Big data, modèle inflationniste
Vincent Berdot, grand reporterEn quarante-cinq ans, les données de l'entreprise se sont émancipées. Du mainframe, où elles étaient historiquement cantonnées, elles ont envahi les PC, saturé les bases de données, inondé les systèmes de fichiers partagés. Signe des temps, leur gestion a supplanté ? dans le discours au moins ? les thèmes techniques liés aux infrastructures des technologies de l'information (IT) (puissance des serveurs, débit des réseaux…). Mieux encore : cette discipline fédère désormais des acteurs d'origines diverses (intégration, décisionnel, référentiels, gestion de contenu, bases et entrepôts de données), qui pointent de concert les défaillances des entreprises en matière de gouvernance et de sémantique des données. A les croire, les organisations seraient assises sur des montagnes d'informations dont l'analyse et le croisement produirait une richesse à ce jour impalpable ! Sans totalement adhérer à cette vision, reconnaissons que la gestion de l'information est souvent le talon d'Achille de ces organismes. Mais, alors qu'ils sont empêtrés dans des chantiers de mise en cohérence, voilà qu'on les incite aujourd'hui à produire, et surtout à digérer une nouvelle masse d'information. C'est le big data, actuellement au centre des débats. Son principe ? Accumuler une montagne de données de détails traduisant, par exemple, les moindres faits et gestes des clients (notamment sur le web) ou tous les événements liés aux ventes. Là encore, l'analyse de ce corpus promet monts et merveilles. Difficile de ne pas voir derrière ce modèle inflationniste un simple discours de vendeurs, qui seront bien sûr présents lorsqu'il faudra aider l'entreprise à donner du sens à toutes ces informations. Quand bien même ce modèle devrait s'avérer bénéfique, il est aujourd'hui prématuré d'en juger, du fait du manque de maturité des entreprises dans l'exploitation de leurs données actuelles. Et si le big data n'était qu'une fuite en avant ?
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