Les centres de services qui ont véritablement émergé au sortir de la crise de 2001 n'ont pas fait le plein. Vice-président d'Atos Origin Intégration et membre du comité économique de Syntec Informatique, Gérald de Heredia
constate même une accélération de leur développement depuis douze à dix-huit mois.
' Pression sur les prix, engagements au forfait, écarts de salaires et de loyers entre Paris et la province... Les facteurs qui ont
présidé à l'essor des centres sont plus que jamais d'actualité. 'Unilog LogicaCMG, qui, d'ici à la fin de l'année, emploiera près de 700 salariés au sein de ses trois centres, devrait ainsi en compter 2 000 en fin 2009 avec deux nouveaux sites, à Nantes et, probablement,
Toulouse.L'essor de l'offshore ne contrarie pas le développement des centres en régions. Sur le principe du
' global delivery model ' - ou modèle de livraison de services global -, les
ténors du service entendent proposer la meilleure compétence au meilleur coût, où quelle se trouve. Au sein de cette organisation mondiale du travail, les centres en régions jouent la carte de la proximité, fournissant des services d'assistance à la
maîtrise d'ouvrage et de pilotage de projets.Pour autant, les centres ne pourront grossir ad vitam aeternam. Ils dépassent rarement les 400 collaborateurs afin d'offrir souplesse et réactivité. Par ailleurs, les métropoles proposant les infrastructures d'accès et le bassin
d'emploi ad hoc sont en nombre limité.
Des enjeux liés à la certification CMMI
Toutes les grandes SSII se sont lancées dans des programmes qualité reposant sur le modèle d'évaluation CMMI. Portant sur les hommes, celui-ci exige des salariés concernés - chefs de projet et architectes, en premier lieu - un
important investissement. En contrepartie, il valorise un parcours, et sa mention peut faire la différence sur un CV.L'objectif généralement déclaré est d'atteindre les niveaux 2 ou 3. Un stade de maturité qui, selon Gérald de Heredia, apporte des gains significatifs. Compte tenu du coût financier extrêmement lourd d'une telle démarche,
l'intérêt de pousser jusqu'aux niveaux 4 ou 5 ne se justifie que dans le cadre d'une activité critique, tel le spatial, ou pour accompagner une entreprise cliente sur cette voie.Unilog entend, lui, porter à terme ses centres régionaux au niveau 5 afin de les mettre au diapason des sites nearshore et offshore du groupe.
' Les collaborateurs en centre peuvent être amenés à
travailler avec leurs homologues marocains ou indiens ', précise Jean-Pierre Parra, membre du comité exécutif d'Unilog, en charge de la direction du
' global service delivery '
(GSD) sur le marché français. Ce qui suppose des aptitudes de pilotage de projets à distance et la maîtrise de l'anglais.
Des métiers porteurs émergent
S'il reste encore de la place pour des techniciens - la proportion de bacs + 5 et de bacs + 2 ou 3 chez les débutants est de 70/30 chez GFI -, on assiste à une élévation du niveau de compétences. Le travail en centre peut
s'avérer très formateur.
' Développer en solo est une chose ; développer en équipe en est une autre, observe Christophe Chauvin, directeur industriel pour les activités d'intégration de systèmes chez GFI.
En centre, il s'agit de travailler en mode sédentaire dans le cadre de projets au forfait sous contraintes. 'De nouveaux métiers apparaissent aussi dans les centres de services. Ainsi le
' transition manager ', chargé de prendre une application et de la porter dans l'environnement. Autre
métier phare : l'expert technique. Ce peut être un architecte ou un spécialiste des tests intervenant simultanément sur plusieurs projets, surtout en phase de lancement. Selon Gérald de Heredia, faire carrière en tant que spécialiste n'est pas,
comme d'aucuns le prétendent, une voie de garage.
' Les effectifs en centre changent régulièrement de poste, et nous prônons la polyvalence des collaborateurs. 'Mobilité fonctionnelle, mais aussi géographique. Le flux ne circule pas dans le seul sens Ile-de-France-province.
' Des jeunes qui ont appris le métier, les outils, et les méthodologies en centre ont
poursuivi leur carrière sur Paris ', assure Jean-Pierre Parra. Des échanges peuvent aussi avoir lieu au sein d'une même région entre un centre et les équipes en agence. Reste la possibilité de s'ouvrir aux clients pour des
missions d'expertise ou d'assistance à la spécification.
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