Dématérialisation, impression recto verso, identification des utilisateurs auprès du photocopieur… Les entreprises multiplient les bonnes pratiques pour rendre plus vert le bilan environnemental de leurs impressions. Mais dans ce domaine, le traitement des cartouches usagées reste perfectible. Ne relevant pas de la législation sur les équipements électriques et électroniques en fin de vie, elles ne sont pas soumises aux dispositions correspondant au statut de déchet dangereux. Pourtant, l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) souligne combien peuvent être néfastes l'incinération de corps de cartouches fabriqués en PVC (émissions acides) ainsi que le relâchement d'encres (solvants, oxydes métalliques, métaux lourds, résines) dans la nature.
Un consortium d'industriels pour la collecte gratuite
Il y a une dizaine d'années déjà, ce constat avait amené un groupe d'industriels ? Canon, Epson, Konica Minolta, NRG, OCE, Ricoh, Toshiba, Xerox ? à créer l'organisation nationale Conibi. Celle-ci ayant comme objectif de récupérer gratuitement les consommables usagés auprès de leurs clients. Depuis, ces acteurs ont été rejoints par d'autres actionnaires ? Sharp, Lexmark ? et adhérents ? Infotec, Kyocera, Pitney Bowes, Satas, Samsung. En 2009, le consortium revendiquait plus de 1 800 tonnes de consommables collectés, soit 2 millions de déchets. Des chiffres impressionnants, certes, mais à comparer aux quelque 70 millions de cartouches utilisées chaque année en France, selon l'Agence de l'environnement. Par ailleurs, sur les 1 800 tonnes récupérées, Conibi en retourne 27 % aux constructeurs et se charge de recycler la matière ou de valoriser énergétiquement le reste. Côté constructeurs, ces consommables sont également démantelés et valorisés, mais pas reconditionnés.Or l'Ademe estime qu'il est jusqu'à deux fois plus avantageux d'utiliser une cartouche reconditionnée industriellement que de recycler ses composants (énergie, matières premières et déchets économisés), tout en permettant de proposer des produits 30 à 40 % moins chers que des cartouches d'origine. Bien sûr, les cartouches ne peuvent pas toutes être reconditionnées et celles qui le sont ne dépassent pas trois à six cycles d'utilisation en moyenne.
Encore des efforts à faire
A observer les filières d'autres pays, la marge de progression reste considérable. L'Agence pour l'environnement estime que seules 15 % des cartouches seraient réutilisées en France, contre 55 % aux Etats-Unis et 35 % en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Dans ce cas, les cartouches sont rechargées en interne ou récupérées par des spécialistes du compatible, tels qu'Armor (qui fait partie du programme Newlife Attitude) ou Pelikan. A noter que même ces derniers ne réutilisent qu'une part des cartouches, les autres devant être recyclées en partie ou en totalité.Dans le détail, peu de chiffres sont disponibles, mais selon le dernier Observatoire de l'écoresponsabilité du tertiaire réalisé par l'Association Riposte verte, 9 % des cartouches sont rechargées et 71 % recyclées. Dans ce dernier cas, 41 % sont envoyées aux fournisseurs, 21 % à une association solidaire et 6 % à Conibi. De toute évidence, la filière de l'impression est très éclatée dans son organisation du recyclage et du reconditionnement des cartouches. Toutefois, lors des Assises nationales des déchets qui se sont tenues à Nantes, les 14 et 15 septembre derniers, il est ressorti que des accords de branche devraient être mis en place pour la prévention et le recyclage des cartouches. Une annonce sera sans doute faite lors du Forum de l'impression, les 24 et 25 octobre prochains à Paris. A cette occasion, Bernard Decugis, président du Syndicat national des entreprises de systèmes et de solutions d'impression (Snessi), interviendra sur le thème de la collecte et du recyclage des cartouches.
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