Apple serait-il en bout de course ?
Jules Minvielle, fondateur et président de Surikate
Un récent rapport de Strategy Analytics(1) affirme qu'Apple ne serait plus perçu comme le leader de l'innovation. Cette étude démontre en outre que la loyauté des utilisateurs d'iPhone recule : 88 % d'entre eux prévoient de rester fidèle à Apple lors de leur prochain achat, contre 93 % l'an passé. Mais le volume des ventes de smartphones n'est pas le seul terrain sur lequel le fabricant est sérieusement bousculé. Une première défaite, hautement symbolique, concerne le nombre d'applications disponibles sur l'App Store. Même si une grande partie de ces petits programmes n'est jamais téléchargée, leur nombre a toujours constitué un argument marketing pour la firme de Cupertino. Mais aujourd'hui, avec les 700 000 applications disponibles sur Google Play, soit autant que sur la place de marché d'Apple, les consommateurs ont un choix qu'ils n'avaient pas auparavant. Autre échec : l'application de cartographie Plans, intégrée par défaut dans les derniers iPhone, et présentant de nombreuses erreurs et approximations. Tim Cook a dû présenter ses excuses aux utilisateurs.
(2) www.businessinsider.com/the-ipad-minis-screen-2012-10.
Des réformes sans concertation
Il est très surprenant qu'Apple laisse penser, à travers ses récentes décisions, qu'il n'a pas pris la mesure de la situation. Les ventes de l'iPad mini nous diront si leur choix était le bon. Mais le maintien d'un prix élevé, supérieur à la concurrence pour une tablette de taille similaire, et dont l'écran semble décevoir certains commentateurs spécialisés(2), a surpris. C'est dans ce contexte que la firme a publié récemment les nouvelles conditions tarifaires de son App Store, applicables à certains pays, surtout ceux de la zone euro. Principal enseignement : les tarifs des applications payantes et de l'achat in-App (via une application gratuite donnant accès à du contenu payant ? NDLR) augmentent. La première tranche passe de 0,79 à 0,89 euro ; la seconde de 1,59 à 1,79 euro ; la dixième de 7,99 à 8,99 euros, etc.Ces augmentations ont été justifiées par les variations des taux de change entre l'euro et le dollar. On peut également y voir la volonté d'Apple de faire un geste envers les éditeurs en augmentant ainsi leurs revenus. Mais malheureusement, une fois encore, cette réforme tarifaire aura été menée sans concertation. La hausse est, certes, très faible en valeur (de quelques centimes à quelques euros), mais non négligeable en proportion (12,5 % en moyenne). Même s'ils bénéficient en partie de cette augmentation, les éditeurs sont mis devant le fait accompli. Et au final, ce sont les consommateurs qui vont en assumer les conséquences.Innover pour ne pas perdre son leadership
La firme à la pomme peut-elle encore se permettre ce type de décision dans un contexte de plus en plus concurrentiel ? Pour le moment, les chiffres parlent d'eux-mêmes : même si la proportion d'iPhone dans le parc mondial de smartphones diminue, Apple en a vendu 58 % de plus que l'an dernier à la même période. Les ventes records de l'iPhone 5 ne laissent pas présager une mort soudaine, loin de là, car, dans le même temps, les ventes d'iPad ont augmenté de 26 %, même si, là encore, elles ne dominent plus le marché autant qu'avant. Avec la sortie de Windows 8, les prévisions d'IDC désignant Apple comme troisième acteur en 2016, derrière Google et Microsoft, sont-elles en train de se réaliser ?La firme est tout à fait consciente que pour conserver son avance et ne pas voir le marché qu'il a créé lui échapper, son salut passe par l'innovation. C'est ce que tous les utilisateurs d'iPhone attendent, sous peine de rejoindre rapidement la communauté des “ androinautes ”.(1) www.strategyanalytics.com/default.aspx?mod=pressreleaseviewer&a0=5293.(2) www.businessinsider.com/the-ipad-minis-screen-2012-10.
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