Bosch prend enfin Internet au sérieux

L’industriel allemand mesure enfin le potentiel de l’internet. Jusqu’alors étonnamment discret dans le domaine, il accélère aujourd’hui sa stratégie 2 .0 et digitalise ses activités d’équipementier automobile en jouant sur l’interactivité et les médias sociaux tant avec ses clients qu’avec ses partenaires.
Longtemps insensible aux sirènes d’Internet, Bosch Rechange Automobile passe à la vitesse supérieure et positionne désormais les technologies 2.0 au cœur de sa stratégie globale. L’imposante division de fourniture de pièces automobiles de l’équipementier allemand qui pèse pour 66% dans les 46,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires du groupe dévoile son nouvel arsenal numérique : un site web entièrement refondu, la création d’une chaîne Youtube, d’une page Facebook et d’un compte Twitter, la mise en place d’une structure interactive pour dialoguer online avec les clients (le personnage Karl ci-contre) et enfin le déploiement d’une politique Web-to-store pour faire du sans couture en magasins physiques et site internet. L’objectif pour la division de Bosch est de ne plus se cantonner à la revente de pièces autos mais de proposer davantage de services et de conseils aux consommateurs finaux, comme aux professionnels.
Rassurer les revendeurs du réseau Bosch
De quoi d’ailleurs inquiéter ces derniers. Face à la puissance du mastodonte allemand, les partenaires pourraient ainsi craindre de se retrouver déposséder du contact direct avec les clients si ceux-ci venaient à augmenter de façon importante leurs transactions en ligne. « Ce n’est pas le but, clame Thierry Leblanc, le patron France de Bosch Rechange Automobile. Il ne faut pas limiter notre vision au e-commerce. Nos produits nécessitent une expertise technique et professionnelle lors de leur installation. Il en va de la sécurité et l’intégrité des véhicules. Notre stratégie digitale vise donc justement à accompagner nos clients vers des professionnels ». En utilisant les capacités de géolocalisation de Facebook, Thierry Leblanc espère par exemple orienter les clients vers l’enseigne la plus proche, leur proposant les produits et promotions du groupe.
Il s’agit aussi de mieux comprendre les attentes des consommateurs, en utilisant des outils capables de créer une proximité avec eux, tout en s’appuyant sur l’image de sérieux de Bosch. Et cela, sans venir percuter la stratégie des partenaires revendeurs tels que Feu Vert, Euromaster, Autobacs, mais aussi ceux du réseau Bosch Car Services.

Bosch doit combler son retard sur internet
Reste à concrétiser ce réveil sur le terrain. Le retard pris est en effet à la mesure de la léthargie dont Bosch a fait preuve dans le domaine depuis quelques années. Les raisons de ce démarrage tardif n'ont pas été précisées mais on peut imaginer uen certaine crainte de froisser les partenaires, la difficulté à servir des clients en dehors des circuits traditionnels, voire même le manque de conviction de certains dirigeants au niveau de la maison mère ou les discussions complexes pour obtenir des financements en interne.
L’industiel allemand devait aussi certainement se poser des questions par rapport à l’avance déjà prise par d’autres équipementiers, dont certains figurent parmi ses partenaires, voire par des pure players du web. En France Oscaro.com ou leboncoin.fr ont en effet vu grandir sur leurs plateformes ce marché autour de la vente de pneus et de pièces détachées automobiles. « Nous ne souhaitions pas entrer sur ce champ de bataille, explique Thierry Leblanc qui rappelle que la stratégie de Bosch ne consiste pas à limiter le web à une bourse d’échanges. « Ce modèle a son lot de zones d’ombres et le marché des réparateurs automobiles a besoin de changer d’image ».
Déjà 15 000 fans Facebook en 3 mois

Pour le moment les résultats semblent probants, selon Virgine Walspeck, Directrice Marketing de Bosch Rechange Automobile, à l'origine du projet : 15 000 fans sur Facebook en 3 mois, un partenariat signé avec allogarage.fr et des projets plein les cartons. Parmi eux figurent l’ouverture prochaine de la plateforme Drivelog. Ce dernier déjà ouvert en Allemagne joue le rôle d’intermédiaire entre les consommateurs et les réparateurs à l’instar de ce que proposent idgarages.com, revisersavoiture.com ou encore reparmax.com.
Parmi les prochains services figurent également le lancement de la prise de rendez vous en ligne avec un partenaire garagiste géolocalisé, le prépaiement, le prédiagnostic, la mise ne place d’actions de cross-selling, ou encore le montage d’opérations de promotions en ligne pour animer la communauté digitale du secteur.
Conçu et lancé en France, le projet Digital de Bosch est annoncé simultanément au Bénélux. Espagne et Italie devraient rapidement suivre. L’Allemagne, patrie de la maison mère, lorgne également avec intérêt cette initiative dont Bosch a refusé de divulguer le montant des investissements. Donnant pour seuls chiffres l’effectif de la direction marketing France composée aujourd’hui de 25 personnes.