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L'explosion du nombre de pourriels a donné naissance à un nouveau marché, qui devrait quadrupler d'ici à 2008 pour atteindre les 447 millions d'euros en Europe. Tous les spécialistes de la sécurité sont sur les rangs.
Plus de 12 milliards : c'est le nombre ?" hallucinant ?" d'e-mails publicitaires non sollicités qui seront reçus quotidiennement cette année par les entreprises américaines. À en croire IDC, ces pourriels
représenteraient déjà plus de 70 % des courriers électroniques circulant aux États-Unis, et bientôt en Europe. ' Ce fléau ne connaît pas de frontières et coûte de plus en plus cher aux
entreprises ', explique Pierre Curien, DG d'Idepro, un grossiste spécialiste de la sécurité. Le préjudice serait évalué à près de 75 milliards de dollars à l'échelle mondiale en 2005, et devrait continuer à progresser à un
rythme soutenu au cours des deux prochaines années (voir infographie). ' Les pourriels, c'est la plaie du web, car ils constituent une intrusion quotidienne qui touche tous les utilisateurs ', explique
Emmanuel Tonnelier, directeur du développement chez Panda Software.Dans l'Hexagone, il est encore difficile de chiffrer l'ampleur du phénomène. Mais comme partout dans le monde, la lutte s'organise. À en croire tous les fournisseurs interrogés, les entreprises ont désormais clairement identifié le
besoin, mais très peu se sont déjà équipées. ' Il y a une véritable fenêtre de tir pour vendre de l'antispam, car il y a énormément de pourriels qui polluent déjà les messageries et pas encore de véritable
réglementation, affirme Lionel Hayère, directeur des ventes indirectes de Trend Micro. Tous les appels d'offres des marchés publics auxquels nous répondons intègrent d'ailleurs des antispam. ' Pour
répondre à cette nouvelle demande, tous les spécialistes de la sécurité sont sur les rangs. Des éditeurs d'antispam bien sûr comme Postini, SurfControle ou Brightmail, mais aussi des éditeurs d'antivirus, qui ont ajouté cette corde à leur arc en
rachetant souvent ?" au prix fort ?" des pionniers du secteur. L'an dernier, Symantec a ainsi pris le contrôle de Brightmail, et McAfee s'est offert Deer-Soft, éditeur de SpamAssassin. Mais on y trouve aussi des constructeurs de
coupe-feu et d'applications (Fortinet), des Telco, toute une ribambelle de fournisseurs de services externalisés comme BlackSpider, Mailinblack ou Dolphian... et même le géant Microsoft, qui vient tout juste de racheter l'éditeur Sybari.
' Beaucoup d'acteurs de tous horizons se sont rués sur ce marché, mais il n'y a pas encore de grand leader ', observe Pierre Curien. Et c'est bien le problème ! Car entre les logiciels dédiés, les
passerelles complètes et modulaires (intégrant antispam, filtrage de contenu, antivirus), les boîtiers tout-en-un, les services hébergés, les entreprises ont bien du mal à savoir quoi choisir.Pour compliquer encore l'affaire, chaque produit est plus ou moins adapté à un profil d'entreprise, à l'importance de son flux de messagerie, mais aussi tout simplement à ses capacités à administrer quotidiennement la solution
et... à son budget. ' Il est indispensable de segmenter l'offre en fonction de la taille et des besoins de chaque client ', confirme Jean-François Escolier, responsable des ventes indirectes de
Symantec. Des outils, plus faciles à installer et à paramétrer, et le plus souvent présentés sous forme de Packs small business, figurent ainsi en bonne place aux catalogues de Panda Software, Computer Associates ou encore Sophos... qui
préfèrent vendre une solution complète de sécurité plutôt qu'un antispam.
Un marché encore à évangéliser
Disposer du bon outil ne suffit pas toujours pour vendre. ' Les fournisseurs ont besoin de la caution de partenaires très compétents en sécurité et qui connaissent bien les besoins de leurs
clients ', confie Olivier Brettmayer, directeur de BlackSpider, une société anglaise débarquée en France en septembre dernier avec une offre de service de filtrage de messagerie externalisée. ' Les
distributeurs ont un vrai rôle à jouer pour développer ce marché ', ajoute Christian Pijoulat, directeur commercial Europe du Sud de Sophos, qui recrute et forme de nouveaux partenaires spécialement pour son offre antispam. À
eux de proposer des prestations de conseils, d'audit de vulnérabilité, de déploiement de solutions, mais aussi tout simplement de support technique. ' Installer un antispam nécessite de bien connaître les messageries, de
s'intéresser à l'activité de ses clients et à la sémantique, afin de ne pas bloquer des messages importants ', prévient Jean-Philippe Barleaza, responsable des ventes indirectes de Computer Associates. Pour aider les 200
revendeurs qui participent à son programme Business Pass, l'éditeur va d'ailleurs leur proposer dès le mois d'avril un ' package service ', comprenant une journée d'accompagnement chez le client pour
l'aider à définir les modalités d'implémentations d'une solution antispam. Une prestation gratuite, destinée à ' leur mettre pied à l'étrier '. Symantec, de son côté, va se lancer dans un tour de France
dès le printemps, afin de recruter de nouveau partenaires. ' La lutte contre le spam est devenue le nouvel eldorado de l'économie high-tech ', analyse Pierre Curien. Ce marché, encore en devenir, ne
devrait pas dépasser les 24 M d'euros cette année dans l'Hexagone, selonIDC. Mais sa croissance est déjà deux fois supérieure à celle du marché global de la sécurité...
Sur le marché de l'antispam, l'offre est réellement pléthorique. Ce tableau ne saurait donc être exhaustif.