Après une année délicate, Bouygues Telecom tient à son indépendance

L'opérateur espère que les efforts consentis sur la 4G et sur le haut débit fixe vont l'aider à rester indépendant. Il a perdu 41 millions d'euros en 2014.
L'opérateur est repassé dans le rouge l'an passé avec une perte nette de 41 millions d'euros, après avoir dégagé un bénéfice de 11 millions d'euros en 2013.
Son chiffre d'affaires annuel s'est établi à 4,4 milliards d'euros, en baisse de 5% sur un an. Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) est ressorti pour sa part à 694 millions d'euros, contre 880 millions d'euros en 2013 (-21%).
Ayant échoué à acquérir SFR face à Numericable, l'opérateur avait été contraint de revoir l'an passé, en urgence ,sa stratégie. Dans ce cadre, un plan de départs volontaires de près de 1.400 salariés a été réalisé.
Parmi les satisfecits de l'année, l'opérateur s'est réjoui que ses clients mobiles soient « les plus gros consommateurs d'internet mobile du marché français et représentent 34% du parc de clients 4G en France » selon son PDG Martin Bouygues. Son parc mobile s'élevait fin décembre à 11,121 millions de clients, en baisse de 22.000 clients en 2014.
Sur le marché du haut débit fixe, Bouygues Telecom disposait d'un parc total de 2,428 millions d'abonnés à fin décembre, soit 415.000 nouveaux clients sur un an.
Après avoir fusionné ses offres mobile avec celles de sa marque low-cost B&You, l'opérateur a notamment sorti en janvier 2015 sa nouvelle box Miami qui doit lui permettre de regagner des parts de marché sur le triple-play.
Aucune négociation en cours en vue d'une cession
Sur la base de ces deux piliers que sont le mobile et le fixe, Bouygues Telecom entend poursuivra sa route en toute indépendance. Alors que des discussions ont eu lieu avant l'été dernier au sujet d'une éventuelle reprise de Bouygues Telecom par Iliad-Free, des rumeurs récurrentes évoquent la perspective que Numericable-SFR (Altice) reprenne la filiale du groupe Bouygues.
« Nous n'avons aucune négociation en cours, les choses sont parfaitement claires », a démenti Martin Bouygues, réfutant une nouvelle fois toute vente de sa filiale.
Le patron du groupe Bouygues a assuré que celle-ci est mieux armée que ses concurrents notamment grâce à « un portefeuille de fréquences exceptionnel et peut donc parfaitement poursuivre son chemin seul ».
Pour appuyer sa démonstration, Martin Bouygues a également évoqué « les 18 milliards d'euros de dette » contractés par Altice pour s'emparer de SFR et Virgin Mobile, à comparer avec l'endettement net de 765 millions d'euros de Bouygues Telecom.
Il s'est par ailleurs félicité de la fin anticipée de l'itinérance sur le mobile entre Orange et Free, qui « va permettre aux opérateurs de trouver des conditions de concurrence enfin équitables ».
La mutualisation du réseau mobile avec SFR monte en puissance
« Un nouveau positionnement fondé sur la qualité de l'expérience client a été annoncé en novembre 2014, simultanément avec le lancement d'une gamme simplifiée d'offres sur lesquelles tous les clients seront progressivement migrés d'ici la fin du premier semestre 2015 », souligne t-on chez l'opérateur.
Au titre des perspectives pour 2015, « Bouygues Telecom devrait voir une stabilité de son Ebitda en 2015 et une légère hausse de ses investissements en lien avec la mise en oeuvre de la mutualisation d'une partie du réseau mobile avec le groupe Numericable-SFR ainsi que le développement du réseau fixe », ajoute t-il
Ce partage de réseau aura pour conséquence des dépréciations d'actifs pouvant mener à la prise en compte d'environ 200 millions d'euros de charges non courantes en 2015 dans le résultat opérationnel du groupe Bouygues.
La mise en oeuvre de son plan de transformation, associé à des économies annuelles de 300 millions d'euros par rapport à fin 2013, doit toutefois faire retrouver à Bouygues Telecom un flux de trésorerie disponible à nouveau positif en 2016.