Axway, une pépite logicielle française qui revendique sa double nationalité franco-américaine

Détachée de Sopra depuis le spin off de 2011, l'éditeur de logiciels Axway se renforce en rachetant Systar, une petite société qui développe des logiciels de pilotage de la performance opérationnelle. De passage à Paris, Christophe Fabre, DG d'Axway dévoile les pistes de croissance de l'éditeur français.
« J’ai préféré piloter une entreprise française depuis les Etats Unis, plutôt que gérer des équipes américaines depuis la France », assène d’entrée Christophe Fabre, le DG d’Axway. Cet ingénieur entré en 1995 chez l’ancienne maison mère Sopra, en tant que développeur, a franchi toutes les marches de l’entreprise pour en devenir le Directeur technique puis aujourd’hui le DG. Aujourd’hui installé à Phoenix en Arizona, où se situe le siège américain d’Axway, il revient en quelques dates marquantes sur l’histoire de son entreprise et dévoile les pistes de croissance de l’éditeur français.
« L’aventure Axway a débuté en 2001 avec la filialisation de cette activité. Quatre ans plus tard, l’entreprise affirme son ambition internationale en s’installant aux Etats Unis, suite au rachat de Cyclong Software, une petite société spécialisée dans l’intégration (basée à Phoenix d’où le choix de l’implantation initiale). Mais c’est avec le rachat de Tumbleweed en 2008 que l’éditeur scelle définitivement son installation outre-Atlantique. 2011 marque le deuxième grand chapitre d’Axway : c’est l’année du spin off avec la maison mère Sopra. Aujourd’hui, nous poursuivons notre évolution avec le rachat de la société Systar qui renforce notre compétence technologique dans l’univers bancaire et financier ».
30 à 40 % du chiffre d'affaires réalisé avec le secteur banques et finance
Ce secteur reste en effet l’un des deux axes majeurs d’Axway avec celui du Supply chain. « La banque représente entre 30 et 40 % de notre chiffre d’affaires », précise Christophe Fabre. Côté géographique, Axway ne renie pas sa double nationalité avec 35% de son chiffre réalisé en France et 38% aux Etats Unis. « Le reste de l’activité provient de pays européens et des marchés émergents comme le Brésil et l’Australie, très peu d’Asie (3%). Nous avons encore pas mal de marge de développement aux Etats Unis. En Europe, le Royaume Uni figure parmi les régions où nous manquons encore de présence ainsi que l’Allemagne. Cette dernière reste un marché compliqué en raison de la forte présence des SAP et autres Software AG. Mais gageons qu’avec une future alliance Sopra/Steria, nous pourrons revenir à la charge notamment auprès des britanniques », explique Christophe Fabre.

Participer à la transformation numérique des entreprises
Quant à la répartition des revenus, sur les 237 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2013, 45 % sont consacrés à la maintenance, 32 % à la vente de licences et 23 % aux services. « Nous avons progressé de 8% en France mais en tenant compte des deux années précédentes qui ont été compliquées dans l’hexagone », souligne Christophe Fabre. « Je me suis rendu compte qu’en plus du contexte économique dégradé, les entreprises se sont lancées dans une réflexion profonde sur leurs stratégies digitales. Ce qui a eu un impact sur leurs décisions en matière informatique ». Les entreprises ont par exemple exigé d’avoir accès aux données depuis leurs mobiles ou leurs tablettes. Elles cherchent aussi à rationaliser et standardiser leurs solutions existantes. L’éditeur a donc du tenir compte de cette nouvelle donne avant le lancement de la version 5 de son produit. « Tous les process de l’entreprise se doivent d’intégrer les nouveaux flux », confirme Christophe Fabre qui insiste sur l’émergence de nouveaux clients tentés par la digitalisation de leurs activités. « Quand une BMW dialogue avec un système d’information, c’est Axway qui s’occupe des flux. De même aux Pays Bas, nous travaillons sur les échanges de données avec les compteurs électriques intelligents ».
Et d’enchaîner sur le cloud et le big data qui figurent parmi ses axes de développement. « Le cloud a changé le mode de consommation mais pas forcément notre modèle économique. Pas grand monde parmi nos clients actuels n’a franchi le pas. Leurs données sont trop sensibles. Par contre, nous avons récupéré un peu -5%- de business sur des nouveaux segments de marché, intéressés par le coût et la souplesse du cloud ». Nous travaillons dans ce domaine avec Amazon Web Services et des prestataires locaux.

Systar, la toute dernière aquisition
Mais l’actualité d’Axway est aussi à mettre au crédit du rachat de Systar, annoncé fin mai. Cette société qui réalise un CA de 20 millions d’euros innove dans –notamment- l’administration centralisée des flux. « C’est une société d’ingénieurs très pointus, sur des besoins très verticaux d’ « Operation Intelligence ». Christophe Fabre ne leur voit qu’un seul concurrent aujourd’hui en la personne de la société Vitria, une ancienne star de l’intégration qui après s’être perdue pendant dix ans, commence à refaire surface. « Ce qu’a compris Systar est que pour faire de l’Operation Intelligence il fallait partir du besoin business et descendre. Alors que jusqu’alors, nous avions l’habitude de démarrer de la plomberie et de remonter. Il faut en fait regarder les besoins métiers et connecter ensuite tout cela ». Pour illustrer ses propos, le DG d’Axway prend l’exemple des moyens de paiement : « un responsable va vouloir s’assurer que tous les paiements ont été effectués en temps et en heure. Et si un problème intervient, il va chercher à comprendre ce qui s’est passé pour anticiper si cela se reproduit. Il pourra aussi rejouer des scénarios ». Systar a ainsi développé sept modèles de supervision opérationnelle et le produit qui supporte donc ces sept modèles. Une nouvelle pierre à l’édifice de Axway.