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Trop à l'étroit dans ses sites parisiens en location, le groupe BPCE a rationalisé, puis relocalisé, une partie de son informatique de production dans ses propres bâtiments, à Castres.
Le groupe bancaire BPCE a inauguré, fin octobre 2010, un datacenter flambant neuf, baptisé Albiréo, en référence à l'étoile double de la constellation du Cygne. Ce centre de données, situé à Castres (81), est composé de deux bâtiments (Saphir et Topaze) distants d'un kilomètre, reliés par fibre optique, l'un étant le miroir de l'autre. Les deux infrastructures fonctionnent selon un mode actif-actif. “ L'informatique est une composante stratégique des banques ; c'est leur système de production. Il nous semblait important d'en conserver la maîtrise. De plus, la construction d'Albiréo nous a permis de moderniser les infrastructures en question. Dans ce domaine, nous avons ce qui se fait de mieux ”, explique Philippe Queuille, PDG d'Albiréo et directeur général de BPCE, en charge des opérations. En effet, avant la mise en production d'Albiréo, les infrastructures informatiques des seules Banques Populaires étaient regroupées sur un site dual parisien, composé pour moitié d'un datacenter appartenant au groupe bancaire et pour l'autre de salles détenues par un hébergeur tiers.Le système d'information (SI) du groupe BPCE se subdivise en quatre sous-ensembles : le cœur du SI des agences bancaires, le SI lié à la monétique, le SI dédié aux activités internet et celui rattaché au décisionnel. “ Concernant ce dernier point, notre outil de gestion de la relation client est piloté à partir de volumineuses bases de données et interconnecté à des systèmes de gestion marketing et commerciale. Chaque mois, le système d'information gère près de 15 millions de connexions ”, développe Laurent Eysseric, directeur de l'infogérance i-BP (informatique Banque Populaire). “ Or juste avant le déménagement, la capacité énergétique de nos solutions d'hébergement était saturée. Ce point bloquait beaucoup notre évolution ”, ajoute Philippe Queuille. Notamment, le groupe bancaire ne pouvait pas pleinement développer ses projets liés au décisionnel.
La recherche d'un très haut niveau de concentration
Les datacenters des Banques Populaires devaient donc évoluer pour permettre un très haut niveau de concentration des infrastructures, l'utilisation de nouvelles technologies nécessitant plus de puissance, et un maintien en conformité avec les nouvelles réglementations liées à la sécurité des SI. “ Dans ce nouveau site, nous pouvons exploiter notre système décisionnel à pleine puissance. Nous ne sommes plus obligés de brider les machines pour des raisons de capacité électrique. Nous sommes ainsi en mesure de répondre aux besoins complémentaires des banques comme le multicanal ou la gestion des données nécessaires au pilotage des risques ”, explique le PDG d'Albiréo.
Un site propice à l'implantation d'un datacenter
Le point fort de ce datacenter, ce sont ses caractéristiques techniques, qui lui permettent déjà de centraliser et de rationaliser les infrastructures des 21 banques du groupe Banque Populaire (17 Banques Populaires, 3 Caisses du Crédit Maritime Mutuel et la Banque de Savoie), jusqu'alors réparties sur deux sites parisiens. Les salles informatiques des bâtiments Saphir et Topaze ont une superficie de 750 m2. Pour l'heure, la puissance énergétique allouée est de 1,5 kW/m2. “ La consommation électrique élevée des serveurs présents en grand nombre, ainsi que les niveaux de disponibilité de redondance et de réplication demandés sont tels que les datacenters construits au début des années 2000 et offrant une puissance énergétique comprise entre 0,5 et 0,8 kW/m2 ne répondent plus aux exigences actuelles ”, souligne Laurent Eysseric. En cas de besoin, la puissance disponible sur Albiréo peut même être portée à 2 kW/m2.D'autres exigences ont poussé le groupe BPCE jusqu'à Castres. D'une part, les bâtiments devaient être alimentés en électricité par deux voies physiques distinctes. Ce qui est le cas : l'une des alimentations provient de la vallée du Rhône, la seconde de la vallée de la Garonne. “ Nous avons un objectif très fort en termes de maintien de service. C'est pourquoi, l'infrastructure déployée est de type Tier 4(*) ”, souligne Philippe Queuille.D'autre part, la zone Causse Espace Entreprise, sur laquelle le centre de données est construit, était équipée de fibre optique, déployée à la fin des années 90 lors de la construction du datacenter des laboratoires pharmaceutiques Pierre Fabre. Le groupe bancaire a donc facilement eu accès aux opérateurs raccordés à cette zone.Fin 2007, la société Albiréo a été créée. La construction du site a débuté en mai 2008 et a duré dix-huit mois. En janvier 2010, les premiers équipements informatiques ont été relocalisés. “ Ensuite, nous avons déménagé des packages entiers de machines virtuelles VMware. Cette relocalisation s'est effectuée en deux mois environ ”, estime Laurent Eysseric. Depuis juillet 2010, le site est opérationnel.Il peut évoluer aussi en termes de volume, puisque chaque bâtiment contient une seconde salle informatique de 750 m2 encore non utilisée. En outre, le potentiel foncier permet au groupe bancaire de construire un bâtiment supplémentaire sur chaque terrain. Une troisième parcelle pourrait être intégrée au site. “ Le groupe BPCE souhaite coller au mieux à une courbe de croissance établie sur dix ans ”, expose Philippe Queuille. Ainsi, le groupe BPCE s'assure de pouvoir satisfaire ses propres besoins en salles blanches, mais ne se refuse pas de proposer ses services d'hébergement à des clients externes. “ Certes, ce n'est pas notre vocation, mais si nous obtenons des contrats qui nous permettent d'optimiser économiquement une sur-capacité éventuelle, et si la demande est là, pourquoi pas ! ”, explique-t-il.Enfin, la construction d'Albiréo ne constitue qu'une étape du processus de rationalisation engagé par le groupe BPCE. “ Nous projetons d'avoir un datacenter unique virtuel, au service de toutes les banques du groupe. Nous déployons un backbone qui nous aidera à atteindre cet objectif ”, affirme Philippe Queuille. Parallèlement à la construction d'Albiréo, à Castres, le groupe bancaire a entamé l'édification d'un second site dual dans la région parisienne : Antarès (en référence à une autre étoile double). A terme, le regroupement de banques souhaite conserver trois sites : Albiréo, Antarès et Marcoussis (en sous-traitance), contre sept aujourd'hui. “ Nous recherchons l'efficacité économique car nos équipes informatiques doivent proposer des niveaux de prestation de plus en plus élevés ”, conclut le PDG d'Albiréo.(*) Niveau d'équipement garantissant 99,995 % de disponibilité.
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