2004-06. Le logiciel libre gagne ses lettres de noblesse
Ses avantages indéniables en font une solution crédible pour les entreprises. Le nouvel intérêt du monde propriétaire. Les SSLL sont-elles en danger ?
Mars 2004
Longtemps cantonné à une communauté de développeurs aussi passionnés que spécialistes, le logiciel libre s'est désormais imposé au sein des directions informatiques. Fort d'avantages non négligeables, tant en termes de coûts que de performances, cet univers logiciel a su séduire les grands comptes, traditionnellement acquis aux solutions propriétaires. Les économies à l'achat réalisées grâce aux logiciels libres sont en effet comprises entre 10 et 50 % selon le projet, et la plupart d'entre eux nécessitent des configurations matérielles standards, moins puissantes que leurs concurrents propriétaires. Mais le principal gisement d'économies est à chercher dans L'effervescence qui entoure les logiciels libres gagne peu à peu le monde propriétaire. la maintenance, particulièrement allégée pour des logiciels qui ont fait de leur fiabilité une marque de reconnaissance. Selon IBM Global Services, la migration vers un logiciel libre divise le coût d'indisponibilité par 3,5 et réduit de coût de possession de 56 % sur trois ans. Quant à la maintenance évolutive des solutions, elle est aisément déportée sur une communauté de développeurs particulièrement active.
Après deux années de crise, qui ont entraîné une réduction drastique des effectifs, les projets informatiques redémarrent enfin. D'après l'Apec, le secteur informatique est, à lui seul, à l'origine de 30 % des offres d'emploi de cadres publiées en 2005. Nouveauté par rapport à 2004, durant laquelle seuls les profils très qualifiés étaient recrutés, cette vague d'embauche concerne indifféremment tous les acteurs du monde informatique. Néanmoins, malgré cette nette reprise, le taux de chômage sectoriel reste compris entre 8 et 8,5 %, soit le double de la moyenne des cadres. D'autre part, si les SSII embauchent à tour de bras - elles représentent 70 % des recrutements - il n'en va pas de même chez les fournisseurs : en début d'année, Oracle a prévu 5 000 suppressions d'emploi, en grande partie chez Peoplesoft, Sun 3 600, et IBM 13 500. L'Europe subit ainsi de plein fouet la nouvelle concurrence des pays émergents, en particulier dans les domaines de l'assistance technique, de la maintenance et de la production informatique.
Les entreprises semblent avoir pris la mesure de la nécessaire sécurisation de leur système d'information. Selon une étude du cabinet Datamonitor, les dépenses en sécurité dans le monde ont atteint 7,1 milliards de dollars en 2002, et elles devraient pratiquement doubler d'ici à 2006. En France, la protection des données sensibles figure désormais parmi les premières préoccupations des directions générales, qui matérialisent cette prise de conscience en allouant une part croissante de leur budget à la sécurité. La fonction de responsable de la sécurité des systèmes informatiques (RSSI) a quant à elle tendance à se généraliser. Mais cette dernière peine encore à trouver sa place dans l'organigramme de décision. Une large majorité des RSSI estime ainsi ne pas être à même de mener sa mission convenablement, et 80 % jugent même leur tâche irréalisable en raison d'un manque de budget ou de temps. Une statistique illustre parfaitement l'isolement inquiétant des RSSI en France : 15 % des responsables sécurité interrogés ignorent si leur entreprise a eu à déplorer un arrêt de la messagerie au cours de l'année.
Le potentiel d'XML aurait-il été surestimé ? Présenté comme la panacée des échanges électroniques interentreprises, le langage tarde, quatre ans après son apparition, à s'imposer comme une référence. Face à lui, le quadragénaire Edifact, fort d'années de développements et d'une base installée incomparable, règne toujours en maître. De fait, sur les 1 850 sociétés interrogées dans le cadre de l'observatoire Edifrance, seules 30 % recourent à XML. Et encore, dans un cadre très restreint, lié au Web-EDI, qui permet d'injecter des informations en XML dans les systèmes EDI en place. Pourquoi le nouveau venu rencontre-t-il de telles difficultés ? Tout d'abord parce que sa valeur ajoutée face à Edifact n'est pas encore démontrée. Ensuite parce que sa principale qualité, sa souplesse, constitue également son plus gros handicap. En l'absence de dictionnaire métier pour structurer la sémantique des messages, les entreprises désireuses d'adopter XML sont contraintes à des développements spécifiques, longs et coûteux. Ce frein devrait néanmoins disparaître lorsque les normes en cours de définition seront arrivées à maturité. Les entreprises l'ont d'ailleurs bien compris, qui ne rejettent pas a priori XML, mais préfèrent en repousser l'adoption à l'horizon 2006.
Longtemps cantonné à une communauté de développeurs aussi passionnés que spécialistes, le logiciel libre s'est désormais imposé au sein des directions informatiques. Fort d'avantages non négligeables, tant en termes de coûts que de performances, cet univers logiciel a su séduire les grands comptes, traditionnellement acquis aux solutions propriétaires. Les économies à l'achat réalisées grâce aux logiciels libres sont en effet comprises entre 10 et 50 % selon le projet, et la plupart d'entre eux nécessitent des configurations matérielles standards, moins puissantes que leurs concurrents propriétaires. Mais le principal gisement d'économies est à chercher dans L'effervescence qui entoure les logiciels libres gagne peu à peu le monde propriétaire. la maintenance, particulièrement allégée pour des logiciels qui ont fait de leur fiabilité une marque de reconnaissance. Selon IBM Global Services, la migration vers un logiciel libre divise le coût d'indisponibilité par 3,5 et réduit de coût de possession de 56 % sur trois ans. Quant à la maintenance évolutive des solutions, elle est aisément déportée sur une communauté de développeurs particulièrement active.
Une offre bientôt mature
Autant d'avantages trop tangibles pour échapper aux principaux acteurs du marché, qui prennent aujourd'hui le logiciel libre très au sérieux. L'enthousiasme de l'administration et du secteur public ?" précurseurs dans l'adoption de solutions open source ?" les y a d'ailleurs encouragés. Conséquence de ce nouvel engouement, l'offre disponible s'est considérablement étoffée, et couvre désormais la plupart des besoins courants. Toutefois, comme le rappelle Pierre Pezziardi, directeur technique d'Octo Technology, ' Il n'y a pas de SAP du libre, ni de bases de données dignes de ce nom. ' Néanmoins, il y a fort à parier que ces ' trous noirs ' applicatifs seront rapidement comblés par l'arrivée des grands éditeurs traditionnels. Oracle, IBM ou Novell notamment, ont largement investi dans le libre au cours des dernières années, entraînant dans leur sillage les principales SSII.Les SSLL, pionniers convoités
Les sociétés de service en logiciel libre (SSLL) , qui ont longtemps été les principales animatrices du marché, considèrent l'arrivée de ces mastodontes avec une relative inquiétude. Certes, leur expérience, la spécialisation de leurs ressources et leurs importants investissements dans des projets de R&D open source en font, pour l'heure, des acteurs incontournables. Cap Gemini-Ernst&Young s'est ainsi récemment allié avec la SSLL Nuxeo pour répondre à un appel d'offres lancé par le ministère de l'intérieur. L'attitude des grands éditeurs à leur égard est plus agressive, ceux-ci débauchant à prix d'or leurs meilleurs éléments. Malgré leur expertise, les SSLL pourraient bien être les premières victimes de cette mise en branle du marché, elles qui n'ont ni la taille critique pour mener à bien des projets complexes, ni les gages de pérennité pour démarcher seules grands comptes et administrations.L'emploi repart, partiellement
La crise passée, les embauches s'accélèrent. Des menaces à long terme.Novembre 2005Après deux années de crise, qui ont entraîné une réduction drastique des effectifs, les projets informatiques redémarrent enfin. D'après l'Apec, le secteur informatique est, à lui seul, à l'origine de 30 % des offres d'emploi de cadres publiées en 2005. Nouveauté par rapport à 2004, durant laquelle seuls les profils très qualifiés étaient recrutés, cette vague d'embauche concerne indifféremment tous les acteurs du monde informatique. Néanmoins, malgré cette nette reprise, le taux de chômage sectoriel reste compris entre 8 et 8,5 %, soit le double de la moyenne des cadres. D'autre part, si les SSII embauchent à tour de bras - elles représentent 70 % des recrutements - il n'en va pas de même chez les fournisseurs : en début d'année, Oracle a prévu 5 000 suppressions d'emploi, en grande partie chez Peoplesoft, Sun 3 600, et IBM 13 500. L'Europe subit ainsi de plein fouet la nouvelle concurrence des pays émergents, en particulier dans les domaines de l'assistance technique, de la maintenance et de la production informatique.
Sécurité : un budget à la hausse
Octobre 2004Les entreprises semblent avoir pris la mesure de la nécessaire sécurisation de leur système d'information. Selon une étude du cabinet Datamonitor, les dépenses en sécurité dans le monde ont atteint 7,1 milliards de dollars en 2002, et elles devraient pratiquement doubler d'ici à 2006. En France, la protection des données sensibles figure désormais parmi les premières préoccupations des directions générales, qui matérialisent cette prise de conscience en allouant une part croissante de leur budget à la sécurité. La fonction de responsable de la sécurité des systèmes informatiques (RSSI) a quant à elle tendance à se généraliser. Mais cette dernière peine encore à trouver sa place dans l'organigramme de décision. Une large majorité des RSSI estime ainsi ne pas être à même de mener sa mission convenablement, et 80 % jugent même leur tâche irréalisable en raison d'un manque de budget ou de temps. Une statistique illustre parfaitement l'isolement inquiétant des RSSI en France : 15 % des responsables sécurité interrogés ignorent si leur entreprise a eu à déplorer un arrêt de la messagerie au cours de l'année.
Langages : le XML se cherche encore
Malgré de belles promesses, le langage peine à s'imposer. Edifact conserve la préférence des entreprises.Janvier 2005Le potentiel d'XML aurait-il été surestimé ? Présenté comme la panacée des échanges électroniques interentreprises, le langage tarde, quatre ans après son apparition, à s'imposer comme une référence. Face à lui, le quadragénaire Edifact, fort d'années de développements et d'une base installée incomparable, règne toujours en maître. De fait, sur les 1 850 sociétés interrogées dans le cadre de l'observatoire Edifrance, seules 30 % recourent à XML. Et encore, dans un cadre très restreint, lié au Web-EDI, qui permet d'injecter des informations en XML dans les systèmes EDI en place. Pourquoi le nouveau venu rencontre-t-il de telles difficultés ? Tout d'abord parce que sa valeur ajoutée face à Edifact n'est pas encore démontrée. Ensuite parce que sa principale qualité, sa souplesse, constitue également son plus gros handicap. En l'absence de dictionnaire métier pour structurer la sémantique des messages, les entreprises désireuses d'adopter XML sont contraintes à des développements spécifiques, longs et coûteux. Ce frein devrait néanmoins disparaître lorsque les normes en cours de définition seront arrivées à maturité. Les entreprises l'ont d'ailleurs bien compris, qui ne rejettent pas a priori XML, mais préfèrent en repousser l'adoption à l'horizon 2006.
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