Bring Your Own Device : attention au télétravail informel !

Porteur de grandes promesses en termes de réduction des coûts, d'augmentation de la productivité et de satisfaction des salariés, le BYOD accentue le phénomène du télétravail caché.

L’informatique d’entreprise est en retard par rapport à l’électronique grand public, mais les employeurs cherchent à bénéficier de l’état de l’art en termes de mobilité pour optimiser la productivité et la satisfaction de leurs employés. Ainsi, comme le révèle une étude menée par IDC et Bouygues Telecom, publiée en mai 2012, l’équipement en outils nomades progresse avec, notamment, un triplement de la fourniture en tablettes attendue d’ici à douze mois ou l’extension de la virtualisation des postes de travail.
De la mobilité au télétravail caché
Cependant, une autre conclusion de l’étude est que ces appareils mobiles favorisent l’empiètement de la sphère professionnelle sur la vie privée des salariés, avec une utilisation le week-end, en soirée, en vacances ou au petit-déjeuner. Ainsi, près de 61 % des personnes équipées de smartphones déclarent « télétravailler », alors que le taux de télétravail officiel est de 9 %.
Ceci n’a rien de nouveau, et on se souvient qu’à la fin du XXe siècle, les premiers mobiles et PC portables, présentés comme des avantages en nature, apparaissaient déjà comme des instruments de contrôle des employés et d’allongement de leur journée de travail. Mais un peu plus de dix ans plus tard, avec la généralisation de l’internet haut débit, la 3G, les smartphones et les tablettes, les capacités d’ubiquité professionnelle se sont accrues.
Le BYOD, accélérateur du phénomène
Le phénomène du Bring Your Own Device (BYOD), parce qu’il favorise l’utilisation d’appareils personnels au travail, constitue en quelque sorte un facteur aggravant d’augmentation de ce télétravail caché, en rendant floue la frontière entre vies privée et professionnelle. Un conseil : vous pouvez éteindre votre téléphone professionnel quand vous quittez votre bureau le soir, et utiliser votre appareil personnel pour communiquer avec votre famille ou vos amis.

Mais quand vous ne disposez que d’un mobile privé pour les deux usages, vous aurez forcément plus tendance à répondre à un appel de votre supérieur au restaurant, ou sur la route des vacances. Idem depuis un PC portable ou un smartphone : rien ne vous oblige à répondre aux e-mails ou à vous connecter aux applications de gestion le week-end, mais les alertes visuelles ou sonores qui s’accumulent sont autant de rappels à votre « devoir ». Depuis votre tablette tactile, c’est encore plus rapide, et presque ludique : la tentation est forte de jeter un coup d'œil, juste un, à la dernière version du rapport au moment de la coupure publicitaire du film du soir ou entre deux parties d’Angry Birds.
Promouvoir des pratiques professionnelles saines
En résumé, le BYOD, porteur de grandes promesses en termes de réduction des coûts, d’augmentation de la productivité et de satisfaction des salariés, contribue aussi à accentuer le flou entre vies personnelle et professionnelle. Alors qu’il est d’abord pensé comme un mouvement de la première vers la seconde, il entraîne également un déplacement en sens inverse.
Il revient donc aux employeurs de faire en sorte que leurs salariés ne soient pas soumis au syndrome du « toujours connecté », en promouvant des pratiques saines de management, formalisées au sein de chartes de bonne utilisation des équipements personnels dans un cadre professionnel. Il est aussi nécessaire de sensibiliser et d’accompagner le changement auprès de tous les étages de la pyramide hiérarchique, afin que des limites raisonnables soient posées.
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