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Trois ans pour migrer vers le libre. C'est l'objectif que s'est fixé le groupe industriel. Ce projet recueille l'adhésion de la direction générale, et des utilisateurs.
Beaucoup en parlent. Mais peu de sociétés passent à l'acte. Car effectuer le grand saut vers l'open source n'est pas de tout repos, c'est même une remise en cause complète des processus techniques, fonctionnels et organisationnels. Le
Groupe Bénéteau, avec son parc de 1 600 PC, le vit aujourd'hui en interne. Il vient de décider de basculer sa bureautique (traitement de texte, tableur, etc.), aujourd'hui sous Microsoft Office, vers des applications libres sous Open Office, et cela
sur trois ans. ' C'est d'abord un choix économique. Du reste, ce ne peut être qu'un choix économique ', atteste Jean-Louis Lefebvre, DSI du premier groupe français de construction navale, de maisons
pour l'hôtellerie de plein air et de véhicules sans permis. Les licences Microsoft Office lui coûtent par an 130 000 euros. Le peu de solutions concurrentes rend difficile la négociation avec l'éditeur américain. D'où son passage au
libre.
Des économies concrètes
Chez Bénéteau, une seule personne est accréditée à dispenser les formations informatiques aux utilisateurs. C'est un atout. Pendant six mois, elle a réalisé une étude comparative entre les diverses solutions bureautiques du marché.
Celle-ci a débouché sur un cahier des charges des besoins formulés pour migrer. Sa conclusion est double : Open Office est l'outil le plus proche en termes d'utilisation et de paramétrage. Au moins 80 % des utilisations peuvent être
facilement basculées. Les économies induites sont intéressantes. Le DSI soumet donc l'idée à des directeurs généraux et des utilisateurs enthousiastes. Le service informatique est le premier à se doter du nouvel outil. Un passage obligé pour montrer
que le basculement est réalisable. ' Ensuite, nous avons décidé de tester le produit sur un petit nombre de personnes, mais dispersées dans toutes les sociétés du groupe. '
Pas question de convertir l'ensemble du parc
En août dernier, Open Office a été déployé dans la direction des ressources humaines commune à toutes les sociétés du groupe. Pourquoi elles ? ' Tout simplement parce qu'elle doit communiquer avec d'autres
interlocuteurs, en interne ou en externe, émettre et recevoir des documents de natures diverses, à différents formats. ' Selon Jean-Louis Lefebvre, c'est la structure idéale pour s'assurer de l'absence de freins au
changement. Il se donne jusqu'à mai 2007 afin de valider la solution.Concernant la suite du projet, le Groupe Bénéteau s'est fixé deux ans pour basculer. Il n'est pas à ce jour question de convertir l'ensemble du parc : 20 % des postes conserveront Microsoft Office. Non pas du fait qu'il
existe des utilisateurs irréductibles, mais parce que quelques services exploitent des macros complexes, dont certaines ne peuvent être redéveloppées. En général, les transferts en traitement de texte se déroulent sans encombre. Excel pose parfois
quelques problèmes, de même que les gros documents Powerpoint. Mais, dans tous les cas, ' nous ne sommes pas favorables au développement de macros sous Excel ou MS Access, affirme le directeur des services
informatiques. Il doit rester limité '.
Un projet qui se révèle mobilisateur
Tous les utilisateurs concernés suivront donc la formation. Elle est d'autant mieux acceptée que le projet remporte les suffrages. Une journée pour tout savoir sur Open Office et se remettre à niveau : cette formation est aussi
une piqûre de rappel bien utile sur les usages de la bureautique. Elle offre, en outre, l'occasion de rafraîchir les formulaires. Open Office est ensuite installé en double sur le PC pendant trois mois. Puis la DSI retire Microsoft Office.
' L'adoption s'effectue alors naturellement, se réjouit-il. Les utilisateurs en sont même fiers. C'est un projet mobilisateur, qui, de surcroît, génère des économies
productives. 'h.derceville@01informatique.presse.fr