1976-77. Un Plan Marshall pour les périphériques
La France veut sortir de l'ombre. Un marché très concurrentiel. Les entreprises françaises disposent d'atouts indéniables.
Octobre 1976
L'industrie française des périphériques ?" dite aussi péri-informatique ?" est-elle contrainte à vivre un temps sous perfusion pour pouvoir rivaliser avec ses concurrentes ? La mise en place de ' contrats de croissance ' entre l'État et les principaux constructeurs français de périphériques le laisse en tout cas supposer. Ces contrats aidés prévoient une large panoplie de mesures d'assistance (aide au financement des locations de matériel, à la recherche et au développement, octroi de marchés d'étude...) à destination des entreprises du secteur qui s'engagent en retour à mettre en place des plans de développement ambitieux et cohérents. La péri-informatique française n'est pourtant pas en crise, loin s'en faut. En six ans, les 25 sociétés françaises du secteur ont porté leur chiffre d'affaires à 1,4 milliard de francs. Toutefois, cette performance reste relative, car elle s'inscrit dans un marché mondial lui-même en forte croissance (plus de 25 % par an) et où la concurrence fait rage. La puissance des firmes étrangères, qui assurent près de 70 % des livraisons, impose une ' taille critique ' en-deçà de laquelle l'espérance de rentabilité reste très faible, d'autant que l'atomisation de la clientèle nécessite des efforts commerciaux toujours plus importants. Pour y faire face, la Dieli (Direction des industries électroniques et de l'informatique), chargée du pilotage du plan gouvernemental, a identifié six entreprises susceptibles de bénéficier de la manne étatique : Logabax, Pyral, Syntra/Transac, G3S, Intertechnique/IER et Benson, dont les gammes complémentaires constituent un catalogue appréciable. La ' péri ' française peut ainsi envisager l'avenir avec sérénité, à condition de ne pas se laisser prendre au piège de l'assistanat. Il s'agira en effet d'être à même de se dégager de la tutelle de l'État une fois les objectifs atteints.
Preuve de la vitalité du marché de la mini-informatique, qui connaît un taux de croissance annuel de 30 à 40 %, 1977 aura été une année particulièrement faste en annonces de nouveaux ordinateurs. Dans de nombreux secteurs d'activité (simulation aéronautique, conception assistée par ordinateur, calcul scientifique...), la puissance d'un 32 bits est en effet devenue indispensable. L'arrivée de DEC, avec le VAX-11/780, aux côtés des leaders SEL et Interdata, n'a donc rien de surprenant en soi, et souligne, si besoin était, l'attrait qu'exerce la mini-informatique sur les constructeurs. Successeur du PDP 11, dont les qualités ne sont plus à démontrer, le VAX dispose d'une mémoire pouvant atteindre 2 mégaoctets. Face à ce nouvel arrivant, SEL fait valoir son importante bibliothèque logicielle, tandis qu'Interdata s'appuie sur son Megamini 8/32, à l'heure actuelle le plus performant du secteur. Quant à Control Data, il devrait introduire prochainement son PM 32 en Europe. Si un doute subsistait quant à l'avenir de la mini-informatique ?" dont le potentiel de marché est évalué à près d'un milliard de dollars pour 1980 ?", cette irruption des grands constructeurs se chargera de l'éliminer.
Avec le Système 34, IBM comble opportunément le ' creux ' de sa gamme, entre le 32, monoposte et premier système destiné aux petites entreprises, et la série 3, à l'architecture très hiérarchisée, et à classer parmi les grands systèmes. L'IBM 34 est composé d'une unité centrale (32, 48 ou 64 kilooctets) avec un lecteur enregistreur de minidisques, d'un ou deux disques fixes (jusqu'à 8,6, 13,2 ou 27,1 mégaoctets), d'une imprimante, et de 1 à 8 postes de travail constitués d'un ensemble clavier-écran pouvant être éloigné de 1 500 m de l'unité centrale. Il s'agirait donc d'une sorte de version multiposte du 32, garantissant aux utilisateurs de ce modèle une évolution au sein d'une même gamme. Mais le 34 vise également le marché des grandes entreprises ayant opté pour une informatique distribuée puisqu'il peut être connecté à la plupart des systèmes centraux existants. Dans cette configuration, la puissance du Système 34 ?" doté de quatre processeurs travaillant en parallèle qui lui procurent une puissance 8 fois supérieure à celle du Système 32 ?" lui permet d'être beaucoup moins dépendant du système central que les modèles 3/4, sortis il y a un an, avec lesquels il entre de facto en concurrence.
La présence d'un acteur français dans le ballet informatique mondial apparaît de plus en plus utopique. La création d'un nouveau groupe, associant Honeywell Bull à une CII au bord de la faillite, dernier épisode du feuilleton de notre compagnie nationale, ne doit en effet pas faire oublier le naufrage de cette dernière. CII-HB se contente en effet de sauver la face de l'ancien fleuron du plan calcul, qui perd désormais toute autonomie. Ce nouvel avatar de ' l'informatique à la française ' ne passe d'ailleurs pas inaperçu, et suscite des commentaires ironiques Outre-Atlantique. Ainsi, notre réputé confrère Datamation, annonçait dernièrement que ' le premier produit de la fusion de Honeywell Bull et CII serait un ordinateur haut de gamme réfrigéré par Château Lafite Rothschild 1951 '. CII-HB l'a immédiatement renvoyé à ces chères études en annoncant la poursuite de la série 77, lancée par Unidata. Ce qui, il faut le reconnaître, est la seule véritable bonne nouvelle sortie de ces grandes man?"uvres. Au moins pour les entreprises qui l'utilisent.
L'industrie française des périphériques ?" dite aussi péri-informatique ?" est-elle contrainte à vivre un temps sous perfusion pour pouvoir rivaliser avec ses concurrentes ? La mise en place de ' contrats de croissance ' entre l'État et les principaux constructeurs français de périphériques le laisse en tout cas supposer. Ces contrats aidés prévoient une large panoplie de mesures d'assistance (aide au financement des locations de matériel, à la recherche et au développement, octroi de marchés d'étude...) à destination des entreprises du secteur qui s'engagent en retour à mettre en place des plans de développement ambitieux et cohérents. La péri-informatique française n'est pourtant pas en crise, loin s'en faut. En six ans, les 25 sociétés françaises du secteur ont porté leur chiffre d'affaires à 1,4 milliard de francs. Toutefois, cette performance reste relative, car elle s'inscrit dans un marché mondial lui-même en forte croissance (plus de 25 % par an) et où la concurrence fait rage. La puissance des firmes étrangères, qui assurent près de 70 % des livraisons, impose une ' taille critique ' en-deçà de laquelle l'espérance de rentabilité reste très faible, d'autant que l'atomisation de la clientèle nécessite des efforts commerciaux toujours plus importants. Pour y faire face, la Dieli (Direction des industries électroniques et de l'informatique), chargée du pilotage du plan gouvernemental, a identifié six entreprises susceptibles de bénéficier de la manne étatique : Logabax, Pyral, Syntra/Transac, G3S, Intertechnique/IER et Benson, dont les gammes complémentaires constituent un catalogue appréciable. La ' péri ' française peut ainsi envisager l'avenir avec sérénité, à condition de ne pas se laisser prendre au piège de l'assistanat. Il s'agira en effet d'être à même de se dégager de la tutelle de l'État une fois les objectifs atteints.
Les minis prennent leur envol
Le 32 bits suscite les convoitises. Avalanche de nouveaux systèmes.Novembre 1977Preuve de la vitalité du marché de la mini-informatique, qui connaît un taux de croissance annuel de 30 à 40 %, 1977 aura été une année particulièrement faste en annonces de nouveaux ordinateurs. Dans de nombreux secteurs d'activité (simulation aéronautique, conception assistée par ordinateur, calcul scientifique...), la puissance d'un 32 bits est en effet devenue indispensable. L'arrivée de DEC, avec le VAX-11/780, aux côtés des leaders SEL et Interdata, n'a donc rien de surprenant en soi, et souligne, si besoin était, l'attrait qu'exerce la mini-informatique sur les constructeurs. Successeur du PDP 11, dont les qualités ne sont plus à démontrer, le VAX dispose d'une mémoire pouvant atteindre 2 mégaoctets. Face à ce nouvel arrivant, SEL fait valoir son importante bibliothèque logicielle, tandis qu'Interdata s'appuie sur son Megamini 8/32, à l'heure actuelle le plus performant du secteur. Quant à Control Data, il devrait introduire prochainement son PM 32 en Europe. Si un doute subsistait quant à l'avenir de la mini-informatique ?" dont le potentiel de marché est évalué à près d'un milliard de dollars pour 1980 ?", cette irruption des grands constructeurs se chargera de l'éliminer.
Technologie : l'IBM 34, ou le multiposte pour PME
Une solution à cheval entre petits et grands systèmes. IBM étoffe astucieusement sa gamme.Novembre 1977Avec le Système 34, IBM comble opportunément le ' creux ' de sa gamme, entre le 32, monoposte et premier système destiné aux petites entreprises, et la série 3, à l'architecture très hiérarchisée, et à classer parmi les grands systèmes. L'IBM 34 est composé d'une unité centrale (32, 48 ou 64 kilooctets) avec un lecteur enregistreur de minidisques, d'un ou deux disques fixes (jusqu'à 8,6, 13,2 ou 27,1 mégaoctets), d'une imprimante, et de 1 à 8 postes de travail constitués d'un ensemble clavier-écran pouvant être éloigné de 1 500 m de l'unité centrale. Il s'agirait donc d'une sorte de version multiposte du 32, garantissant aux utilisateurs de ce modèle une évolution au sein d'une même gamme. Mais le 34 vise également le marché des grandes entreprises ayant opté pour une informatique distribuée puisqu'il peut être connecté à la plupart des systèmes centraux existants. Dans cette configuration, la puissance du Système 34 ?" doté de quatre processeurs travaillant en parallèle qui lui procurent une puissance 8 fois supérieure à celle du Système 32 ?" lui permet d'être beaucoup moins dépendant du système central que les modèles 3/4, sortis il y a un an, avec lesquels il entre de facto en concurrence.
Marché : CII?"Honeywell Bull, mariage de raison
Juin 1976La présence d'un acteur français dans le ballet informatique mondial apparaît de plus en plus utopique. La création d'un nouveau groupe, associant Honeywell Bull à une CII au bord de la faillite, dernier épisode du feuilleton de notre compagnie nationale, ne doit en effet pas faire oublier le naufrage de cette dernière. CII-HB se contente en effet de sauver la face de l'ancien fleuron du plan calcul, qui perd désormais toute autonomie. Ce nouvel avatar de ' l'informatique à la française ' ne passe d'ailleurs pas inaperçu, et suscite des commentaires ironiques Outre-Atlantique. Ainsi, notre réputé confrère Datamation, annonçait dernièrement que ' le premier produit de la fusion de Honeywell Bull et CII serait un ordinateur haut de gamme réfrigéré par Château Lafite Rothschild 1951 '. CII-HB l'a immédiatement renvoyé à ces chères études en annoncant la poursuite de la série 77, lancée par Unidata. Ce qui, il faut le reconnaître, est la seule véritable bonne nouvelle sortie de ces grandes man?"uvres. Au moins pour les entreprises qui l'utilisent.
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