1988-89. L'AS/400 voit grand
Les séries 36 et 38 connaissent leurs remplaçants. IBM veut reconquérir le créneau de la mini-informatique de gestion. Une gamme de six modèles.
Juin 1988
IBM a décidé de frapper un grand coup. Plus de cinq mille personnes étaient réunies au Zenith ?" et près de 100 000 à travers le monde ?" pour assister à la grand-messe du lancement de son dernier-né : l'AS/400. Matérialisation de la volonté d'IBM de ne pas lâcher prise dans le secteur de la mini-informatique, dominée par DEC, la gamme AS/400 ne manque pas d'atouts : télémaintenance, outils bureautiques intégrés, interface utilisateur simplifiée et, surtout, plus de 1 000 logiciels de gestion viennent enrichir les six machines qui la composent. Il est vrai que le créneau connaît une croissance annuelle de 15 à 20 % et représente un marché estimé par le constructeur à 250 milliards de francs. Si un grand pas vers la convivialité et la connectivité a incontestablement été franchi, en revanche, la révolution technologique n'est pas au rendez-vous. Les progrès, certes visibles, réalisés en comparaison aux séries 36 et 38, vieilles respectivement de cinq et dix ans, semblent peu importants pour un produit que le constructeur veut inscrire dans l'avenir, et auquel il a apporté tant de soin. La ' dynastie ' AS/400 se compose de six modèles, du B 10 au B 60, bénéficiant d'une mémoire allant de 4 à 96 Mo, d'une capacité de stockage atteignant 27 Go et qui peuvent gérer jusqu'à 480 postes de travail. Signe de l'orientation ' gestion ' de cette nouvelle gamme, ses performances ne sont pas quantifiées en Mips, mais en nombre de transactions par heure. Le B 60, haut de la gamme, est ainsi capable de traiter 38 950 transactions/heure, contre 6 350 pour le B 10. Choix étonnant : l'ouverture à d'autres mondes, internes à IBM ou bien à des standards comme Unix, n'est pas envisagée pour l'instant. Les compagnies à la recherche d'indépendance vis-à-vis de leur fournisseur sont prévenues.
L'heure de l'apparition de standards logiciels serait-elle enfin venue ? À l'heure actuelle, près de 85 % des systèmes d'exploitation utilisés sont en effet au standard MS-DOS de Microsoft, les systèmes proposés par Apple n'équipant que 10 % du marché, et les différentes versions d'Unix moins de 1 %. Cette suprématie se reflète par rebond sur la plupart des applications bureautiques. Dans le domaine des gestionnaires de fenêtres, par exemple, Windows équipe à lui seul le quart des postes fonctionnant avec MS-DOS, tandis que le tableur Excel caracole en tête des ventes, loin devant Supercalc, Lotus 1.2.3 et le vieillissant Multiplan. Mais cette domination commerciale ne reflète pas, loin s'en faut, l'appréciation des utilisateurs. L'enquête de satisfaction menée par 01 montre en effet qu'au sein de la population informatique, les logiciels dominants ne jouissent pas toujours d'une estime béate. Dans le domaine des traitements de texte, par exemple, où, là encore, Microsoft Word se taille la part du lion, c'est son concurrent Sprint, de Borland, qui jouit de la popularité la plus forte avec une note moyenne de 7,74 contre 7,4 à Word, qui ne se classe qu'en troisième position. Borland s'impose également parmi les logiciels gestionnaires de fichiers et graphiques de gestion, où son autre produit phare, Paradox, récolte l'essentiel des suffrages (avec une note de 8,27), loin devant dBase et RBase. Sur un marché de plus en plus dense, Microsoft profite donc pleinement de l'avantage concurrenciel que lui confère son partenariat avec le numéro un mondial.
Le Réseau numérique à intégration de services (RNIS) français, baptisé Numéris, a été inauguré officiellement par Paul Quilès, ministre des Postes, des Télécommunications et de l'Espace, à la Cité des sciences et de l'industrie de La Villette. Cette mise en service, qui représente la dernière étape de la numérisation des infrastructures de télécommunications, permet d'établir une communication numérique de bout en bout sur le réseau téléphonique. Deux canaux B de transmission à 64 kbit/s (pour la voix et les données) et un canal D de signalisation à 16 kbit/s sont d'ores et déjà disponibles dans l'accès de base. Dès l'année prochaine, des amménagements porteront le débit utile à 2 Mbit/s, ce qui permettra de répondre aux besoins des grosses installations, comme ceux des commutateurs privés numériques des entreprises (PABX). Le calendrier de déploiement de Numéris est donc respecté, ce qui place la France en tête du peloton des pays industrialisés sur ce point. Numéris devance notamment de plusieurs mois les projets en cours en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Une avance appréciable dans le déploiement d'une technologie appelée à jouer un rôle majeur au cours de la prochaine décennie.
Qui raflera la mise Unix ? La bataille fait rage entre deux consortiums, chacun ambitionnant de faire de sa version du système d'exploitation le standard sur un marché d'un million de plates-formes. D'un côté, AT&T, le géant des télécoms, entend capitaliser sur la version 4.0 d'Unix System V, l'OS qui équipe aujourd'hui 90 % des stations Unix ; de l'autre, la fondation OSF (pour Open Software Foundation), conglomérat d'une dizaine de constructeurs, qui conteste la mainmise d'AT&T sur le marché. Mais derrière cette opposition de principe se cache un véritable enjeu industriel. OSF/1, la première version de l'OS développé par OSF, qui est attendue pour le début de l'année 1990, repose en effet sur un noyau AIX, développé par IBM. Or, on voit mal comment AT&T pourrait accepter qu'Unix, sa pièce maîtresse dans le bras de fer qu'elle mène avec Big Blue, puisse être associée d'une façon ou d'une autre avec AIX. La solution pourrait venir d'une ' révolte des petits ', qui exclurait IBM de la partie, pour le bénéfice commun. Un fort courant au sein de l'OSF milite en effet pour l'abandon du noyau AIX au profit de la technologie MACH, qui a déjà fait ses preuves dans les stations Next. Des mouvements sont donc certainement à venir au sein de la fondation, qui aura sans doute du mal à conserver son unité. Pendant ce temps, System V 4.0, déjà disponible, continue d'engranger des parts de marché...
IBM a décidé de frapper un grand coup. Plus de cinq mille personnes étaient réunies au Zenith ?" et près de 100 000 à travers le monde ?" pour assister à la grand-messe du lancement de son dernier-né : l'AS/400. Matérialisation de la volonté d'IBM de ne pas lâcher prise dans le secteur de la mini-informatique, dominée par DEC, la gamme AS/400 ne manque pas d'atouts : télémaintenance, outils bureautiques intégrés, interface utilisateur simplifiée et, surtout, plus de 1 000 logiciels de gestion viennent enrichir les six machines qui la composent. Il est vrai que le créneau connaît une croissance annuelle de 15 à 20 % et représente un marché estimé par le constructeur à 250 milliards de francs. Si un grand pas vers la convivialité et la connectivité a incontestablement été franchi, en revanche, la révolution technologique n'est pas au rendez-vous. Les progrès, certes visibles, réalisés en comparaison aux séries 36 et 38, vieilles respectivement de cinq et dix ans, semblent peu importants pour un produit que le constructeur veut inscrire dans l'avenir, et auquel il a apporté tant de soin. La ' dynastie ' AS/400 se compose de six modèles, du B 10 au B 60, bénéficiant d'une mémoire allant de 4 à 96 Mo, d'une capacité de stockage atteignant 27 Go et qui peuvent gérer jusqu'à 480 postes de travail. Signe de l'orientation ' gestion ' de cette nouvelle gamme, ses performances ne sont pas quantifiées en Mips, mais en nombre de transactions par heure. Le B 60, haut de la gamme, est ainsi capable de traiter 38 950 transactions/heure, contre 6 350 pour le B 10. Choix étonnant : l'ouverture à d'autres mondes, internes à IBM ou bien à des standards comme Unix, n'est pas envisagée pour l'instant. Les compagnies à la recherche d'indépendance vis-à-vis de leur fournisseur sont prévenues.
La bataille du logiciel
Fort de son partenariat avec IBM, Microsoft domine le marché. Mais Borland n'a pas dit son dernier mot.Septembre 1988L'heure de l'apparition de standards logiciels serait-elle enfin venue ? À l'heure actuelle, près de 85 % des systèmes d'exploitation utilisés sont en effet au standard MS-DOS de Microsoft, les systèmes proposés par Apple n'équipant que 10 % du marché, et les différentes versions d'Unix moins de 1 %. Cette suprématie se reflète par rebond sur la plupart des applications bureautiques. Dans le domaine des gestionnaires de fenêtres, par exemple, Windows équipe à lui seul le quart des postes fonctionnant avec MS-DOS, tandis que le tableur Excel caracole en tête des ventes, loin devant Supercalc, Lotus 1.2.3 et le vieillissant Multiplan. Mais cette domination commerciale ne reflète pas, loin s'en faut, l'appréciation des utilisateurs. L'enquête de satisfaction menée par 01 montre en effet qu'au sein de la population informatique, les logiciels dominants ne jouissent pas toujours d'une estime béate. Dans le domaine des traitements de texte, par exemple, où, là encore, Microsoft Word se taille la part du lion, c'est son concurrent Sprint, de Borland, qui jouit de la popularité la plus forte avec une note moyenne de 7,74 contre 7,4 à Word, qui ne se classe qu'en troisième position. Borland s'impose également parmi les logiciels gestionnaires de fichiers et graphiques de gestion, où son autre produit phare, Paradox, récolte l'essentiel des suffrages (avec une note de 8,27), loin devant dBase et RBase. Sur un marché de plus en plus dense, Microsoft profite donc pleinement de l'avantage concurrenciel que lui confère son partenariat avec le numéro un mondial.
Réseaux : le RNIS est français
Novembre 1988Le Réseau numérique à intégration de services (RNIS) français, baptisé Numéris, a été inauguré officiellement par Paul Quilès, ministre des Postes, des Télécommunications et de l'Espace, à la Cité des sciences et de l'industrie de La Villette. Cette mise en service, qui représente la dernière étape de la numérisation des infrastructures de télécommunications, permet d'établir une communication numérique de bout en bout sur le réseau téléphonique. Deux canaux B de transmission à 64 kbit/s (pour la voix et les données) et un canal D de signalisation à 16 kbit/s sont d'ores et déjà disponibles dans l'accès de base. Dès l'année prochaine, des amménagements porteront le débit utile à 2 Mbit/s, ce qui permettra de répondre aux besoins des grosses installations, comme ceux des commutateurs privés numériques des entreprises (PABX). Le calendrier de déploiement de Numéris est donc respecté, ce qui place la France en tête du peloton des pays industrialisés sur ce point. Numéris devance notamment de plusieurs mois les projets en cours en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Une avance appréciable dans le déploiement d'une technologie appelée à jouer un rôle majeur au cours de la prochaine décennie.
Technologie : Unix, l'heure est aux grandes man?"uvres
OSF s'oppose à AT&T. L'implication d'IBM complique la donne. Qui définira le standard du marché ?Octobre 1989Qui raflera la mise Unix ? La bataille fait rage entre deux consortiums, chacun ambitionnant de faire de sa version du système d'exploitation le standard sur un marché d'un million de plates-formes. D'un côté, AT&T, le géant des télécoms, entend capitaliser sur la version 4.0 d'Unix System V, l'OS qui équipe aujourd'hui 90 % des stations Unix ; de l'autre, la fondation OSF (pour Open Software Foundation), conglomérat d'une dizaine de constructeurs, qui conteste la mainmise d'AT&T sur le marché. Mais derrière cette opposition de principe se cache un véritable enjeu industriel. OSF/1, la première version de l'OS développé par OSF, qui est attendue pour le début de l'année 1990, repose en effet sur un noyau AIX, développé par IBM. Or, on voit mal comment AT&T pourrait accepter qu'Unix, sa pièce maîtresse dans le bras de fer qu'elle mène avec Big Blue, puisse être associée d'une façon ou d'une autre avec AIX. La solution pourrait venir d'une ' révolte des petits ', qui exclurait IBM de la partie, pour le bénéfice commun. Un fort courant au sein de l'OSF milite en effet pour l'abandon du noyau AIX au profit de la technologie MACH, qui a déjà fait ses preuves dans les stations Next. Des mouvements sont donc certainement à venir au sein de la fondation, qui aura sans doute du mal à conserver son unité. Pendant ce temps, System V 4.0, déjà disponible, continue d'engranger des parts de marché...
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