Angélique Zettor cofondatrice de Genymobile, remporte le prix Ivy

A 29 ans, Angélique Zettor et co-PDG de la GenyMobile qu'elle a cofondée en 2011. Elle vient de remporter le prix Ivy du jeune dirigeant de la technologie. Décryptage de ses ambitions et de ses méthodes de management.
Deux minutes pour se présenter suivies d’une avalanche de questions posées par des cadres dirigeants d’entreprises comme Capgemini, Google, Microsoft, Gemalto, Apple, IBM…. C’est le challenge relevé par les trois finalistes du prix Ivy. Destiné aux dirigeants du secteur technologique de moins de 35 ans, le prix Ivy récompense tous les ans une personnalité forte avec un projet et une vision ambitieuse pour son entreprise et sa carrière. Cette année, la lauréate a 29 ans. Elle s’appelle Angélique Zettor et a cofondé Genymobile avec Arnaud Dupuis en 2011.
La culture de l’entreprise, un axe stratégique important pour la société

« En sortant du master spécialisé dans le management des systèmes d’information de l’ISC Paris, je suis devenue ingénieur d’affaires et je me suis rendu compte que personne ne se souciait des DSI qui voyaient arriver le BYOD (Bring your own device) dans leur entreprise sans avoir d’outils professionnels adaptés », se souvient Angélique Zettor. À l’époque, elle et son associé font le choix d’Android « alors qu’il ne faisait que 14 % de part de marché sur le mobile, quand il en fait plus de 80 % aujourd’hui ». Trois ans après, le pari est réussi. La société compte une quarantaine de salariés et prévoit de faire 5,3 millions de dollars de chiffre d’affaires dans l’année. Les deux fondateurs ont opté pour l’autofinancement en proposant des services aux entreprises tout en travaillant sur une offre destinée aux professionnels, dont le fameux émulateur Android Genymotion.
Pour poursuivre le développement de la société, les deux cofondateurs sont partis récemment s’installer aux États-Unis et espère réaliser une importante levée de fonds dans l’année. « Nous voulons répondre aux enjeux internationaux tout en gardant notre culture et en continuant à nous amuser » lance Angélique Zettor. La culture de l’entreprise est un point primordial pour Genymotion. La société dépend de la qualité de l’expertise Android de ces équipes, mais peut difficilement s’aligner sur les salaires de Google. « Nous les gardons grâce à la culture de la boîte. Nos locaux parisiens sont superbes, les salariés autogèrent le budget nourriture et 7 % du capital de la société leur sera bientôt dédié », énumère la fondatrice.
Un modèle de management participatif
La société est codirigée par les deux fondateurs, tous les deux PDG. « Nous sommes chacun un hémisphère du cerveau » s’amuse Angélique Zettor, au profil plus commercial qu’Arnaud Dupuis très technique. Aucun désaccord « ne s’est encore produit », précise Angélique Zettor. Si cela arrivait, un « Genyconseil » serait chargé de trancher entre les deux options à la majorité des voix. « Notre modèle de management est participatif », poursuit Angélique Zettor. Des « Genystratégie » sont organisés tous les jeudis. Ces réunions facultatives sont ouvertes à tous les salariés. Toutes les semaines, une thématique différente est discutée par exemple « Comment garder notre culture d’entreprise en étant international ? » ou « quel programme mettre en place pour remercier les ambassadeurs de Genymotion ? ». Mais au final « c’est Arnaud et moi qui prenons les décisions » explique Angélique Zettor.

La jeune startupeuse a aussi développé le côté participatif à l’extérieur de l’entreprise, avec le Paris Android User Group. « Le deuxième au niveau mondial » précise-t-elle. Un concours photo avec une mascotte « Genyboy » a aussi été lancé avec des cadeaux à la clef pour les participants. Ces « Genybox » servent de caisse de résonnance à la société sur le web. « C’est comme cela que nous créons notre marque à l’extérieur ».
Pour développer le sentiment d’appartenance à l’entreprise, chaque nouveau salarié reçoit un « welcome pack » vert avec des objets à l’effigie de la société : un mug, un stylo, un polo et un smartphone ou une tablette au choix du salarié. Enfin, chaque salarié est représenté par un petit bonhomme son Genyme. « Le mien a beaucoup de cheveux », commente Angélique Zettor. « Je me suis inspirée du pack étudiant que nous avions reçu en école de commerce », précise-t-elle.

Enfin, pour minimiser l’impact du départ des deux cofondateurs pour les États-Unis, un « Genyboardingpass » a été créé. Il donne la possibilité à chaque salarié de partir travailler au moins trois mois à San Francisco en faisant le même travail que d’habitude, mais ailleurs.
Angélique Zettor insiste donc sur un mode de management à l’écoute des salariés. Avec succès, puisque le turn-over de la société est très faible. « Seulement trois salariés nous ont quittés depuis le début, et à chaque fois pour aller à l’international » précise-t-elle.
Objectif : construire le Redhat d’Android
A l’avenir, les équipes de R&D devraient rester en France, « nous avons d’excellents développeurs en France » commente Angélique Zettor. Le marketing et le commerce pourraient, par contre, très bien s’effectuer aux États-Unis. « D’ici cinq ans, nous espérons avoir bâti une plateforme globale. Notre ambition dès le départ était de créer le RedHat d’Android, autrement dit d’adapter une solu-tion grand public aux professionnels » se rappelle Angélique Zettor. « Personne n’imagine un DSI aller à la FNAC acheter des PC pour les déployer dans son entreprise. Sur mobile, c’est ce qui se passe ».
Et si Angélique Zettor n’avait pas créé Genymobile, elle se serait peut-être lancée dans les objets connectés avec un carnet de santé pour animaux de compagnie.