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Le géant du décisionnel rachète son compatriote spécialisé dans la consolidation de données. Il comble son retard dans la gestion de la performance sur Cognos, et sur Hyperion, repris il y a un mois par Oracle.
Consolider pour consolider... Pour 225 millions d'euros, Business Objects (BO) rachète Cartesis, le champion national de la consolidation statutaire. Cette transaction franco-française fait directement écho au rachat, le mois
dernier, d'Hyperion par Oracle pour un montant 10 fois supérieur. Le premier choix de BO se serait en fait porté sur Hyperion, selon la rumeur, non démenties par Bernard Liautaud, en charge de la stratégie de l'éditeur. Mais incapable de surenchérir
devant Oracle, l'éditeur s'est rabattu sur Cartesis, dont les revenus (125 M$) et leur répartition par zones géographiques (13 % seulement de son chiffre d'affaires émane des Etats-Unis) sont sans commune mesure avec ceux
d'Hyperion.BO récupère pourtant une offre de consolidation (Magnitude) de renom, équipant la majorité des comptes du CAC 40, ainsi que 600 employés (dont 200 consultants). Avec son produit phare Magnitude, Cartesis apporte au spécialiste du
décisionnel la brique qui lui faisait défaut dans la gestion de la performance. Désormais, BO rivalisera à armes égales avec Cognos, Hyperion et SAP, qui ont déjà un pied chez les directeurs financiers. ' BO souffrait de ne
pas être vu comme un spécialiste de la gestion de la performance, à la différence d'Hyperion et de Cognos ', rapporte Olivier Blanchard, responsable de l'offre gestion de performance chez la SSII Keyrus. L'intégration de
Cartesis au sein de sa plate-forme décisionnelle XI devrait mettre en application les grands principes du CPM (Corporate Performance Management). Notamment, le décloisonnement des reportings financier et opérationnel. ' Tous
deux doivent idéalement s'appuyer sur les mêmes données, définies dans un dictionnaire commun. Plus la taille des entreprises est grande, plus cette exigence devient évidente ', précise pour sa part Patrick Bensabat, PDG de
la SSII Business et Decision.Ce décloisonnement a au moins deux répercutions techniques. En premier lieu, il impose que les briques décisionnelles exploitent les données issues de la consolidation. D'ordinaire, ces dernières ne servent qu'au reporting financier,
souvent peu convivial, très formaté et destiné uniquement aux spécialistes. Le traitement de ces informations par des outils décisionnels offre de nouvelles perspectives en matière d'analyse et de diffusion de rapports. Mais cette intégration pose
au moins un problème. ' Les délais écoulés entre la validation des données dans l'outil de consolidation et leur diffusion sous forme de rapports reste encore trop long, surtout pour les grands groupes. En cause : le
temps de chargement dans le datawarehouse ', indique Olivier Blanchard.Cartesis couvre déjà en partie cette contrainte. Avec son récent module Analytics, un financier dispose des outils pour alimenter, en toute autonomie, une base multidimensionnelle (SQL Server 2005) à partir des informations de
Magnitude, en y ajoutant des données externes. La manipulation du cube étant assurée, soit par un plug-in Excel (issu du rachat de AIS), soit par l'outil d'analyse de Panorama, embarqué par Cartesis. Nul doute que BO reprendra la même philosophie
qu'Analytics, mais avec ses propres outils. ' Plus que le mécanisme de consolidation en tant que tel, c'est le reporting financier qui en découle que nous visons ', confirme Bernard Liautaud. L'éditeur
pourra également faire valoir son offre d'intégration (ETL, EII, référentiel de métadonnées) pour rapprocher les deux types de reporting.
En net retard sur Hyperion
Seconde nécessité technique liée au décloisonnement entre reportings financier et opérationnel : la création de ponts entre l'élaboration budgétaire et la consolidation. A la base, cette dernière concerne les seuls chiffres
réalisés. Elle devrait pourtant inclure aussi les budgets prévisionnels saisis par les opérationnels. D'où la nécessité de fondre les fonctions phares de la planification (simulation et gestion de versions des budgets) dans l'environnement de
consolidation. Sans passerelle entre les deux applications, la consolidation de budgets prévisionnels exige des responsables une saisie manuelle.Et là encore, Cartesis a déjà entrepris un travail d'intégration entre Magnitude et le produit du Canadien Inea (acquis en 2005). Mais il est trop tôt pour savoir si BO le conservera. Car, lui aussi dispose d'un outil de
planification, issu du rachat de SRC. Un outil déjà intégré à XI, mais moins haut de gamme que celui d'Inea, issu du monde bancaire.Sur ces différentes problématiques d'échange entre outils décisionnels et applications financières, BO a pourtant nettement moins d'antériorité que Cognos, et surtout qu'Hyperion. Dès la fin 2005, avec le lancement de Système 9, le
décisionnel, la planification et la consolidation de l'éditeur américain partageait une même interface et certains composants comme la sécurité. Et depuis sa version 9.3 en décembre dernier, une nouvelle brique (BPM Architect) propose de définir et
de modéliser les indicateurs financiers partagés par HFM et Planning. Elle s'ouvrira cette année aux environnements analytiques (Essbase).BO ne parviendra pas à ce niveau d'intégration avant plusieurs trimestres. D'autant que XI a été écrit en Java quand Cartesis développe sur .Net. Mais au-delà des enjeux d'intégration, c'est la petite taille et le faible rayonnement
de Cartesis hors de l'Hexagone qui peut faire douter. De plus, ' la force de Cartesis en France tient beaucoup à son parfait ajustement aux règles de consolidation françaises, rappelle Patrick Bensabat.
Dans le monde anglo-saxon, qui compte moins d'écritures spécifiques, son avantage compétitif est moins flagrant '.Quoi qu'il en soit, pour l'éditeur français, la transaction est sur tous les points bénéfique : ses investisseurs (Apax notamment) souhaitaient sa revente, sa structure était trop faible pour se déployer à l'international et sa
diversification vers le décisionnel généraliste et la planification (reposant sur une infrastructure Microsoft) semblait compromise par la montée en puissance de la firme de Redmond sur ces mêmes segments.v.berdot@01informatique.presse.fr
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