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Entreprises 2.0, réseaux sociaux, e-commerce, sécurité… la première édition de l'IT for Business Forum a couvert en trois jours les grands enjeux technologiques du moment.
Quelque 200 participants ont assisté, le mois dernier, à Courchevel, à la première édition de l'It for Business Forum. Organisée par le Groupe 01 (éditeur de 01 Informatique et de 01net-entreprises) en partenariat avec BFM Business, elle proposait aux dirigeants de grandes entreprises françaises d'actualiser leur culture des technologies de l'information. Petit compte rendu des sessions.
1. Les organisations bousculées par les NTIC et la génération Y
Les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) s'affranchissent des unités de lieu et de temps. Si le télétravail n'est que rarement encadré par un accord d'entreprise, il s'est généralisé dans les faits. Qui n'a pas travaillé chez lui ou dans les transports en commun ? “ Aux Pays-Bas, Cisco a équipé une centaine de télécentres, observe Bruno Marzloff, sociologue. Une réponse à la baisse de productivité et aux heures passées dans les embouteillages. ” En même temps, ce spécialiste de la mobilité regrette la capacité de résistance au changement de certains acteurs. “ Nous sommes encore dans des logiques de “ présentéisme ” et de concentration. ” Il prend l'exemple de SFR, qui prévoit de rassembler ses 8 500 employés franciliens à Saint-Denis en 2013 “ alors que le RER est déjà saturé ”. L'arrivée en force de la génération Y sur le marché du travail devrait accélérer l'éclatement des organisations en silos. Ces jeunes actifs, nés à la fin des années 70, ont grandi avec les nouvelles technologies et savent les diffuser. Il convient toutefois, selon Catherine Glée, maître de conférence à l'Institut d'administration des entreprises (IAE) de Lyon et spécialiste des “ Y ”, de battre en brèche un certain nombre d'idées reçues. “ Cette génération ne s'oppose pas au management. Elle ne veut pas qu'il soit dirigiste mais qu'il l'accompagne. ”
2. Moyens de paiement : les banques concurrencées
Les banques n'ont plus le monopole de l'e-paiement, qui se banalise grâce à l'essor de l'e-commerce. Sous l'effet de la déréglementation européenne, de nouveaux acteurs bénéficient en France, depuis fin 2010, du statut d'établissement de paiement autorisé à capter les flux monétiques liés au paiement en ligne. “ Le paiement est devenu une commodité et l'e-commerçant est aussi légitime vis-à-vis du consommateur que les banques pour assurer ce service ”, a affirmé Denis Gaultier, directeur général délégué de Cards Off, lors de la table ronde organisée sur la révolution des systèmes de paiement. Cette société fait partie des nouveaux acteurs qui vont proposer aux sites marchands des services bancaires concurrençant ceux des banques. “ Un big bang est à prévoir, qui se traduira par des pertes de marché pour les banques au profit de ces nouveaux entrants ”, prévient Simon Philibert, responsable des études chez Pierre Audoin Consultants.
3. Les réseaux sociaux, pour le meilleur et pour le pire
Les réseaux sociaux en entreprise, source d'opportunités de business ou de risques ? Les avis sont partagés. Fort de ses 35 millions de membres à travers le monde, Viadeo penche pour la vision optimiste. Pour développer les affaires, le réseau social professionnel vient de signer un accord avec Salesforce. “ Nous apportons une couche de social sur l'information froide d'un système de gestion de la relation client (CRM), estime Olivier Fécherolle, directeur général opérations Europe. Indiquer qui est le plus proche d'un prospect dans l'entreprise présente un intérêt évident pour un chargé d'affaires. ”En interne, Viadeo a aussi mis en place une initiative intéressante, baptisée Viadeo Stream. Il s'agit d'une sorte de twitter privé interfacé à des écrans TV. “ Un commercial qui vient d'emporter un marché peut poster un message qui apparaîtra sur les écrans de nos bureaux à Paris, San Francisco ou en Inde. ” Allociné apprivoise, lui, les réseaux sociaux pour asseoir son approche média. Un club de 300 fans a été constitué avec, pour moitié, les internautes les plus actifs sur les forums et, pour l'autre, des blogueurs influents. “ Ces fans se sentent dépositaires de la marque Allociné, avance Grégoire Lassalle directeur général. Ils peuvent venir dans nos locaux quand ils le veulent et jouent le rôle de bêta testeurs. ”Du côté des risques, Albéric Guigou, fondateur de Reputation Squad, lutte contre “ le mythe qui voudrait qu'une personne victime d'attaques sur son e-réputation le soit ad vitam aeternam ”. Composée pour un quart de juristes, son agence tente de lutter contre la diffamation en faisant supprimer des posts ou en les déréférençant.Secrétaire général de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), Yann Padova s'intéresse, lui aussi, aux vingt millions de comptes de Facebook en France, “ à l'origine du plus grand traitement de données personnelles. C'est tout le paradoxe. L'opinion publique se soulève quand elle a connaissance qu'un fichier de l'administration a été divulgué mais elle accepte plus facilement qu'une entreprise commerciale se considère comme propriétaire de ses données privées. ”
4. E-commerce : comment le net a tout changé
Tous les participants à la table ronde sur les mutations de la relation client et les nouveaux canaux de distribution, organisée le premier jour du forum, ont souligné à quel point Internet était en train de bouleverser les modes de vente aussi bien pour les enseignes que pour les consommateurs. Selon Marc Lolivier, délégué général de la Fédération de la vente à distance (Fevad), il se créerait deux sites marchands sur internet toutes les heures.Cette explosion révolutionne aussi la chaîne logistique qui achemine les produits jusqu'au “ consonaute ”, selon l'expression de Philippe Ausseur, consultant associé chez Ernst & Young. En témoigne la croissance régulière de Kiala. Cette société, qui exploite une plate-forme informatique de distribution des colis commandés sur le net via un réseau de commerçants de proximité, a terminé l'année 2010 avec 47 millions d'euros de chiffre d'affaires, en progression de 30 % environ. Son PDG, Denis Payre (fondateur de Business Objects), a pour clients aussi bien des pures players de l'e-commerce (comme Sarenza, spécialisé dans la vente de chaussures) que des marques traditionnelles de vêtements comme Etam ou Celio.De son côté, le consonaute navigue de plus en plus entre magasins traditionnels et sites d'e-commerce. “ C'est aux magasins traditionnels de redonner envie aux consommateurs d'aller les visiter et d'acheter sur place. Le prix reste toujours l'élément déterminant ”, a commenté Philippe Ausseur. “ Le taux de conversion d'une visite en acte d'achat sur le net est de 2 %, alors que dans un magasin, il reste encore de 55 % ”, a précisé Marc Lolivier.Tous les participants à la table ronde sont tombés d'accord pour souligner à la fois que la sécurité du paiement sur le net n'était plus un souci et sur le rôle croissant qu'allait jouer le téléphone mobile dans l'e-commerce. “ Il permet au consommateur de partager ses impressions sur le net via les réseaux sociaux et aux marques d'entretenir avec le client une relation de continuité ”, remarquait Frank Rozenthal, expert et consultant spécialisé auprès de la grande distribution.
5. Sécurité : les nouveaux habits de la guerre économique
La cybercriminalité, de plus en plus liée à une forme de guerre économique, ne concerne pas que les grandes entreprises. “ Je connais une PME qui, après s'être fait voler le disque dur de son copieur/scanner par un faux technicien de maintenance, fut confrontée six mois plus tard à un produit copié, directement concurrent du sien ”, explique le commandant Rémy Février, de la cellule intelligence économique de la Gendarmerie nationale du Nord-Pas-de-Calais. Chargé de sensibiliser les sociétés à la fuite de données, celui-ci estime que les entreprises sont ? trop ? ? naïves. Et de citer le PC portable utilisé sans protection dans le TGV pour consolider les comptes de l'entreprise. Les réseaux Wi-Fi des entreprises seraient particulièrement vulnérables, de même que les PC nomades des sociétés. “ Je recommande le chiffrement systématique des données sensibles échangées sur un réseau ou stockées sur le disque dur ”, conseille Rémy Février.Une démonstration organisée avec Sébastien Baudru, consultant de la société Drastic, a montré que les mots de passe gérés par Windows sur un PC sont vite contournés par des logiciels téléchargeables sur le net. Faut-il y voir le début d'une prise de conscience ? Selon la treizième enquête Global Information Security Survey, d'Ernst & Young, la moitié des répondants envisage d'augmenter les dépenses de prévention des fuites et des pertes d'informations en 2011, soit une hausse de 7 % par rapport à 2010, s'est félicité Michel Richard, responsable du département sécurité des systèmes d'information.
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