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Le premier tour est passé, plus d'un million et de demi d'électeurs ont appuyé sur un bouton pour valider leur choix. Pourtant, la polémique sur les machines à voter n'a jamais été aussi vive. Rappelons que le
premier texte donnant liberté d'utiliser ce type d'équipement date de 1969. Quel est alors le risque ? Au minimum celui d'une infime erreur, au maximum celui d'une manipulation du programmepar modification du code.
Une manipulation difficile, mais faisable. Tout informaticien le sait, les risques ne sont, de toute façon, pas nuls. Mais ce n'est pas tant l'incertitude informatique qui est en jeu que la transparence. L'ire des électeurs au
sujet de la machine à voter tient sans doute plus au manque de contrôle de leur vote. La transparence de l'urne est a priori emblématique d'une certaine transparence électorale. En refusant l'opacité des circuits intégrés, les
électeurs se défendent de confier leur choix à une boîte noire, mais aussi d'une perte symbolique, et paradoxale, du secret de leur vote. Aux yeux du commun, une machine est toujours suspecte. Parce qu'elle a une mémoire, et parce
qu'elle est contrôlée par des instances inconnues, fournisseurs ou circuits intégrés. A contrario, les assesseurs, généralement issus des diverses forces politiques, garantissent le bon déroulement de l'élection et introduisent une
dose d'humanité, à l'opposé d'une démarche désincarnée par la machine. La transparence de l'urne renvoie donc à celle du fonctionnement démocratique, mais aussi, à la garantie du secret contrôlé de visu au moment où
l'enveloppe se mélange aux autres. Refuser la machine, c'est défendre cette liberté de vote et son secret. Dernier point, ' machine ', ' machiner ' et ' machination ' ont la même racine. Dans leur sens
premier, ces mots signifient ' ruser, manigancer, organiser en secret des actions nuisibles, malhonnêtes ', nous dit Le Robert. Un manque de confiance enversles machines qui trouve là une racine.(*) Rédacteur en chef
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