Ces startups qui jouent au docteur ou aux apprentis sorciers

A LeWeb, les startups dédiées à l'e-santé étaient venues en force. Profitant de l'essor du quantified self, elles proposent de responsabiliser l'individu sur sa santé. Au risque de déséquilibrer le rapport médecin-patient.
L’économie numérique a un nouveau terrain de chasse : notre santé. Bracelets, montres, t-shirts… toute une myriade d’objets connectés se propose de mesurer notre rythme cardiaque, de calculer le nombre de pas parcourus dans une journée ou de veiller sur la qualité de notre sommeil.
Et pour fédérer les données recueillies, les géants du numérique ont, cette année, chacun lancé leur plate-forme. Après Google Fit, Apple Health, c’était plus récemment au tour de Samsung avec Simband de s’y mettre.

De son côté, la Silicon Valley bruisse de startups qui réfléchissent aux usages qui vont avec. La conférence LeWeb a été l’occasion de faire la connaissance de quelques-unes des plus originales. Des jeunes pousses qui bâtissent leurs concepts sur l’individualisation de la santé.
Comme l’a expliqué le docteur Daniel Kraft, fondateur du think tank Exponential Medicine, un individu dispose désormais sur son smartphone de tous les données pour faire son propre check-up : pression sanguine, glycémie, température corporelle… Il est même possible de faire un test d’albumine à partir d’un échantillon d’urine en couplant un accessoire avec son mobile.

A LeWeb, deux startups, Clue et NaturalCycles, présentaient également des applications mobiles permettant aux femmes de suivre leur cycle menstruel et connaître précisément leur période de fertilité. Et pour ceux qui veulent aller plus loin et tout connaître de leur ADN, la société américaine Illumina propose de décrypter votre génome pour mille dollars, contre 100 millions en 2001.
uBiome propose, elle, le séquençage de notre microbiome, à savoir la typologie des milliards microbes qui font leur nid dans notre organisme. La startup qui a levé plus de 350 000 dollars sur la plateforme de crowdfunding Indiegogo envoie un kit de prélèvement puis analyse le bouillon de culture de votre intestin, votre nez ou votre bouche en le comparant au reste de la population via une technologie de type big data. A partir de là, l’individu peut prendre les choses en main, puisqu’à la différence du génome, il est possible de changer son microbiome.
Des électrodes pour augmenter les performances de son cerveau
Autant de données permettent rééquilibrer le rapport entre le docteur et son patient. Une fois avoir placé son électrocardiogramme dans le cloud, ce dernier peut décider de partager à son médecin référent ou à n’importe quel spécialiste dans le monde. Voire à une machine. Avec l’essor de l’intelligence artificielle, des applications proposeront bientot d'établir un pré-diagnostic. Vous avec une grosseur au cou, envoyez une photo pour un premier avis. « Et pourquoi pas fabriquer une prothèse ou du tissu humain avec une imprimante 3D », lance très sérieusement le Dr Kraft.
Le numérique joue aussi la carte du préventif. Le site Tobacco Body montre les effets physiques du tabac sur le corps humain. Inauguré officiellement ce mois-ci, Nomad est un réseau social qui se propose de partager entre membres recettes et astuces pour rester en bonne santé. Omada Health propose, lui, des programmes en ligne pour prévenir l’obésité et le diabète, en associant objets connectés et coaching. Pour le Dr Kraft, c'est clair : nous sommes en train de passer avec le quantified self d’une médecine curative à une médecine préventive.
Voire à développer de nouvelles performances. Halo Neuroscience se propose d’améliorer notre capacité cognitive en plaçant des électrodes pour simuler notre cerveau. Quelques séances de 20 minutes par semaine permettraient, selon son dirigeant, Daniel Chao, d'augmenter nos facultés de de 65%.
Halo, The Brain-Improving Wearable, Raises $1... par wochit