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Vote de confiance: les sujets que Valls devra éviter

Pour éviter de braquer sa majorité avant le vote de confiance, Manuel Valls devrait passer sous silence certains sujets qui lui tiennent pourtant à coeur.

Pour éviter de braquer sa majorité avant le vote de confiance, Manuel Valls devrait passer sous silence certains sujets qui lui tiennent pourtant à coeur. - XAVIER LEOTY - AFP

Manuel Valls va réclamer, mardi après-midi, le vote de confiance de l'Assemblée nationale après avoir révélé ce que sera sa ligne de conduite en tant que chef du gouvernement. Voici ce dont les députés ne devraient pas entendre parler.

Manuel Valls met son avenir entre les mains des députés, ce mardi 16 septembre. Le Premier ministre prononcera l'après-midi son discours de politique générale avant d'engager la responsabilité du gouvernement Valls II via un vote de confiance devant l'Assemblée. Un vote en pleine crise politique au PS.

Quelques députés socialistes, les "frondeurs", ont déjà annoncé qu'ils s'abstiendraient. Il faudrait qu'ils soient au moins cinquante pour sérieusement mettre en péril la majorité socialiste puisque seuls les suffrages exprimés comptent et que les socialistes détiennent 289 des 577 sièges (sans compter Thomas Thévenoud), soit pile la majorité absolue.

Le risque serait bien plus grand s'ils ne votaient pas la confiance. Le Premier ministre devrait donc brosser la gauche du PS dans le sens du poil, à coups d'augmentation des petites retraites, baisse d'impôts pour les classes moyennes, et abandon de l'objectif de déficit à 3%. Voici en revanche les sujets que Manuel Valls prendra avec moult pincettes, ou zappera complètement.

> Une réforme des 35 heures

A la veille de sa nomination au gouvernement fin août, le pas encore ministre de l'Economie Emmanuel Macron accorde une interview au Point, dans laquelle il préconise d'accorder plus de place au dialogue social pour déterminer le temps de travail des salariés, entreprise par entreprise. Une forme de remise en cause des 35 heures.

Tollé à gauche, applaudissements à droite, Manuel Valls est obligé de sonner la fin de la récré. Ce n'est "pas l'intention du gouvernement" de revoir la durée légale du temps de travail, indique Matignon le 28 août. Reste qu'en 2011, Manuel Valls, alors candidat à la primaire PS, appelait à "déverrouiller" les 35 heures.

Si en évoquant la loi sur la croissance devant les députés, le chef du gouvernement pourrait être tenté d'aborder la question du temps de travail, il est plus que probable qu'il évitera cet épineux sujet.

> La dérèglementation des professions

Le 28 août devant les ambassadeurs français, Manuel Valls a affirmé qu'il "ne renoncerait à aucune mesure" qui puisse "améliorer l'emploi" et "stimuler la croissance". Une des idées du gouvernement est d'ouvrir certaines professions à la concurrence. Il s'agit des notaires, des avocats, des pharmaciens et peut-être même des taxis.

Cette mesure qui devrait figurer dans le projet de loi sur la croissance et le pouvoir d'achat, cheval de bataille de l'ex-ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, sème la discorde à gauche. Les ministres de la Santé, Marisol Touraine, et de la Justice, Christiane Taubira, ont déjà fait part de leurs réticences.

Selon les informations de BFMTV, Manuel Vall devrait se montrer rassurant vis-à-vis des professions concernées, ne pas opposer les consommateurs aux professionnels, et confirmer que les représentants des huissiers, des notaires et des tribunaux de commerce seront reçus à la Chancellerie par Christiane Taubira et Emmanuel Macron sous peu.

> Le recours aux ordonnances

Il est question que, lors de la lecture à l'Assemblée du projet de loi pour la croissance, prévue d'ici à la fin 2014, le gouvernement ne soumette pas au vote cette mesure mais légifère par ordonnance. Ce serait le cas pour la dérèglementation de certaines professions, et sur un autre sujet sensible: la question du travail du dimanche. Autant de thèmes qui pourraient susciter des huées à gauche de l'hémicycle.

Avoir recours aux ordonnances reviendrait à passer en force là où la majorité n'aurait pas suivi le gouvernement. Si Manuel Valls devrait dévoiler une partie du projet de loi ce mardi, la raison laisse penser qu'il évitera soigneusement d'évoquer ses mesures les plus controversées, et comment il souhaite les faire passer.

Nina Godart