“ Télécoms et régulation : la tentation du protectionnisme ? ”
“ Les difficultés de certains équipementiers sont dues autant au passif qu'au marché unique européen ”
Frédéric Bergé, grand reporter à 01 Informatique“ Nous voulons des emplois dans les télécoms en Europe… Il n'y a pas de raison pour que nous nous fassions “ doubler ” par des équipementiers chinois ”, lit-on sur le blog des salariés d'Alcatel-Lucent France, menacés par des externalisations. Frappés par la crise, victimes des restructurations en cours, ils se laissent tenter par le protectionnisme. Mais ne se trompent-ils pas d'époque ? Veulent-ils retourner à celle, révolue, où Bull était soutenu par les commandes publiques de l'Administration française, pour le résultat que l'on sait ? Un rendez-vous étonnant a même eu lieu récemment entre une délégation de l'intersyndicale de l'équipementier français et Jean-Ludovic Silicani, président de l'Arcep. Cette rencontre avait pour contexte l'attribution prochaine de la licence 3G. Sachant qu'Iliad, seul opérateur candidat, pourrait être tenté de choisir les équipements des Chinois Huawei ou ZTE pour son futur réseau, les représentants des salariés d'Alcatel-Lucent voulaient rappeler au régulateur les vertus du critère emploi dans l'attribution de la prochaine licence 3G. La réalité est qu'il n'entrera que pour une faible part dans la décision finale. En outre, l'opérateur privé sélectionnera ses fournisseurs sur des critères de performances, d'innovation et de prix, sachant qu'il devra affronter l'oligopole tricolore du mobile. Ne soyons pas naïfs. Les industriels asiatiques négocieront durement pour décrocher le futur réseau 3G d'Iliad. Mais les équipementiers européens n'ont-ils pas bénéficié, il y a vingt ans, grâce au GSM, d'une impulsion décisive pour se développer dans les réseaux cellulaires. Qu'ont-ils fait de leur avance ? Les difficultés actuelles de certains équipementiers sont au moins autant à mettre au passif de leurs dirigeants passés que des errements supposés d'un marché unique européen. Quid de ceux qui ont dirigé Nortel et furent incapables de publier des comptes audités plusieurs années de suite ? Quid du fiasco de la fusion Alcatel-Lucent, qui se solde par des saignées en termes d'emplois. Et qui a apporté à Alcatel, en matière de réseaux cellulaires, des équipements CDMA plutôt vieillissants ?f.berge@01informatique.fr
Frédéric Bergé, grand reporter à 01 Informatique“ Nous voulons des emplois dans les télécoms en Europe… Il n'y a pas de raison pour que nous nous fassions “ doubler ” par des équipementiers chinois ”, lit-on sur le blog des salariés d'Alcatel-Lucent France, menacés par des externalisations. Frappés par la crise, victimes des restructurations en cours, ils se laissent tenter par le protectionnisme. Mais ne se trompent-ils pas d'époque ? Veulent-ils retourner à celle, révolue, où Bull était soutenu par les commandes publiques de l'Administration française, pour le résultat que l'on sait ? Un rendez-vous étonnant a même eu lieu récemment entre une délégation de l'intersyndicale de l'équipementier français et Jean-Ludovic Silicani, président de l'Arcep. Cette rencontre avait pour contexte l'attribution prochaine de la licence 3G. Sachant qu'Iliad, seul opérateur candidat, pourrait être tenté de choisir les équipements des Chinois Huawei ou ZTE pour son futur réseau, les représentants des salariés d'Alcatel-Lucent voulaient rappeler au régulateur les vertus du critère emploi dans l'attribution de la prochaine licence 3G. La réalité est qu'il n'entrera que pour une faible part dans la décision finale. En outre, l'opérateur privé sélectionnera ses fournisseurs sur des critères de performances, d'innovation et de prix, sachant qu'il devra affronter l'oligopole tricolore du mobile. Ne soyons pas naïfs. Les industriels asiatiques négocieront durement pour décrocher le futur réseau 3G d'Iliad. Mais les équipementiers européens n'ont-ils pas bénéficié, il y a vingt ans, grâce au GSM, d'une impulsion décisive pour se développer dans les réseaux cellulaires. Qu'ont-ils fait de leur avance ? Les difficultés actuelles de certains équipementiers sont au moins autant à mettre au passif de leurs dirigeants passés que des errements supposés d'un marché unique européen. Quid de ceux qui ont dirigé Nortel et furent incapables de publier des comptes audités plusieurs années de suite ? Quid du fiasco de la fusion Alcatel-Lucent, qui se solde par des saignées en termes d'emplois. Et qui a apporté à Alcatel, en matière de réseaux cellulaires, des équipements CDMA plutôt vieillissants ?f.berge@01informatique.fr
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