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Le grand rendez-vous des télécoms, qui s'est déroulé pour la première fois à Hong Kong, a révélé la progression du WiMAX mobile face au HSDPA, déjà en phase de déploiement. Le troisième standard, le TD-SCDMA, n'en est encore qu'à ses débuts mais compte bien jouer les trouble-fêtes.
Les dizaines de milliards de dollars liés au renouvellement des réseaux voix et données des opérateurs sont la raison de l'engouement pour les expositions organisées par l'ITU depuis 1971. Pour la première fois hors de son nid genevois, la plus vieille exposition mondiale des télécoms avait, en décembre dernier, des reflets de Telecom Asia tant les équipementiers et opérateurs asiatiques étaient omniprésents. Si Alcatel-Lucent, Cisco et Motorola n'avaient mené le ballet des annonces autour de la TV sur IP et des hauts débits, on n'aurait vu que les offres chinoises, coréennes et japonaises.
Trois standards, trois groupes de pression
Dans une débauche de stands gigantesques animés par de superbes hôtesses, on a pu découvrir les nouveaux équipements d'infrastructures réseaux. IP dans tous les équipements, Ethernet de bout en bout, vidéo à la demande, visioconférence avec téléprésence, convergence fixe-mobile, IMS (IP multimedia system), géolocalisation : tous les nouveaux services ont été proposés aux opérateurs pour leur fournir des relais de croissance, les revenus de la voix seule ne cessant de diminuer.En marge d'ITU Telecom World 2006, qui se tenait à proximité de l'aéroport, la onzième édition du 3G World Congress se déroulait en plein centre-ville, une deuxième manifestation qui faisait vraiment de Hong Kong la capitale mondiale des mobiles. On pourrait résumer la situation des nouvelles offres mobiles ?" de manière caricaturale ?" à une bataille entre les coréens, associés aux américains, et les européens associés aux japonais.Du côté américano-coréen, on met en avant le WiMAX mobile avec Intel et Samsung, et pour l'autre camp, on pousse le HSDPA avec Ericsson et Nokia alliés aux constructeurs NEC et Toshiba et aux opérateurs NTT et KDDI.Au bord du champ de bataille, on retrouve les autres protagonistes, simples observateurs ayant le souci de ne pas prendre parti. C'est le cas d'Alcatel-Lucent et des industriels chinois. Mais, au-delà des évolutions coûteuses de la 3G, les fabricants chinois Huawei Technologies, Datang et ZTE n'ont pas cessé, pendant le salon, de promouvoir le lancement du TD-SCDMA. L'enjeu de ce combat ? Le remplacement à moindre coût, dans les deux années qui viennent, des premiers réseaux GSM, plus chers à administrer que les produits de nouvelles technologies.Au-delà du nombre réduit d'antennes et de leur capacité à traiter plus de clients par cellule, ces nouvelles offres ont surtout pour elles d'offrir aux utilisateurs de meilleurs temps d'accès à l'information, qu'il s'agisse de vidéo, d'accès aux chaînes TV et à internet, ou même de musique en MP3.On passe d'un débit théorique de 384 kbit/s pour l'actuelle 3G à 2,4 Mbit/s pour le HSDPA (3,5G), tandis qu'on a annoncé 4,5 Mbit/s réels pour le WiMAX mobile, aussi connu sous la référence 802.16e. Mais ce dernier, qui fonctionne en mode partagé, serait plus sensible aux signaux concurrents et ne pourrait offrir que des débits beaucoup plus réduits avec, en plus, une consommation de batteries excessive. Les opérateurs Deutsche Telekom et Cingular Wireless ont d'ailleurs repoussé leurs essais sur le terrain en attendant une version plus aboutie. Ce sont certainement Alcatel-Lucent et Motorola, deux poids lourds du secteur, qui ont le plus impressionné les visiteurs d'ITU Telecom World 2006. Ils ont apporté la preuve de leurs investissements dans toutes les technologies mobiles ?" le WiMAX mobile, le HSDPA et le W-CDMA ?", en présentant une panoplie complète de cartes PCMCIA et des prototypes de terminaux WiMAX.
L'objectif est de rester dans la course
Reflet de cette domination, une station de base 3G Nortel accrochée au mur comme un trophée de chasse était là pour rappeler que le couple franco-américain ne craint plus personne. L'accord récent de Motorola avec le fondeur de puces WiMAX Beecem montre que le constructeur ne sera pas à la remorque des coréens, du moins en ce qui concerne les terminaux. Que ce soit pour des cartes d'origine ZyXEL ou des boîtiers Oki, l'objectif est d'être à la source des développements. Akiko Horiguchi, responsable des relations publiques d'Oki, a déclaré : ' Si, en Europe, nous sommes surtout connus pour nos imprimantes, nous proposons au Japon une large gamme de modems à haut débit pour les opérateurs. Notre investissement dans le WiMAX devrait nous permettre de progresser face à nos concurrents habituels [NEC et Toshiba, NDLR]. 'L'accord de développement entre Motorola, Samsung et Intel pour relancer l'opérateur américain Nextel, avec un budget de près de 3 milliards de dollars à la clé, donne une idée des enjeux économiques autour de la bataille des standards. Mais, pour KT (Korea Telecom), l'investissement à long terme est plus intéressant : tout l'environnement sera sous IP, ce qui est pratique pour une bonne intégration avec IMS, l'interface entre fixe et mobile. Quant à la 4G, elle ne devrait pas sortir des limbes avant 2012, même si elle pourrait être la vedette du prochain ITUWorld Telecom, qui sera de retour à Genève en octobre 2009.
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