C'était l'une des promesses des Etats généraux de l'industrie : constituer 12 comités stratégiques chargés de réindustrialiser notre pays. Lancé le 8 novembre dernier, le comité de la filière Services et technologies de l'information et de la communication (STIC) a été confié à Guy Roussel, ancien PDG d'Ericsson France. Ce comité comprend trois rapporteurs ? Alliance Tics, la DGCIS (Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services) et la Fieec (Fédération des industries électriques, électroniques et de communication) ?, 37 participants directs, ainsi que 20 membres associés, ces derniers étant répartis à parts égales entre industriels et prestataires de services. Les organisations syndicales (CFDT, CGT, CFTC et FO) sont également représentées.Avec le changement de ministre, Eric Besson remplaçant Christian Estrosi, le tempo s'est accéléré. Alors que le rapport final sera remis au premier trimestre 2012, le nouveau ministre de l'Industrie attend les premières expérimentations avant l'été.
Redorer l'image auprès des jeunes diplômés
Le comité s'est structuré en quatre groupes de travail. Le premier, à la tête duquel se trouve Jean Mounet, ancien président de Syntec numérique, planchera sur la création d'un observatoire des STIC. “ Les études sont nombreuses dans le secteur, mais il manque un tableau de bord synthétique avec une dizaine d'indicateurs clés ”, avance Guy Roussel. Au travers de cet observatoire, il s'agira de mesurer les impacts de l'économie numérique sur l'emploi ou la productivité. “ Nos métiers ne se résument pas à l'internet grand public, comme le laissait entendre le rapport McKinsey Google. Tous les secteurs sont irrigués par le numérique. ”Mais pour créer des emplois, il faut un environnement favorable, faute d'argent public. C'est l'objet du deuxième groupe de travail, présidé par Francis Joyaud, PDG d'AFD Technologies. Pour Guy Roussel, il s'agit de renforcer l'attractivité de la filière : “ Les jeunes se détournent des STIC car ils associent notre profession aux délocalisations en Inde et en Chine. ” Et de favoriser la recherche et l'innovation “ en butte à une fiscalité déroutante ”.Trois technologies clés : cloud, internet des objets et sécurité
Le troisième groupe de travail, conduit par Renan L'helgouac'h, directeur de la filière numérique de la région Bretagne, a, lui, identifié les trois technologies clés dont la France peut se prévaloir : le cloud computing, l'internet des objets et tout process lié à la confiance numérique et à la sécurité. “ Il ne s'agit pas de rouvrir les usines délocalisées dans le Sud-Est asiatique, mais de s'appuyer sur ces ruptures sociales pour créer des marchés intérieurs ”, précise Guy Roussel.Et pour boucler la boucle, le quatrième groupe de travail, dirigé par Yves le Mouël, de la Fédération française des télécoms, réfléchit sur la diffusion des STIC. Comme les technologies NFC et RFID dans l'e-commerce ou l'apport du numérique dans la réduction des gaz à effet de serre.Au sein du comité, Ivan Béraud (CFDT) plaide, de son côté, pour un bon équilibrage entre usages et infrastructures. “ Depuis Colbert, la France sait creuser des tranchées. Mais poser de la fibre optique ne suffit pas : concomitamment, les SSII doivent aussi créer de nouveaux services. Sinon, on va faire le lit des fournisseurs américains. ”
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