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Changer de banque, un enfer pour les consommateurs

Des freins psychologiques empêchent notamment les clients de changer de banque

Des freins psychologiques empêchent notamment les clients de changer de banque - Julien Marion

Si un quart des usagers bancaires éprouvent l'envie de changer de banques, chaque année ils ne sont que 3% à le faire, selon une étude de l'UFC-Que Choisir publiée ce mardi 9 décembre. En cause notamment: les coûts et les risques qu'engendrent cette mobilité pour le consommateur.

Changer de banque est loin d'être évident pour les Français. Telle pourrait être la conclusion de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir.

Cette dernière dénonce, dans une étude publiée ce mardi 9 décembre, les insuffisances de la mobilité bancaire. L'association part du constat suivant: en moyenne près d'un quart des usagers bancaires se disent insatisfait de leur banque.

De plus l'UFC-Que Choisir note que "la plupart des consommateurs font désormais totalement confiance aux services bancaires" par Internet. Ce qui devrait logiquement amener les consommateurs à solliciter les banques en ligne, dont les services sont moins onéreux.

Mais en dépit de ces deux constats, seuls 3% des clients français changent chaque année d'établissement. Plus précisément, le taux de mobilité bancaire, c'est-à-dire le nombre de clients qui changent de banque d'une année sur l'autre a été de 3,4% en 2011 et 3,2% en 2012, alors que la moyenne européenne se situe à 8,5%.

Frein psychologique

L'UFC-Que Choisir souligne également que ce taux de mobilité est plus élevé dans des services financiers jugés "proches", comme l'assurance auto (15,7%) ou encore l'assurance habitation (11,8%).

De fait, plusieurs coûts et risques amènent le consommateur à ne pas changer d'établissement. L'UFC-Que Choisir explique, par exemple, que la recherche d'information est compliquée, puisque le consommateur doit tenir compte d'une longue liste de tarifs pour faire son choix.

Des problèmes techniques se posent également: en changeant de banque, le consommateur doit déplacer l'ensemble des virements et prélèvements automatiques de son nouveau compte vers l'ancien.

Enfin, l'association de consommateurs relève "un frein psychologique" qui amène les clients à penser que "toutes les banques se valent". Or, justement, tel ne serait pas le cas. L'UFC-Que Choisir souligne des écarts tarifaires qui peuvent atteindre jusqu'à 260 euros par an entre deux banques.

Des milliards d'euros d'économies potentielles

L'UFC-Que Choisir considère qu'augmenter la mobilité bancaire permettrait d'accroître la concurrence et de faire ainsi baisser les frais bancaires qui représentent 9,7 milliards d'euros par an au total. L'association retient trois scénarios possibles correspondant à des baisses moyennes de 10, 15 et 25%. A la clef des économies respectives de 1,2 milliard, 2 milliard et 3 milliards pour l'ensemble des clients, selon ses estimations.

Fort de ces constats, L'UFC-Que Choisir fait plusieurs recommandations pour encourager la mobilité bancaire. Parmi elles, l'association reprend l'idée de la portabilité bancaire, déjà défendue, il y a un an par le député PS Laurent Grandguillaume. Le principe: un numéro de compte bancaire unique, que le consommateur garde même s'il change régulièrement d'établissements. Ce système, qui s'inspire du numéro unique dans la téléphonie mobile, doit toutefois être mis en œuvre au niveau européen pour être opérationnel, reconnaît l'UFC-Que Choisir.

Au niveau de la France, l'association préconise une solution de court terme: la redirection automatique des opérations vers le nouveau compte. Un procédé qui ressemble au transfert de courrier de la Poste lors d'un changement d'adresse.

Julien Marion