40 ans d'Inria

L'Inria, c'est une histoire française assez typique. L'Institut de recherche en informatique et en automatique (il ne devint national qu'à la fin des années soixante-dix) est né dans la confusion. Voulu par
le généralde Gaulle en réaction à la domination des États-Unis sur le domaine, mais ballotté entre les intérêts de l'État, la méfiance des industriels, l'incompréhension générale à l'égard de l'informatique naissante,
l'Institut s'est parfois trouvé menacé dans son existence même. Avant de s'imposer comme un des grands lieux mondiaux de la recherche en informatique. Mais, au prix de quelles errances.Lors de sa création, l'Inria devait d'abord aider les industriels français à développer des systèmes, alors que les États-Unis, avec IBM en tête, dominaient le marché. Échec complet, la France n'a jamais réussi à
percer dans le domaine. Heureusement, une poignée de brillants chercheurs ont très tôt compris que les vrais enjeux se tenaient du côté des logiciels et des réseaux. Et la France a même failli inventer Internet (*). Eh oui ! Inspirée par
l'exemple d'Arpanet alors en développement outre-Atlantique,une équipe de l'Inria, menée parLouis Pouzin, crée Cyclades en 1973,un réseau par commutation de paquets basé sur des datagrammes,le premier mondial, dont bien des
caractéristiques se retrouveront par la suite dans l'élaboration d'Internet et particulièrement du protocole TCP/IP.Mais en France, que croyez-vous qu'il arriva ? On choisit de privilégier Transpac/X.25, développé par les Postes et Télécommunications, et désormais au musée des technologies réseau. L'exemple a-t-il porté ?
Depuis la fin des années quatre-vingt-dix, la France semble s'être rendu compte qu'elle possédait une belle machine à inventer de l'informatique, et a décidé de donner plus de poids à l'Inria.Allez, on ne ratera pas une
deuxième fois Internet.(*) ' Histoire d'un pionnier de l'informatique, 40 ans de recherche à l'Inria ', EDP Sciences.(*) Rédacteur en chef
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