Adobe parie sur la 3D pour séduire les grandes entreprises
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Avec son logiciel Acrobat 3D, Adobe franchit un nouveau cap dans la publication et l'échange de documents incluant des vues en trois dimensions. Un domaine collaboratif où les rois de la conception assistée par ordinateur (CAO) font encore payer cher leurs spécificités.
Comment échanger des informations ou de la documentation entre fournisseurs et fabricants sans passer par la 3D ? Les grands fabricants de l'aéronautique et ceux de l'automobile utilisent déjà les outils de collaboration proposés par Dassault Systèmes, PTC, UGS et quelques autres spécialistes. Un bon moyen pour ces éditeurs de profiter d'un phénomène de standardisation autour de leurs plates-formes collaboratives pour montrer leur savoir-faire chez les sous-traitants des grands industriels.
Bousculer les poids lourds de la CAO
Mais à l'heure où la plupart des logiciels de CAO, dans tous les secteurs de l'industrie, sont devenus plus accessibles sous la pression du logiciel libre, miser sur un format commun d'échange sur le papier et le web devenait crédible. D'ailleurs, des outils de conversion gratuits existaient déjà. Et c'est là qu'Adobe Systems intervient en poussant son format PDF, désormais ouvert aux objets 3D. Jusque-là, Autocad menait la danse. Il a tenté de faire évoluer son format 2D quasi universel DXF en un format web universel DWF (Design web format), mais pour l'instant sans grand succès. Adobe et Autocad s'entendent néanmoins très bien, et leurs véritables concurrents sont plutôt les poids lourds de la CAO.Pour améliorer les performances de son format PDF, Adobe a racheté l'éditeur français Okyz, connu dans l'aéronautique pour ses outils de collaboration, et a passé un accord de licence avec l'éditeur Right Hemisphere pour utiliser sa technologie de visualisation 3D. Acrobat 3D intègre ainsi Deep Exploration, qui transforme des fichiers de CAO en documents plus légers au format U3D. Des modules de manipulation de fichiers graphiques et de recherche sont également inclus. Ils permettent d'exporter des fichiers dans près de quatre-vingts formats.De son côté, Right Hemisphere continuera à vendre son outil de publication Deep Publish, qui, comme Acrobat 3D, autorise l'insertion de documents 3D dans des applications Microsoft telles que PowerPoint ou Word. À noter qu'Adobe utilise aussi des translateurs provenant de la société lyonnaise TTF. Grâce au moteur de règles Adobe Policy Server auquel Acrobat 3D est accouplé, il est facile d'ajouter des signatures, identifier les sources et chiffrer les documents, afin qu'ils deviennent illisibles pour des sources extérieures non autorisées.
Un taux de compression supérieur
Bien sûr, la force du format PDF est d'être déjà apte à véhiculer des documents 3D, ce qui permet de récupérer des fichiers OpenGL qui peuvent être immédiatement transférés sans acheter de nouveaux logiciels. Interrogé sur le poids des fichiers 3D dès qu'ils sont intégrés dans le format Acrobat, Christophe Marée, responsable produit Acrobat d'Adobe, précise qu'on atteint un taux de compression largement supérieur à ce qui se fait dans le mode du logiciel gratuit.Dans ce domaine, le format JT poussé par UGS et le format 3DXML de Dassault, qui commencent à être intégrés dans les outils de PGI comme SAP, ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Mais il est certain que les outils collaboratifs de Dassault vont souffrir de la comparaison tarifaire. Un bon point pour l'utilisateur final qui verra enfin dans les nouveaux formats PDF une sorte d'espéranto de la CAO.