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L'UFC-Que choisir dénonce "le matraquage des copropriétaires" par les syndics

La loi Alur doit permettre aux copropriétaires d'avoir une meilleure visibilité sur la gestion de leur bien.

La loi Alur doit permettre aux copropriétaires d'avoir une meilleure visibilité sur la gestion de leur bien. - -

Alors que la loi Duflot est censée offrir aux copropriétaires plus de transparence dans la gestion de leur bien immobilier, les syndics prennent le prétexte de ces nouvelles obligations pour augmenter leurs tarifs, dénonce ce 15 mai l'association de consommateurs.

"Il y a urgence à mettre fin à cet enfumage des syndics de copropriété autour de loi Alur" a exhorté Alain Bazot, le président de l'UFC-Que choisir, ce 15 mai, lors de la présentation du 2eme observatoire sur les pratiques tarifaires et contractuelles des syndics.

Selon l'association de consommateurs, les professionnels profitent du flou autour de la date d'application de la loi portée par l'ex-ministre du Logement Cecile Duflot pour augmenter leurs tarifs. Car si le texte a bien été promulguée en mars dernier, elle nécessite la parution d'environ 200 décrets d'application pour prendre effet. Et aucun calendrier n'est pour l'instant fixé.

Faire payer les comptes séparés

L'abus le plus courant relevé parmi les grands réseaux nationaux (1) audités par l'association consiste à faire payer au prix fort la création d'un compte séparé. Cette mesure doit permettre aux copropriétés d'avoir une transparence totale sur leurs finances et de sécuriser les sommes qui y sont déposées. La loi Alur précise que cette création de compte doit être gratuite.

Or les syndics n'ont retenu que la première partie des recommandations du texte la loi et poussent les copropriétaires à ouvrir dès maintenant un compte en le monnayant au prix fort. Selon les estimations de l'UFC-Que Choisir, le surcoût atteint 25%. Une estimation qui rejoint celle de la Fnaim.

Autre pratiques déloyales : le manque de transparences des tarifs. La loi Alur encourage la création de forfaits de prestations. Mais les professionnels ont mis au point des formules à prix très bas pour attirer les clients, mais dans lesquelles ils manquent les services essentiels.

Et naturellement, les prestations annexes sont facturées, elles aussi, au prix fort. Pour exemple, le simple forfait administratif qui comprend la gestion de taches de base comme l'envoi de lettre et les photocopies, revient en moyenne entre 25 à 30 euros par an et par lot.

Du personnel chèrement rémunéré

Autre pratique qui fait gonfler la facture : les vacations horaires du personnel présent lors des assemblées générales par exemple. Foncia a choisi de facturer sans justification l'heure de présence d'une assistante du cabinet 62 euros, et 131 euros si c'est le directeur. De plus, les cabinets appliquent une majoration en cas de présence en dehors des heures ouvrables, qui peut aller jusqu'à 177 % chez Nexity. Foncia détient le record : la présence d'un directeur du cabinet après 19h30 est facturée 225 euros de l'heure. Et toute heure entamée est due !

Pour mettre fin à ce "matraquage des copropriétaires", l'UFC-Que choisir presse le gouvernement de publier les décrets Alurs attendus. Et faute d'être reçue par les ministères du logement et de la justice malgré ses demandes, l'association a envoyé ce jour des préconisations sur le montant plafonds des frais privatifs et sur la limitation des prestations particulières.

(1) L'observatoire a passé en revue près de 1.000 formules de contrats proposées par Nexity, Foncia, Citya-urbania, Immo de France et Loiselet et Daigremont.

Coralie Cathelinais