est aujourd'hui inondé de nouveaux logements disponibles à la location, comme l'explique le Financial Times dans un article paru début septembre. Rien que dans la capitale, l'offre a bondi en juillet de 33% comparé aux douze derniers mois, selon des données de Countrywide relayées par le site Homes and Property. Et en un an, la hausse du nombre de biens à louer est passée de 8.800 à 14.000.

Cet afflux d'offre est en partie dû à la surtaxe de 3% en vigueur depuis le 1er avril 2016 en Grande-Bretagne ("stamp duty"). Calculée en fonction du prix d'achat, elle s'applique aux particuliers qui font l'acquisition d'un logement en vue de le louer ou d'une résidence secondaire, et s'ajoute à la taxe classique dont ils doivent s'acquitter au moment de la transaction. L'annonce de la mise en place d'une telle mesure a déclenché au cours des trois mois précédents une vague d'achat sans précédent dans l'immobilier locatif, les investisseurs cherchant à éviter de payer des frais supplémentaires. Ce qui a logiquement fait baisser les loyers.

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- © Zoopla

Londres inaccessible pour le plus grand nombre

Autre cause possible de ce retournement de tendance: la légère accalmie que connaît le marché immobilier britannique depuis le début de l'été. Il est vrai que les prix à la vente se sont un peu assagis après le vote du 23 juin dernier sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Dans l'ensemble du pays, les tarifs n'ont progressé en moyenne que de 0,6% entre juillet et août (+5,5% tout de même sur un an), selon Nationwide. Même constat à Londres, où les tarifs ont limité leur hausse à environ +2%. 

La pierre semble donc reprendre son souffle, mais pas suffisamment pour permettre à tous les ménages de devenir propriétaires, notamment dans la capitale où le prix moyen d'un logement dépassait encore les 619.400 livres en août (716.500 euros). Mais Londres -comme Paris pour le marché français- est une exception. Car en moyenne, outre-Manche, un même bien se vend deux à trois fois moins cher qu'à Londres.

"À Cambridge ou à Londres, un salarié moyen doit débourser l'équivalent de dix années de revenus pour devenir propriétaire ou s'endetter pour plus encore, même si les taux d'intérêt ont considérablement baissé. Dans certains quartiers de la capitale, comme Kensington, ce ratio dépasse trente ans", rappelle le journal Les Echos. La location est donc la seule alternative pour eux, bien que les loyers dans les grandes villes restent très élevés: 1.280 livres (1.500 euros) en moyenne à Londres d'après le réseau immobilier Countrywide.

Les prix pourraient néanmoins continuer à se détendre, mais à quel rythme? Après un ralentissement au deuxième semestre 2016, les prix de vente des appartements devraient reculer de 1% en 2017, estime le professionnel, qui prévoit un affaiblissement de l'économie britannique à la suite du Brexit. Selon lui, le marché immobilier britannique devrait être affecté par le déclin de la confiance des consommateurs et la hausse du taux de chômage.

Julien Mouret