BFM Business
Finances publiques

Ne pas tenir l'objectif de déficit, une bonne nouvelle?

Le gouvernement préfère ne pas tenir son objectif de déficit pour 2015 qu'augmenter encore les prélèvements.

Le gouvernement préfère ne pas tenir son objectif de déficit pour 2015 qu'augmenter encore les prélèvements. - Kirill Kudryavtsev - AFP

Michel Sapin, le ministre des Finances, a acté mercredi un relèvement à 4,3% de l'objectif de déficit pour 2015, au lieu des 3% prévus. Pour les Français et les entreprises, cela pourrait avoir des effets positifs. Explications.

La France laissera filer son déficit en 2015. Au lieu des 3% prévus, et promis à Bruxelles, le ministre de Finances, Michel Sapin, table désormais sur 4,3% de déficit l'année prochaine, a-t-il annoncé mercredi 10 septembre. Le trou dans les caisses de l'Etat va donc continuer à se creuser. Une annonce qui pourrait avoir des effets... positifs sur le quotidien des Français et pour les affaires des entreprises. Le point sur ce que ce nouveau déficit va changer.

Des crédits plus chers?

"Eventuellement, le crédit peut coûter plus cher", estime Emmanuel Lechypre, éditorialiste à BFM Business. Si les marchés, actant qu'une fois de plus, Paris ne tient pas ses engagements, commençaient à se méfier de la France, le coût de la dette augmenterait, entraînant dans son sillage les taux de crédit. 

L'assurance que rien ne va changer

Un tel phénomène paraît néanmoins peu probable tant les coûts d'emprunts de la France, historiquement bas, semblent aujourd'hui décorrélés de l'état de ses finances publiques.

En réalité, le relèvement de la prévision de déficit pourrait "ne rien changer", indique Emmanuel Lechypre. "Et même vouloir dire que rien ne va changer", souligne l'éditorialiste.

Michel Sapin a en effet promis mercredi que les impôts n'augmenteraient plus, pas plus que la TVA. La réduction des dépenses ne sera pas supérieure aux 50 milliards prévus, et les 40 milliards d'allègements de charges prévus seront bien accordés aux entreprises, a-t-il martelé.

Finalement, c'est "une bonne nouvelle pour les entrepreneurs et les Français: la demande ne va pas être maltraitée au bénéfice des finances publiques", relativise l'éditorialiste.

Inquiétude pour les prestations sociales

Les seuls qui pourraient s'inquiéter sont les bénéficiaires de prestations sociales. Car "pour obtenir de Bruxelles un nouveau délai pour atteindre les 3% de déficit, Paris pourrait devoir s'engager à de nouvelles économies", note Emmanuel Lechypre. Et le gouvernement n'a plus vraiment d'autres os à ronger que les aides sociales.

Du côté des entreprises, ce discours ne rend pas serein. "Tant que les prélèvements obligatoires et les charges ne changent pas, il n'y a pas de conséquence immédiate pour les entreprises", reconnaît un proche du patronat français. Pour autant, "la parole politique a très peu de crédit auprès des patrons, alors ces annonces ne nous donnent pas plus confiance sur le montant des allègements de charges", souligne notre source.

En outre, elle estime que "ne pas réussir à tenir ses engagements, personne ne peut dire que c'est une bonne nouvelle. La France voit encore sa crédibilité entamée, alors qu'elle se convertit seulement à une économie de marché justement basée sur la confiance".

Nina Godart