Si Linus Torvald assure la cohérence des développements réalisés autour du noyau Linux, et surtout son unicité, le système d'exploitation GNU/Linux a engendré la naissance d'un nombre impressionnant de versions, appelées distributions. Le site
DistroWatch.com en recense plus de trois cent cinquante. Mais cette grande richesse se transforme aussi en handicap pour un DSI qui aime à traiter avec un interlocuteur unique.La situation évolue cependant, les entreprises se concentrant sur quelques distributions. En dehors du cas particulier de Debian, privilégié par les puristes, les grands groupes affichent leur préférence pour les distributions certifiées par les éditeurs et les constructeurs. Red Hat, historiquement, puis Novell et Ubuntu tirent leur épingle du jeu. Outre la distribution, qui a des conséquences sur le mode de gestion (ZENworks, de Novell, produit phare de l'administration de parcs clients sous Linux et Windows, est incapable, par exemple, de gérer les .deb), il convient de réfléchir à l'environnement graphique de bureau, notamment pour le personnaliser. Les deux plus connus sont KDE et Gnome.En entreprise, Gnome est souvent sélectionné. Sous Gnome, Gconf, l'équivalent de la base de registres sous Windows, fournit une interface de configuration centralisée qui intéresse les administrateurs comme les éditeurs de solutions d'administration.S'appuyant sur des technologies totalement différentes de la base de registres de Windows, qui reste difficilement utilisable et fragile, Gconf stocke les données de configuration du bureau dans une base.Cette base de données emploie par défaut un système de fichiers XML. Lorsqu'un logiciel désire changer un paramètre, il fait appel au démon gconfd. On accède également à Gconf via l'outil graphique Gconf-editor. Grâce à celui-ci, on peut, par exemple, définir les applications visibles ou les icônes qui devront être installées sur le bureau. Dépouillé, Gnome séduit dans un usage professionnel, alors que KDE, plus riche, attire d'autres passionnés. Le projet Portland, lancé par la communauté
open source, vise à améliorer la compatibilité et le portage d'applications entre les environnements graphiques de Linux.
Novell très impliqué dans les projets concernant le poste client
Franz Meyer, directeur général pour l'Europe du Sud de Red Hat, confirme l'engagement stratégique de Red Hat sur le poste client, mais les deux distributions qui ont apporté nombre d'éléments positifs sur le poste client sont Novell (Sled et OpenSuse pour la version communautaire) et Ubuntu. Nat Friedman, cofondateur de Ximian et aujourd'hui responsable de la stratégie
open source de Novell, déclarait en décembre 2006 à notre confrère anglais
Linux Format : ' Allez trouver une distribution Linux qui ait fait un dixième de ce que nous avons fait en innovation... '.Novell a été très impliqué dans les projets dédiés au poste client au travers de
betterdesktop.org. Cette initiative, lancée par la firme de Provo, vise à partager les informations et critiques remontées par l'utilisateur final. L'objectif est de permettre à une équipe de développement de se mettre à la place de monsieur tout le monde lorsqu'il découvre un environnement et essaie de s'en servir. Mille cinq cents heures d'analyse ont été effectuées sur le comportement des utilisateurs. On a ainsi pu mesurer le temps que met un néophyte pour éteindre son ordinateur à partir de l'interface. D'où le choix du menu en bas à gauche, et non plus en haut à gauche comme c'est le cas par défaut pour Gnome. Il ne s'agit là que des premières étapes et il y a encore largement de la place pour des améliorations, dans le multimédia en particulier.
Des problèmes d'interopérabilité qu'il faudra régler
Ubuntu est l'autre distribution à avoir contribué à l'arrivée de Linux sur le poste client. Orientée grand public, il touche également le monde professionnel, comme on peut le constater dans le secteur public en France. Et IBM certifie sa base de données DB2 sur Ubuntu, un gage de crédibilité supplémentaire envers le monde professionnel. Avec Ubuntu, Linux à la portée de tous est en marche. Le sud-africain Mark Shuttleworth, fondateur de la société Canonical qui soutient Ubuntu, connu également pour avoir voyagé dans l'espace, a récemment appelé les développeurs d'OpenSuse à le rejoindre après l'accord signé entre Microsoft et Novell.Un accord qui fait couler beaucoup d'encre avec, comme souvent dans le monde Linux, des avis très tranchés et contradictoires. Quoi qu'il en soit, les problèmes d'interopérabilité devront bien être réglés un jour entre Windows, qui domine largement le marché, et Linux, qui le bouscule côté serveur, mais aussi, maintenant, côté client. Au programme d'Ubuntu, on note une installation très simplifiée et des
scripts qui vont aider les novices. Mais, bien que le compte d'administrateur
root ait été remanié, Linux nécessite toujours des réglages supplémentaires, à la fois dans le multimédia et le Wi-Fi. En fonction des
chipsets, on peut toutefois arriver à l'autodétection, mais si l'on ne dispose pas de pilotes sous Linux, les difficultés s'amoncellent. On devra alors recourir à NdisWrapper, une couche logicielle permettant d'utiliser le pilote Windows pour faire fonctionner sa carte Wi-Fi sous Linux. Les résultats sont divers.Tout bogue dans les pilotes Windows pourra potentiellement
crasher Linux. Il est indispensable, donc, de vérifier, lors de l'achat de portables, la présence d'un pilote Linux pour la carte Wi-Fi. Les gestionnaires de paquetages (appelés aussi paquets) sont toujours un élément différentiateur entre les distributions. Ces gestionnaires facilitent l'installation des applications en gérant les dépendances, autrement dit toute couche logicielle nécessaire au programme que l'on souhaite installer. Apt-get (pour Debian et les distributions fondées sur Debian comme Ubuntu) est le grand-père de ces gestionnaires.
Une richesse dans laquelle il suffit de puiser
Si l'administrateur préfère souvent le mode en ligne de commandes, rien n'empêche de lui adjoindre un frontal graphique comme Synaptic. Aptitude, toujours pour le monde Debian, est le digne descendant d'Apt-get, avec quelques avantages supplémentaires. On retrouve ces équivalences avec Yum chez Red Hat et You
(Yast online update, intégré dans Yast 2) chez Novell. Là encore, en sus de la ligne de commandes, divers frontaux graphiques existent comme Yumex ou Yast2. Après configuration, on pourra également utiliser la commande Yum chez Novell. La solide réputation d'Apt-get a suscité des adaptations pour les distributions à base de RPM (APT4RPM).On notera que Smart, autre gestionnaire de paquets, rencontre aussi un certain succès. Il se montre
' ?"cuménique ' en gérant plusieurs formats de dépôts, dont ceux qu'utilise Apt-get, Yum et URPMI (pour Mandriva), et fait ainsi office de passerelle commune pour un administrateur. La gestion des dépôts restera évidemment aux soins de l'administrateur. La richesse est là, ne reste qu'à puiser en fonction de ses préférences et besoins.
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