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Pour scruter, bloquer, et signaler en temps réel les mouvements financiers douteux, les DSI se dotent d'outils de filtrage ou d'analyse comportementale. Un chantier délicat et urgent.
Trafic de drogue, proxénétisme... Selon le FMI, de 3 à 5 % du PIB mondial seraient blanchis dans les circuits financiers légaux. Soit 3 000 milliards d'euros par an. Depuis les années 90, et surtout depuis le
11 septembre 2001, la lutte contre le blanchiment d'argent ou AML (Anti-Money Laundering) s'intensifie afin de combattre le financement du terrorisme international. Banquiers et assureurs sont dorénavant tenus d'assumer une fonction d'enquête
financière. Sous peine de payer, en cas d'infraction avérée, de lourdes amendes, et de voir leur image dégradée.Dans ce contexte, la Cnil a dû adopter une procédure allégée pour tenir compte de ces traitements informatiques, à la fois cryptés, obligatoires, et secrets. Car le compte à rebours est enclenché. La troisième directive
européenne AML doit être applicable au 15 décembre 2007. Les DSI, contraints d'appliquer le volet informatique de ces obligations, ne sont pas démunis. Ils s'appuient sur des solutions émanant d'une trentaine d'éditeurs, de cabinets de conseil, et
de SSII, dont Viveo, Unilog LogicaCMG, ou Sopra.Ces technologies reposent sur trois piliers. D'abord, l'identification des clients à risque sur des listes noires. D'où le recours à des procédés d'ingénierie linguistique tenant compte des multiples transcriptions de noms en
différentes langues. Ensuite, la détection en temps réel de ces noms et, le cas échéant, la capacité de bloquer les transactions dites grises, d'intercepter les messages interbancaires (Swift) et d'alerter Tracfin, la cellule douanière de
renseignements financiers.' C'est là que le bât blesse, estime Eric Vaudaine, responsable de l'offre AML chez l'éditeur de solutions financières Viveo. Il faut filtrer les opérations louches au sein même du
flux des transactions, sans ralentir le traitement de millions d'opérations quotidiennes. ' Enfin, l'analyse comportementale, qui repère les actions suspectes par des études statistiques reposant sur des scénarios et des
critères évolutifs, avec de gros volumes de données et en temps réel - mais, ici, sans intrusion dans les flux.
40 % des acteurs ne sont pas encore prêts
' Pour être efficace à 80 %, la greffe des solutions AML sur un système existant demande six bons mois. Plus six autres pour opérer les réglages fins - la fiabilité totale étant illusoire face
à l'inventivité des fraudeurs, précise Gilbert Guimmarra, spécialiste en criminalité financière chez Unilog LogicaCMG. Le vrai problème, pour le DSI, réside dans la collecte et l'évaluation des données pertinentes, sans
perturber les traitements de production. 'L'expert estime que 40 % des acteurs financiers ne seraient pas encore opérationnels. Ce taux serait même plus élevé dans l'assurance. Et pendant ce temps, les obligations AML vont s'étendre aux professionnels de
l'immobilier, du droit, du luxe, et du jeu. Même les organismes publics ou sociaux et les caisses complémentaires de retraite sont soumis aux réglementations AML. Or, bon nombre d'entre eux se croient à l'abri. A tort.
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