“ Depuis deux ans, notre DSI et les métiers coopèrent davantage ”
Sylviane Genoux, DSI du groupe XL Airways France, à la fois voyagiste et compagnie aérienne, s'est engagée sur la voie d'un partenariat avec quelques directions opérationnelles.Quel a été le déclencheur du changement de vos relations avec les métiers ?Sylviane Genoux : La DSI devait de plus en plus canaliser les velléités d'autonomie d'un nombre grandissant d'utilisateurs. Forts des formations suivies et des compétences développées dans le cadre de leur vie privée, ceux-ci bousculaient leurs directions métier afin de faire évoluer leurs outils professionnels, allant jusqu'à proposer leurs services s'ils considéraient que le chantier ne progressait pas assez rapidement ! Parfois sans nous en tenir informés, malheureusement !A quelle occasion cette tendance s'est-elle concrétisée ?SG : Au printemps 2009. Les données techniques liées aux vols (météo, alertes sur les aéroports ou les routes aériennes empruntées) étaient alors recueillies sur différents sites par des dispatchers au sein de la direction des opérations aériennes (DOA), puis transmises aux commandants de bord sous forme de dossiers papier. Un pilote a pensé qu'il serait capable de développer sous Excel un tableau de bord synthétique à partir de données saisies par les dispatchers dans un simple formulaire. Nous avons fait savoir à la DOA que nous refuserions d'intégrer cette “ verrue ” au système d'information (SI). Utiliser ce logiciel aurait entraîné des ressaisies, donc des risques d'erreurs, et un accroissement de la charge de travail des dispatchers. De plus, il n'y aurait eu aucun lien dynamique avec la partie interactive du SI (le programme de vol en cours d'opération). Nous avons persuadé la DOA que ses initiatives constituaient une force pour l'entreprise à condition qu'elle collabore le plus en amont possible avec la DSI.Le message a-t-il été entendu ?SG : Oui. La direction des opérations aériennes nous a fourni un cahier des charges réalisé par un autre pilote, qui a tenu le rôle d'assistant à maîtrise d'ouvrage en interne après avoir amélioré les processus métier de cette direction. Le projet a finalement abouti : nous avons ajouté à notre ERP (progiciel de gestion intégré) un module de gestion des techniques de vol, utile à tous les métiers. Le pilote a collaboré avec la DSI et l'éditeur du progiciel, APM Technologies. Grâce à ses compétences métier, il a conduit l'accompagnement au changement et la validation du nouvel outil auprès de notre autorité de tutelle, la Direction générale de l'aviation civile.Comment s'est déroulé le projet ?SG : Au pas de charge ! L'application a été développée en quatre mois par l'éditeur sous forme d'une extension de son ERP. Au final, tout le monde est gagnant. La direction métier a rationalisé son processus et amélioré la productivité en qualité et en fiabilité pour la préparation des dossiers de vol ; les pilotes ont obtenu ce qu'ils souhaitaient ; la DSI a fait respecter l'intégrité du système d'information ; l'éditeur a enrichi son catalogue d'un nouveau module.Où en êtes-vous aujourd'hui ?SG : Le changement de mentalité s'opère lentement, au gré des différentes directions. Les correspondants informatiques, issus des métiers, étaient quelque peu tombés en désuétude. Depuis 2009, quelques-uns sont réapparus comme assistants à maîtrise d'ouvrage naturels au sein de leurs directions. Malheureusement, ces relais de la DSI sont encore peu nombreux. Car ces profils à double compétence sont particulièrement appréciés dans leur métier et ils ont du mal à trouver du temps pour accompagner les projets informatiques.
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