Airbus unifie son PLM au niveau européen

Pour son programme A350, Airbus peut enfin compter sur une plate-forme européenne unique. Fruit du projet Phenix, ce PLM unifié donne à l'avionneur un avantage sur son concurrent Boeing : le temps réel.

Airbus a achevé la troisième phase de son grand déploiement PLM, le projet Phenix. Un programme lancé alors que l’avionneur traversait les pires difficultés à boucler son programme A380. Aujourd’hui, l’A350 est le premier à s’appuyer sur l’architecture cible imaginée à l’époque.
« Lorsque nous avons conçu l’A380, il n’était pas possible de travailler sur des processus communs. Chaque pays avait sa propre base de données produits. Nous en avons payé le prix », se souvient Pierre Panfili, responsable du développement et du déploiement de la plate-forme PLM du programme A350. On se souvient que la construction des premiers exemplaires de l’A380, l’avion géant d’Airbus, avait été particulièrement difficile : le câblage de l’avion avait posé des problèmes critiques, au point de retarder le lancement commercial de l’appareil de deux ans ! En effet, la France et le Royaume-Uni utilisait le logiciel de CAO Cadds5, l’Allemagne avait basculé sous Catia, et chaque pays disposait de sa propre base de données (Optegra PDM de Computervision pour les uns, VPM pour les autres, Windchill PDMlink 6 de PTC pour tous). « Nous avions sous-estimé l’importance de l’électricité et nous avons dû déconnecter des milliers de mètres de câbles. Bref, nous avons complètement raté la première phase d’intégration. Nous ne voulions absolument plus connaître ça ! »
Airbus a dû attendre le très haut débit sur tous ses sites

En 2006, EADS lance Phenix, grand programme d’harmonisation des solutions de CAO et de PLM au sein des Divisions du groupe EADS dont Airbus est l’une de des divisions. Catia V5 devient l’outil de CAO standard de l’ensemble des sites et Airbus choisit Windchill PDMLink 6, de l’éditeur américain PTC , comme colonne vertébrale de son PLM. Pour son programme suivant, l’avion de transport militaire A400M, Airbus installera quatre instances de Windchill PDMLink 6, une dans chaque pays participant à la conception de l’appareil. Ces instances étant répliquées entres elles. Une solution qui ne va pas sans poser quelques problèmes : « Nous avions un problème : la bande passante dont nous disposions était trop faible, car nous n'avions pas encore de réseau à 600Mbit/s. Les gens utilisaient les même outils et travaillaient avec les mêmes processus, mais pas en temps réel. Cela impliquait le besoin de vérifier, donc des boucles. Nous perdions trop de temps. »
Une maquette numérique temps réel

Le nouvel appareil conçu par Airbus bénéficiera le premier de l’architecture cible du PLM telle qu’imaginée par les équipes d’Airbus. Pour créer ce long courrier, tous les ingénieurs utilisent désormais Catia V5R18, dans une version dopée par quelques développements « maison ». Enfin, tous travaillent sur une seule et même plate-forme PLM : PDMLink version 8 de l’éditeur PTC (Parametric Technology Corp) pour la cohérence des données, et VPM de l’éditeur DASSAULT Systèmes pour la construction de la DMU (maquette numérique) proprement dite. Plus aucune synchronisation entre pays : tous les ingénieurs attaquent la même base de données, au même moment. « Nous avons atteint le concept de maquette numérique centralisée. » Un avantage sur Boeing, le concurrent de toujours d'Airbus, qui travaille encore avec une plate-forme PLM répartie sur plusieurs instances.
Entre les ingénieurs d'Airbus et ceux des sous-traitants de rang 1, ce ne sont pas moins de 4 500 utilisateurs qui sont connectés en permanence sur la plate-forme, soit 57 fournisseurs qui accèdent à 127 sous-ensembles sur la plate-forme. Avec cette troisième évolution, Airbus a ainsi résolu tout problème d’incohérence de données entre ses différentes équipes de conception. Mais il doit faire face à la criticité de cette plate-forme. Aujourd’hui, celle-ci héberge un téraoctet de données, mais ce volume double tous les six mois. La performance du PLM est critique pour Airbus et la version 8 de PDMLink, implémentant le multi-threading, est arrivée à point pour Airbus. De même Dassault Système a adapté pour Airbus la version 4 de VPM pour gérer le volume de données et leur sécurité d’accès ainsi que la répartition à travers le monde des designers A350. Chaque jour, ce sont 1 500 maquettes numériques qui sont générées. En 2013, 8 000 maquettes seront en ligne pour les ingénieurs.
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