Bon anniversaire, Satyam !

Il y a un an, ce fleuron de l'informatique indienne s'effondrait. La prompte réaction des autorités a permis de sérieusement limiter les dégâts.
C'était il y a juste un an, le 7 janvier dernier. Ce matin-là, Satyam était encore l'un des fleurons des entreprises informatiques indiennes, une SSII universellement encensée pour ses performances, au-dessus de tout soupçon. Il y avait bien eu quelques incidents dans les semaines précédentes, mais bon, pas de quoi s'affoler.
Jusqu'à ce que, dans la journée, Ramalinga Raju, fondateur de l'entreprise, livre une confession publique sidérante : depuis des années, les comptes de Satyam étaient truqués, la confortable marge affichée était en fait presque inexistante, tout comme l'abondante trésorerie apparemment présente dans les caisses. La révélation suscitait alors un scandale sans précédent dans l'histoire de l'Inde, comparable aux plus grosses « affaires » financières telle la faillite d'Enron, aux Etats-Unis. Dans l'atmosphère de panique qui s'installait alors, personne ne donnait cher de l'avenir du groupe...
Un an plus tard, la situation est bien différente. Satyam est toujours là, même si la SSII s'appelle désormais Mahindra Satyam, du nom du conglomérat Mahindra qui en a pris le contrôle le 13 avril dernier avec l'ambition de s'imposer parmi les grands de la profession en Inde. De nouveau pleinement opérationnelle après quelques mois de paralysie, la société a été rudement secouée. Des milliers de salariés sont partis, tandis que plusieurs milliers d'autres, qui n'avaient pas d'affectation en cours sur des contrats précis, ont été mis au repos forcé, priés de rester chez eux avec un salaire réduit.
Des pouvoirs publics très efficaces
La lente reprise des opérations permet maintenant au groupe de rappeler progressivement une partie de ce personnel. Simultanément, après le départ de plusieurs gros clients, comme l'assureur américain State Farm Insurance, Mahindra Satyam a commencé à signer de nouveaux contrats. Le groupe affirme que 36 nouveaux clients lui ont fait confiance dans les cinq derniers mois.
Le fait est que l'on ne peut que saluer l'efficacité de la réaction des pouvoirs publics pour traiter un scandale qui menaçait la réputation de toute l'industrie indienne. De la nomination immédiate par le gouvernement d'un conseil d'administration de crise jusqu'à un processus de vente bien maîtrisé, en passant par une fermeté exemplaire vis-à-vis des présumés coupables – Raju et plusieurs autres dirigeants du groupe sont depuis près d'un an en détention préventive –, tout a été fait pour limiter les dégâts.
Reste encore à éclaircir le plus mystérieux : les mécanismes des détournements massifs de trésorerie subis par Satyam, le montant et les motivations de la fraude, l'étendue des complicités. Toutes choses qui devraient se préciser rapidement quand les enquêtes en cours arriveront à leur terme. En 2010 encore, on parlera beaucoup de Satyam.