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Techniciens de maintenance, animateurs de vente en grandes surfaces, aides-ménagères, chauffeurs routiers... Toutes les fonctions sont concernées par les applications mobiles.
Le temps où accéder au système d'information pendant des déplacements était réservé aux cadres supérieurs semble lointain. ' Les applications métier pour les techniciens en déplacement se banalisent
rapidement ', assure Arnaud Affergan, DG de Rayonnance, société spécialisée dans le développement d'applications de mobilité. Contrairement à ce qui se passait il y a seulement un an, ' les prospects
arrivent avec des cahiers des charges finalisés. Leurs interrogations portent désormais sur les coûts de maintenance et d'administration des flottes de PDA et sur leur intégration dans le SI. Qui gère les cartes SIM, par
exemple ? ', ajoute Arnaud Affergan. Autre secteur en phase d'équipement, les entreprises de logistique et du transport, qui se dotent de solutions de géolocalisation. Leur succès tient à plusieurs raisons.
' L'équipement et l'abonnement coûtent de 40 à 50 euros par mois et par véhicule contre plus de 100 euros il y a deux ans ', assure Jacques Salognon, PDG de Deveryware, SSII spécialisée dans les
applications de géolocalisation. Mais peut-être plus que le coût, les entreprises mesurent mieux le ROI, la géolocalisation optimisant sensiblement les tournées.
Des aides-ménagères localisées par GPS
' Le marché global de la géolocalisation n'a pas encore totalement démarré ', tempère Jacques Salognon. Si les sociétés de transports s'équipent de plus en plus, les utilisations de
la géolocalisation dépassent largement ce secteur. Un deuxième marché, embryonnaire à ce jour, porte sur la localisation des marchandises. ' Mettre une balise sur une palette permet de tracer les marchandises et de limiter les
vols. Un investissement rentable pour une palette de matériel informatique ou électronique, par exemple ', illustre Jacques Salognon. Et ce d'autant plus qu'une simple balise GSM suffit dans ce cas en lieu et place d'un
boîtier GPS. ' Une dizaine de localisations suffisent souvent. Ce qui ne justifie pas de basculer vers un boîtier GPS ', précise ce dernier. Conséquence imprévue, les utilisateurs en profitent pour
optimiser leurs coûts. DG de Transactiv, société spécialisée dans le transport express (lire encadré), Laurent Fesneau a mis en avant l'équipement de sa flotte de camions pour renégocier les tarifs de son assurance vol. Les boîtiers GPS installés
dans ses camions disposent en effet d'une fonction empêchant le démarrage du véhicule. Potentiellement aussi important, un troisième marché concerne la localisation des personnes. Les applications sont multiples. ' Il peut
s'agir de suivre une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer ou de savoir si son enfant est bien arrivé à l'école, illustre Jacques Salognon. Les aides-ménagères d'une association de Seine-Saint-Denis sont déjà équipées, ce
qui facilite le suivi de leurs visites à domicile. 'Installer une application de géolocalisation est assez simple. Le prix des boîtiers GPS s'échelonne de 400 à plus de 1 500 euros pour les plus évolués. ' Une différence qui s'explique par l'éventail
des fonctionnalités. Outre l'envoi et la réception de coordonnées, les modèles les plus évolués enregistrent les trajets, remontent des alertes lors de la sortie d'une zone définie, s'intègrent aux applications métier, explicite Jacques
Salognon. Ce dernier point est le plus important. On assiste à une convergence entre applications métier et géolocalisation. ' Techniquement, cette intégration passe par des applications packagées et dédiées à la
gestion de la relation client, aux forces de vente ou encore par des développements spécifiques. Dans tous les cas, le principe reste identique. Une société spécialisée (Deveryware, etc.) récupère auprès de tous les opérateurs les coordonnées
géographiques remontées par les boîtiers. Un intégrateur tiers interface ces données avec des cartes ou des données métier. Il utilise, pour ce faire, des API et renvoie les résultats dans les applications de l'utilisateur. Quand le besoin initial
n'est pas lié à la localisation, comme pour la gestion des stocks, le couplage géolocalisation-application métier fonctionne aussi. Responsable réseaux et sécurité chez Techmo-Hygiène, Fabien Corbier a équipé une cinquantaine de techniciens de PDA.
Motivation principale, l'application verse directement les rapports d'interventions dans les bases de données internes sans passer par une étape de ressaisie. ' L'ajout d'un boîtier GPS offre la possibilité d'optimiser les
déplacements des techniciens sur le terrain ', complète Fabien Corbier.
Les techniciens nomades reliés au SI
Plus globalement, les applications métier intègrent les travailleurs nomades dans le SI. La préfecture de Paris utilise ainsi une application de saisie de rapports pour faciliter l'établissement des procès-verbaux et accélérer
l'enlèvement des véhicules. Toutefois, un frein subsiste : les terminaux, souvent des PDA durcis, restent chers. Au tarif de base s'ajoutent nombre d'options (kit de chargement électrique, extension de RAM, coque de protection, etc.). Une
première solution consiste à s'équiper d'un PDA classique et d'une simple coque de protection. Certains éditeurs en proposent une seconde : ' Le terminal le plus répandu, c'est le téléphone portable compatible
Java ', rappelle Michel Mercier, responsable de Prylos, une SSII spécialisée dans le développement d'applications Java pour les téléphones portables. ' Dès que les applications ne nécessitent pas
d'accès à la messagerie, un développement Java suffit pour mettre à jour des stocks ', insiste-t-il. En dehors des tâches impliquant de la saisie de texte, toutes les fonctions nomades sont concernées. Spécialisée dans le
marketing, Vertigo utilise une application Java pour ses commerciaux. Ceux-ci vérifient la présence des produits dans les linéaires de grandes surfaces et remontent les données en temps réel. ' Le déploiement des applications
est réalisé par SMS. Le coût d'un téléphone mobile compatible Java est de trois à dix fois moins élevé que celui d'un PDA. Sans compter que les personnes qui ne sont pas familiarisées avec l'informatique utilisent les téléphones sans
appréhension ', ajoute Michel Mercier.
Demain, les réseaux d'objets intelligents
La mobilité se décline aussi pour les marchandises. Héritières des étiquettes à codes à barres, les étiquettes RFID sont composées d'une puce et d'une antenne. Passives ou actives (disposant, dans ce dernier cas, de leur propre
source d'alimentation), elles transmettent à un lecteur les données logées dans la puce. Leur domaine d'utilisation couvre les besoins d'identification d'un produit tout au long de son cycle de vie : production, distribution... Dans la
logistique et la chaîne d'approvisionnement par exemple, la mise en place d'étiquettes électroniques devrait assurer la traçabilité des produits, depuis la production jusqu'au paiement en caisse, l'actualisation en temps réel des stocks et la
traçabilité des clients. ' L'intérêt de la RFID et des technologies adjacentes comme le M2M [Machine-to-Machine, Ndlr] est la possibilité de concevoir des interactions entre des produits
" intelligents ", des applications et des services ', explique Michel Rousseau, président Europe de la RFID Business Association et éditeur du site
www.filrfid.org. ' Par exemple, un capteur dans un camion détectera une interruption dans la chaîne du froid, identifiera les lots affectés et communiquera ces
informations aux clients et aux fournisseurs. Autre exemple, en cas de panne sur un équipement, une étiquette pourra déclencher une proposition de SAV. Mais il faudra sans doute attendre encore cinq ans pour voir de telles applications se
généraliser ', ajoute-t-il. D'ici là, la RFID doit encore lever bien des obstacles, qu'il s'agisse du choix des standards, des protocoles ou des fréquences, des problèmes de réglementation ou de rareté des compétences. La
SSII Osys, spécialisée dans l'informatique industrielle le confirme : ' Sur nos 1 500 clients, six seulement ont lancé un projet RFID. La technologie va s'imposer mais doit convaincre qu'elle apporte une valeur
ajoutée et un niveau de fiabilité équivalent à celui du code à barres. 'À la Lyonnaise des Eaux, l'adoption de solutions RFID butte encore sur des difficultés techniques. ' Nous gérons trois millions de compteurs en France logés dans des cages métalliques. RFID offre une
puissance trop limitée pour la télérelève. D'ici à trois ans, les étiquettes RFID devraient, en revanche, remplacer les étiquettes d'identification à code à barres, car elles se salissent et s'altèrent avec le temps. La RFID nous intéresse aussi
pour remonter en surface les données sur les conduites d'eau ', explique le chef de projet, Marc Guerquen. Le coût de la technologie n'est pas en soi un obstacle. ' Une PME peut réaliser un projet pour
30 000 à 150 000 euros. Mais beaucoup esquivent la question essentielle de la remise à plat des applications et des processus. Il faut avoir une vision globale et procéder par étapes ', estime Michel Rousseau. La
difficulté majeure réside dans la synchronisation des flux physiques et de données : ' Tout le monde ne pense pas aux implications immédiates, notamment la gestion des données en masse dans des échelles jamais
atteintes ', souligne le consultant Patrick Bonneau. Un avertissement que l'on comprend mieux au regard des études prospectives : ABI Research évalue à 100 milliards le nombre d'objets communicants en 2010 et Research
and Markets, à 900 milliards le nombre d'étiquettes RFID pour la traçabilité alimentaire en 2015.
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