Bernard Charlès (Dassault Systèmes) : « Nous allons lancer une plate-forme collaborative en ligne »

Rencontre exclusive avec le directeur général de Dassault Systèmes lors de Solidworks World 2011. L'occasion de faire le point sur la stratégie de l'éditeur vis-à-vis de Solidworks et sur ses prochains lancements.
Le directeur général de Dassault Systèmes, la maison mère de Solidworks, a répondu à quelques questions à 01netPro à l'occasion de la conférence utilisateur Solidworks World 2011. Bernard Charlès évoque l'intégration de cet éditeur américain dans l'organisation Dassault Systèmes ainsi que les projets communs des deux entités, notamment vis-à-vis du cloud computing.
01NetPro : Quel rôle a joué Solidworks dans la stratégie de Dassault Systèmes jusqu’à aujourd’hui ? Ce rôle est-il amené à évoluer ?
Bernard Charlès : Solidworks promettait de créer un logiciel de CAO mécanique sur Desktop, sous Windows, et à un prix abordable. Promesse tenue, et avec succès, puisque Solidworks détient 50 % de ce marché aujourd’hui et qu’un million de licences éducation ont été diffusées dans le monde. Ce que nous voulons maintenant, c’est nous élargir à d’autres secteurs, en n'étant plus uniquement sur la CAO mécanique, mais sur la 3D professionnelle.
Dassault Systèmes et Solidworks vont enfin aborder le marché des architectes ?
BC : Nous étions déjà présents sur ce marché, à travers notre collaboration avec Franck Gehry, mais plutôt sur des projets impliquant des formes très complexes. C’était donc une niche haut de gamme. Nous avons beaucoup appris avec Gehry. Nous allons donc lancer Live Buildings, un outil de création de concepts de bâtiments. Le logiciel s’appuiera sur des composants V6, mais sortira sous la marque Solidworks.
Comment faites-vous aujourd’hui travailler les équipes Dassault Systèmes et Solidworks ?
BC : Nous avons globalisé la R&D. Quand cela présente un réel intérêt, les équipes échangent des composants pour faire des produits qui, au final, respectent les marques. Ainsi, nous gagnons du temps pour le développement des composants réellement différenciants. Par exemple, Solidworks – qui utilisait jusqu’alors le moteur d’un éditeur tiers – a adopté le moteur de résolution de contraintes développé par Dassault Systèmes, un composant vraiment très performant. Mais nous veillons à garder l’expérience utilisateur de chaque marque, car c’est capital. Notre R&D fonctionne maintenant avec, d’une part, des chefs de technologies qui travaillent sur les composants techniques et d'autre part, des chefs d’expérience qui se consacrent aux usages et à la mise en œuvre des composants technologiques. De même, nous avons découplé notre réseau de distribution, désormais multimarque.

Pouvez-vous résumer votre stratégie cloud computing ?
BC : Lors de nos interventions ce matin, personne n’a prononcé une seule fois le mot cloud. Il faut en effet montrer les usages, démontrer la simplicité d’utilisation pour convaincre. Ainsi, nous allons lancer cette année N!Fuze, un service en ligne pour stocker, échanger des données de conception dans un environnement collaboratif. Le calcul est simple, si vous avez installé PDMWorks sur cinq postes,vous avez besoin d'un serveur, d'une base de données à administrer, de sauvegardes à effectuer. En termes de coûts, un petit bureau d’études devra donc employer un technicien, et se payer un serveur. Un service du type de N!Fuze aura comme avantages un coût d’entrée très faible, une grande élasticité et la flexibilité.
Quels seront les prochains services en ligne que Dassault Systèmes et Solidworks vont lancer ? Certains expérimentent notamment le volet calcul…
BC : La simulation sur Desktop fonctionne bien. Pas besoin de service en ligne pour ça. Quant à nos clients Simulia, qui font des calculs très complexes, ils savent fort bien gérer leurs serveurs eux-même ! Nous le ferons sans doute un jour, mais ce qui nous intéresse en priorité, ce sont les usages, ceux où les services en ligne sont réellement plus pratiques. D'autre part, nous travaillons à des déploiement à grande échelle de SWYM – la plate-forme de réseaux sociaux que nous avons déployé en interne depuis trois ans – chez des grands clients, mais nous préférons rester discrets et travailler avant de songer à communiquer.
Vous avez réalisé ce matin une démonstration du service Post3D. De quoi s’agit-il ?
BC : Il n’est pas encore certain que ce soit le nom définitif du produit mais Post3D sera un service de type 3Dvia Hosting, mais avec des limites. Le but est d’offrir un environnement 3D en ligne, partageable, où on peut échanger autour d’un design Solidworks. Le service sera proposé sur abonnement en fonction de l'espace de données occupé.
Pour conclure, on a vu en 2010 le retour des grands contrats, conclus avec de grands industriels. Comment l’expliquez-vous ?
BC : Il y a eu un vrai renouveau, notamment dans le secteur électronique, les EMS. Il existait des solutions de CAO, des solutions d’analyse, de manufacturing mais ces industriels sont venus nous voir car ils ont compris qu’ils n’avaient qu’une collection de toolkits. Et qu'ils avaient besoin d’une solution en ligne centralisée. Dans leur activité, la traçabilité (qui a accédé aux données, à quel moment et pendant combien de temps) est capitale pour protéger leur propriété intellectuelle. Ne plus avoir à déplacer les données, c’est incomparable et pour ça, la V6 est un atout majeur.
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