“ Au PMU, nos contraintes sont celles d'une place financière ”
Christophe Leray, directeur des opérations et des systèmes d'information (dosi) du PMU, a accompagné l'ouverture de son entreprise aux paris sportifs en dosant externalisation de l'hébergement et internalisation du développement web.En quoi la diversification dans les paris sportifs et le poker en ligne a-t-elle représenté un virage stratégique ?Christophe Leray : Avec les paris hippiques mutuels, le PMU répartit les enjeux entre les gagnants. Il ne gère pas de risque financier et le résultat de la course n'a pas d'influence sur son activité. Dans le cas des paris sportifs à cote fixe, les gagnants sont payés selon un taux garanti lors de l'acte d'achat. Ceci implique la gestion d'un risque financier, comme dans une salle de marchés bancaire. Ce fut une évolution importante en termes de business et d'informatique. En 2010, PMU.fr, avec 928 millions d'euros de paris en ligne, toutes offres confondues, est l'un des dix premiers sites marchands français.Dans quelle mesure le système d'information (SI) du PMU a-t-il dû être transformé ?CL : Nous avons bâti un système d'information de gestion des paris à cote fixe, qui compléte notre système existant de paris hippiques mutuels hébergé sur mainframe. Une évolution inscrite dans le cadre d'une démarche d'urbanisation du SI. Elle a été conduite conformément à la volonté de la direction du marketing, qui souhaitait que le parieur accède à toutes les offres en ligne à partir d'un seul et même compte client. Ce projet s'est étalé sur pratiquement onze mois pour que nous soyons prêts le jour de l'ouverture à la concurrence de ce marché, en juin 2010.Avez-vous externalisé ce projet informatique pour aller plus vite ?CL : Nous avons monté une solution technique en propre pour le traitement informatique des paris sportifs, les frontaux web étant hébergés chez notre partenaire Atos Word line. Nous avons eu recours à des environnements Unix pour le back end du système et à Linux pour la partie frontale. Nous nous sommes aussi appuyés sur la plate-forme d'Open Bet de l'éditeur anglais éponyme, que nous avons adaptée à nos besoins, préférant cette option à un développement interne. Notre partenaire irlandais Paddy Power a apporté son savoir-faire spécifique dans le trading pour l'élaboration des cotes de paris sportifs et nous a aidé à coordonner ces évolutions.L'activité poker en ligne a-t-elle bénéficié de la même approche ?CL : Pour cette activité, nous nous reposons sur le Britannique Partygaming, opérateur de poker en ligne. Nous avons développé des interfaces temps réel entre notre SI et leur plate-forme pour pouvoir enregister tous les mouvements financiers déclenchés depuis les comptes clients PMU des joueurs.Quelles compétences techniques internes avez-vous renforcées pour assurer cette diversification ?CL : Sur la partie web, nous avons pris la décision, à l'automne 2009, de miser sur une équipe interne de développement que nous avons en grande partie embauchée. Aujourd'hui, 20 personnes travaillent en méthodologie agile Scrum, en mode itératif. Ce choix ambitieux nous apporte la réactivité nécessaire pour affronter un univers concurrentiel fortement évolutif.Paris et jeu en ligne ajoutent-ils des contraintes temps réel pesant sur le SI ?CL : Les paris sportifs en direct – live betting – ne sont qu'un impératif temps réel de plus pour le SI. Au PMU, l'informatique traite toutes les transactions électroniques génératrices de revenu avec une typologie temps réel proche de celle d'une place financière. Nous sommes habitués aux contraintes opérationnelles fortes : dix minutes d'arrêt de l'outil de production informatique coûtent un million d'euros !
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