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Pour le spécialiste de la distribution de prêt-à-porter, la virtualisation passe d'une logique de mesure d'urgence au statut de socle de rénovation de son informatique.
Beaumanoir, 370 magasins en France en 2004 et 1 880 à travers le monde en 2010, met en place un cloud privé pour répondre à son expansion. Groupe breton de distribution de prêt-à-porter chapeautant les marques Cache-Cache, Patrice Bréal, Scottage, Bonobo ou encore Morgan, Beaumanoir a connu une croissance phénoménale ces dix dernières années. Un succès reposant en partie sur le rachat de sociétés et le développement à l'international, particulièrement en Chine. Face à une telle montée en puissance, le système d'information a eu d'autant plus de mal à suivre que cette croissance n'avait pas été anticipée à sa conception. Dans l'urgence, David Legrand, DSI du groupe, opte donc pour la seule solution qui lui permet de gagner du temps : la virtualisation.
Contourner une structure en silos handicapante
Hébergé à Saint-Malo, au siège du groupe, le système d'information de Beaumanoir repose sur des logiciels métier tels que Cylande, Sage et Infolog, ainsi que sur des développements en Delphi. “ En 1999, le groupe n'avait qu'un seul serveur pour une seule enseigne et 69 magasins, se souvient David Legrand. Au fil des rachats, l'infrastructure était dupliquée pour chaque nouvelle enseigne. ” Aujourd'hui, Beaumanoir répartit équitablement sa production entre ses deux centres de données à Saint-Malo, chacun étant équipé d'environ 100 serveurs. Le système d'information est toujours découpé en autant de silos que le groupe a d'enseignes, aucune consolidation n'étant opérée, hormis l'indispensable agrégation comptable des chiffres du groupe. Dès 2007, cette configuration commence à s'essouffler.Faute de dialogue entre ces silos, Beaumanoir ne dispose pas de la vue d'ensemble nécessaire à la mise en place d'une stratégie d'achats à l'échelle du groupe. Même chose pour l'analyse comportementale. En parallèle, la situation géographique des datacenters commence à peser lourd sur sa stratégie. Si Saint-Malo attire sans difficulté les amoureux de la voile, c'est plus difficile d'y faire venir des compétences pointues en informatique. De plus, la région est plutôt mal desservie en connexions haut débit : un seul opérateur, des tarifs plus élevés que sur Paris et une connectique limitée qui ne permet pas au groupe de s'appuyer sur un lien redondant garantissant la sécurité de son système d'information.Résultat, quand l'entreprise reprend la marque Morgan en mars 2009, le DSI de Beaumanoir décide d'opérer un tournant : “ Face au rythme effréné de notre croissance, la remise en cause n'était pas envisageable, faute de temps. Il nous fallait des ressources, et vite, pour intégrer Morgan à notre système et gérer la croissance en Chine. La virtualisation et l'externalisation sont vite apparues comme les seuls leviers possibles. ”Beaumanoir fait alors appel à son prestataire historique, Antemeta, qui avait déjà la charge de l'infrastructure de sauvegarde du groupe. Pour des raisons liées à la situation géographique, l'intégration du système de Morgan sera conduite par externalisation dans le centre parisien d'Antemeta. Lancé en octobre 2009, le projet est mené en moins de six semaines par une équipe composée de cinq personnes issues de Beaumanoir et de cinq autres, d'Antemeta. L'existant de Morgan est en partie virtualisé : cette solution présente notamment l'avantage de ne pas avoir à retoucher à cet existant obsolète et non documenté, donc difficilement évolutif. Il est complété par des applications propres au groupe, l'ensemble représentant 40 machines virtuelles en environnements Windows, Linux et AIX. Les serveurs dialoguent avec le centre du siège via une liaison en fibre optique de 100 Mbit/s.En parallèle, le marché asiatique explose et les dispositifs informatiques en place, quelques serveurs épars, se révèlent insuffisants. En avril 2010, Beaumanoir décide de monter un centre de données à Shanghai. Le projet, mené par Antemeta, Beaumanoir et les équipes locales, dure deux mois. Comme pour Morgan, les 30 serveurs physiques du datacenter hébergent des machines virtuelles de silos applicatifs reprenant les applications utilisées par le groupe. Dans un premier temps, une réplication entre un serveur situé à Saint-Malo et le centre chinois est mise en place. Mais l'opération est rapidement abandonnée en raison de la très mauvaise qualité de la connexion.
Se détacher des contingences géographiques
Fort de ces deux premières étapes, Beaumanoir poursuit sa mutation. Transformant ce qui n'était qu'une solution d'urgence en stratégie d'infrastructure matérielle, le groupe applique la même logique au siège. Lancée en juillet 2010, l'adaptation des deux centres de données de Saint-Malo doit s'étaler sur deux ans. Les 200 serveurs existants seront ramenés à 20 serveurs physiques, des HP Blade dans des châssis C-Class, hébergeant plus de 250 machines virtuelles, principalement sous Windows. L'ensemble, comme pour la Chine et le centre parisien de Morgan, sera virtualisé à l'aide des technologies de VMware. L'infogérance, prestation de type Iaas (Infrastructure as a Service), est assurée par Antemeta pour tous les sites du groupe.“ Avec ce projet, nous achevons notre refonte de l'infrastructure matérielle, explique David Legrand. Nous disposerons ensuite de la souplesse requise pour jongler entre nos différents sites et pour nous détacher des contingences matérielles et géographiques. Une condition nécessaire pour faire évoluer, en toute tranquillité, notre système d'information sans être pris au dépourvu par la croissance. ” Car la virtualisation offre au groupe la possibilité de monter en charge sans remettre en cause l'existant. Au pire, la croissance pourra être gérée par l'ajout de nouveaux serveurs, et ce dans n'importe quel site.Reliés entre eux, les trois centres constituent en effet un cloud privé qui apporte aussi la flexibilité dont le groupe avait besoin pour gérer la particularité de sa situation géographique. Certaines applications pourront ainsi être délocalisées. Typiquement, l'extranet sera progressivement déporté sur le centre parisien, dont la connectique est plus performante, tant en termes de coût que de capacité réseau. “ Cette souplesse nous offre une marge de manœuvre colossale, tant en termes de réseau et de matériel que d'architecture applicative, estime David Legrand. Nous gérerons une informatique éclatée comme un seul et unique datacenter. ” Souplesse que Beaumanoir compte exploiter dès cette année, une fois la refonte de ses deux centres de données terminée. Le groupe prévoit en effet de remplacer ses applications métier existantes par un progiciel de gestion intégré, grâce auquel il mettra fin aux silos et obtiendra la vision globale nécessaire à la mise en place de stratégies groupe.
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