“ Les réseaux sociaux pour attirer les recrues de demain ”
Ziryeb Marouf est responsable des ressources humaines 2.0 de France Télécom Orange, et président de l'Observatoire des réseaux sociaux d'entreprise. il publie bientôt un livre sur ce sujet aux éditions l'Harmattan.Qu'est-ce qu'un responsable RH 2.0 ?Ziryeb Marouf : C'est un consultant interne à la DRH, spécialisé dans les technologies 2.0. Ce profil est encore rare mais devrait se généraliser. Ma mission consiste à assurer la veille RH des outils web 2.0 et à préparer l'arrivée de la génération Y dans la société, puis à accompagner la mise en œuvre du réseau social numérique d'entreprise Plazza. Ce dernier est un des nombreux éléments de la stratégie RH qui vise à remettre l'humain au centre de la stratégie de l'entreprise.Pourquoi avoir créé un observatoire des réseaux sociaux ?ZM : Pour renforcer le partage de bonnes pratiques entre pairs. La plupart des grands groupes ont mis en place des réseaux sociaux en interne. Les membres de l'Observatoire sont convaincus de la nécessité d'évoluer vers le concept d'entreprise participative et ressentent le besoin de débattre des problématiques stratégiques, juridiques et sociologiques liées à la mise en œuvre de tels projets dans des contextes internationaux. Leurs préoccupations sont les mêmes, bien que leurs projets soient d'ordre industriel pour certains, RH pour d'autres, etc. Pour maintenir un climat de confiance, ni éditeurs, ni sociétés de conseil n'y participent.Les entreprises concurrentes échangent-elles aussi sur leurs méthodes ?ZM : Oui. Dans le cas des réseaux sociaux, les expériences sont difficilement transposables telles quelles, d'une organisation à une autre, car la culture d'entreprise se révèle souvent spécifique. La notion de partage et d'échange est plus ou moins inscrite dans l'ADN des sociétés, et le schéma 2.0 reste parfois très hiérarchisé, notamment dans les établissements industriels.Quelle circonstance peut motiver la mise en place d'un réseau social interne ?ZM : La pyramide des âges inversée fait que, d'ici à quelques années, certaines entreprises vont voir partir à la retraite un pourcentage non négligeable de leurs collaborateurs. Elles rentreront alors en compétition pour devenir attractives et fidéliser les jeunes recrues. Pour attirer les juniors de la génération Y, elles devront être présentes sur les médias sociaux. Il leur sera difficile, par la suite, de ne pas proposer des outils équivalents en entreprise. La communication externe et l'usage interne doivent être équilibrés.Quels sont les risques associés à la mise en place d'un tel système ?ZM : Il faut tenir compte du risque de fracture sociale. Un réseau social doit être transverse. L'outil ne doit pas être destiné qu'à des geeks, mais aussi aux non-technophiles, dont les compétences sont rares dans l'entreprise. Il faut donc accompagner les utilisateurs et ne pas négliger l'ergonomie de la plate-forme. Ensuite, les règles institutionnelles risquent d'être contournées, cela doit être évité. Le réseau social n'est pas un outil de processus métier. Ainsi, ce n'est pas parce qu'un profil m'intéresse sur le réseau que je dois m'en servir et contourner le processus de commande existant.une charte vous paraît-elle nécessaire ?ZM : Oui. Celle du bon usage d'un réseau social doit s'inscrire en cohérence avec les autres chartes : éthique, informatique, déontologique, de confidentialité, etc. Elle doit être subordonnée au règlement intérieur des différentes entités.
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