C'est parti pour le recyclage des déchets informatiques
La date du 15 novembre marquera un tournant pour l'informatique et l'écologie. En France, pour se défaire de leur vieil ordinateur, tous les consommateurs devront passer par des filières agréées ou par leurs revendeurs s'ils en achètent un neuf.
Simple sur le principe, le recyclage des ordinateurs est en pratique lent et complexe à mettre en place. Une entreprise comme Dell, qui fabrique en Irlande et bientôt en Pologne avec des politiques transnationales, doit définir pour
chaque pays une politique d'environnement différente. En effet, si le recyclage des ordinateurs est aujourd'hui soumis à des contraintes légales, c'est la conséquence de directives européennes. La Grande-Bretagne ne s'est toujours pas prononcée,
l'Espagne est en avance mais très contraignante avec les entreprises. La France est dans la ' moyenne ', la transposition a eu lieu à l'été 2005 avec adoption de la loi et publication des décrets. Mais
il a fallu une année de plus pour que les modalités pratiques se mettent en place pour les particuliers.Pour les entreprises, la date du 13 août 2005 sépare les matériels implantés en entreprises en deux catégories. Pour les matériels vendus avant ce 13 août 2005, la responsabilité incombe à l'entreprise utilisatrice. Pour
ceux vendus après, la responsabilité va au vendeur. À eux de trouver et de contractualiser avec l'un des quatre organismes de recyclage agréés par le ministère. La constitution de cette filière est progressive. Les ordinateurs vendus
' après ' le 13 août 2005 ne viendront à échéance que dans deux ans, au plus tôt. Les distributeurs et fabricants ont donc le temps de s'organiser. Ce dispositif comporte un aspect financier, comme
celui des particuliers, avec une ' éco-taxe '. Les fabricants ou les entreprises utilisatrices devant évidemment répercuter le coût de ce recyclage dans leurs prix de vente. Autre difficulté :
s'informer ! La majorité des fournisseurs, surtout en indirect, n'a pas forcément le temps et la structure pour s'y adapter. Principale difficulté actuellement pour les entreprises, témoigne Vincent Geffroy, chef du bureau de la qualité
écologique des produits au ministère de l'Écologie et du Développement durable : ' Veiller à contractualiser les relations entre l'entreprise et ses partenaires recycleurs '. Cette première étape
est loin d'être remplie. Inversement, quelques entreprises font figure de pionniers du recyclage, et en font une philosophie, voire un avantage en terme de communication. ' Nous avons une double responsabilité,
explique Laetitia Flahaut, responsable environnement de Dell France, l'une pour l'avant et l'autre pour l'après 13 août 2005. Nous proposons un service de recyclage pour le matériel vendu avant cette date avec nos propres
plates-formes. Pour l'après 13 août, la récupération des produits interviendra dans deux ou trois ans. Nous aurons nos propres partenaires logistiques et traitements en France avec des plates-formes de récupération et
d'acheminement. ' Dell met en avant cette politique. Michael Dell lui-même a publié un texte en ce sens, disponible sur le site américain de l'entreprise. En France, le recyclage concerne une partie du site, avec un
formulaire sur les reprises gratuites d'anciens matériels pour les particuliers et la possibilité pour ces clients de faire un don à une association.D'autres entreprises, comme Lexmark, sont également en pointe, mais en raison des délais parlementaires et administratifs, beaucoup d'industriels ont émis des réserves. Les ordinateurs ne sont pas seuls impliqués, le processus
concerne tous les DEEE (Déchets d'Équipements Électriques et Électroniques) donc également les périphériques et les appareils électroménagers. Plusieurs fédérations d'entreprises ont rechigné, non seulement en raison des contraintes administratives
mais aussi avec l'approche des fêtes de Noël. La date initiale du 1er octobre, fixée par le ministère, devait être repoussée après le 1er janvier et les ventes de fin d'année, demandait par exemple
la FCD, Fédération des entreprises du commerce et de la distribution. La ministre a tranché et tenu bon sur une date intermédiaire, celle du 15 novembre. Elle a de plus imposé aux distributeurs de produits informatiques et DEEE de s'enregistrer
comme ' producteurs ' auprès de l'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Tout ordinateur vendu en France aux particuliers sera ainsi identifié.