“ Les directions de production élargissent leurs compétences ”
Philippe Sersot, directeur technique du Crédit Agricole CIB (Corporate Investment Bank), est le président du Club des responsables d'infrastructure et de production grâce auquel il espère répandre les bonnes pratiques de la profession.A quels besoins répond le Club des responsables d'infrastructure et de production (Crip) ?Philippe Sersot : Le Club est une association loi 1901, créée il y a trois ans, dont l'objectif est de fédérer puis de partager les bonnes pratiques autour des thématiques liées à la gestion de projets techniques propres aux directions de la production, tels que la virtualisation ou la mise en place d'un datacenter, mais aussi l'organisation et la gouvernance. Par ailleurs, l'association est un moyen, pour ses membres, d'enrichir leur réseau et de rencontrer des entreprises faisant face à des problématiques communes. Une façon de combler le vide existant entre les clubs utilisateurs (généralement centrés sur une technologie et ciblant des profils techniciens) et des travaux plus généraux, conduits par le Cigref à l'attention des DSI. J'insiste sur le fait que nous sommes totalement indépendants des fournisseurs technologiques et des prestataires de services.Comment évolue le métier de responsable de production ?PS : Les besoins des entreprises changent. Aujourd'hui, les directions de production ont en charge d'importants projets, dont les risques stratégiques, techniques et organisationnels sont élevés. Elles sont donc à la recherche de profils transverses, capables aussi bien de gérer les process que les projets ou la relation client… Par exemple, lors d'un projet de rationalisation, il ne s'agit plus seulement de trouver des solutions techniques. Les responsables de production ont aussi à calculer les dépenses, fixer des délais ou encore estimer un retour sur investissement. Le business case de ce type de projet s'apparente de plus en plus à une analyse faite en école de commerce. Par ailleurs, on assiste à une filialisation des fonctions de production. Ces entités s'apparentent à des outsourceurs facturant leurs services aux entreprises. Certaines doivent donc intégrer un poste de directeur financier dans leur fonctionnement.les rapports avec les autres directions en sontils modifiés ?PS : Les directions de la production doivent désormais être considérées comme des partenaires à part entière des équipes de développement. Il convient donc de les prendre en compte le plus en amont possible dans les projets et leurs plannings. Elles peuvent alors apporter leur expertise technique et organisationnelle. Par ailleurs, les DSI ne doivent plus juger la production comme un mal nécessaire. En effet, les budgets qui lui sont alloués sont conséquents et les enjeux suffisamment stratégiques pour qu'elle soit estimée à son juste niveau. Mais c'est aussi aux directions de production de recruter les bons profils afin de relever ces défis.Ces challenges attirentils les jeunes ?PS : Non. Nous sommes pourtant à une croisée des chemins, mais les compétences requises s'avèrent difficiles à recruter. La question se pose de savoir comment faire venir de nouveaux talents sur des technologies que l'on disait mortes, comme le mainframe, et qui ont encore une durée de vie assurée. Aujourd'hui, les spécialistes de ces domaines vieillissent. Pourtant, les jeunes diplômés ont peu de formation et sont peu attirés par ces technologies.Quels sont les différents enjeux que vous avez identifiés ?PS : Les technologies issues du grand public nous poussent à bouger. Il faut que les directions informatiques et de production s'adaptent à ces références, soit pour développer leurs propres offres, soit pour les intégrer directement. Par exemple, elles peuvent proposer à leurs collaborateurs des terminaux mobiles. Dans ce cas, elles ont le choix entre sécuriser ces outils ? ce qui implique généralement une dégradation de l'ergonomie et une perte de fonctionnalités ? ou maintenir toutes les fonctions pour évoluer rapidement ? ce qui se fait au détriment de la sécurité. Enfin, nous devons être capables de répondre aux questionnements des directions aussi bien générales que métier, qui suivent le sujet des clouds (Saas, Paas et Iass) de très près.
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