“ Notre DSI s'est adaptée à la mutation du secteur du bâtiment ”
Jean-Charles Bangratz, DSI d'Oger International, société d'ingénierie de la construction, s'est lancé dans la refonte de sa direction afin de l'adapter aux nouvelles technologies et aux attentes des donneurs d'ordres.Quelle est la particularité de la DSI d'Oger International ?Jean-Charles Bangratz : Notre DSI est opérationnelle et s'appuie sur trois piliers. Le premier ? SIP ? centralise tout ce qui a trait au système d'information (SI) de l'ingénierie. C'est un peu le SI classique et, surtout, notre outil de production. Le deuxième service ? OSI ? regroupe les experts en organisation des SI et intervient dans deux domaines : la gestion des données numériques, des process informatiques, des standards et de la conduite du changement, d'une part ; l'expertise produit, notamment autour de la maquette numérique (Building Information Modeling), d'autre part. Enfin, le dernier pilier ? SIB (systèmes d'information du bâtiment) ? rassemble toute l'ingénierie des technologies de l'information et de la communication embarquée dans un bâtiment : sécurité, IPBX, supervision technique du bâtiment, etc.Pourquoi avoir découpé votre DSI de la sorte ?J-CB : Nous constatons que le SIB a un fort impact sur les processus au sein de certains bâtiments comme les hôpitaux, les hôtels ou les salles de conférence. On ne peut donc plus déployer de grosses installations informatiques sans mettre en place une organisation de modification des process. De plus, depuis début 2010, le secteur du bâtiment prend le virage de la CAO (conception assistée par ordinateur). Nous avons d'ores et déjà acquis un certain niveau d'expertise que nous proposons à nos clients. Enfin, les donneurs d'ordres commencent à segmenter leurs projets de construction selon ce modèle. Pour un hôpital d'envergure au Moyen-Orient, l'appel d'offres comprend nos trois piliers. Sur le projet de l'hôpital d'Orléans, le plus grand en construction en Europe, nous fournissons des prestations d'OSI et de SIB.Est-il facile de convaincre ses collaborateurs de revoir l'organisation d'une DSI ?J-CB : Il est impératif d'accompagner une telle réorganisation d'un plan de conduite du changement. La formation des collaborateurs constitue une priorité chez Oger International. De plus, il faut que les utilisateurs s'organisent et produisent avec les nouveaux outils mis à leur disposition. Pour diffuser les bonnes pratiques, nous avons mis en place, mi-2010, le groupe Gouvernance du SI. Il se compose de la DSI, du directeur des agences, de celui des projets à l'export, de la direction des études, du directeur des systèmes de management et du directeur du développement commercial de la DSI. Ce groupe de gouvernance recueille les besoins et l'adhésion des directeurs concernés par les projets. Qui sont ainsi plus à même de les véhiculer auprès de leurs collaborateurs.Quels bénéfices tirez-vous de cette organisation ?J-CB : Aujourd'hui, le DSI est de plus en plus impliqué dans les choix métier. Avec cette organisation, chacun des interlocuteurs comprend mieux les différents enjeux de chaque service. Nous évoluons dans un secteur en pleine mutation et on ne peut plus lancer de chantier si tout n'est pas correctement structuré. D'une part, l'informatique représente le métier le mieux placé pour organiser les informations. D'autre part, ce découpage en trois secteurs a une réalité dans le management du projet et dans l'organisation de la construction.Votre modèle est-il reproductible au sein d'autres DSI ?J-CB : Tout à fait. Il est adapté aux sociétés d'ingénierie. Les responsables IT doivent en effet montrer l'importance de l'organisation des systèmes d'information. Ce qui n'est pas évident. Cela nécessite un investissement financier et certains décideurs ne perçoivent pas immédiatement la rentabilité et l'intérêt de la dépense que cela implique. Pourtant, l'avantage concurrentiel est énorme.
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