Le réseau planétaire Internet arrive en France. La richesse de ses contenus en font un concurrent sérieux pour le Minitel. Il reste toutefois d'un accès difficile.
Septembre 1994
Télétel, qui peine à dé coller en France, doit-il craindre l'arrivée d'Internet ? Pendant planétaire de notre réseau national, Internet reprend en effet la plupart des services actuellement proposés par le Minitel : messageries roses ou sérieuses, salons où l'on cause et banques de données de toutes origines. Toutefois, le réseau universitaire renferme un contenu sans commune mesure avec son concurrent français. L'origine mutualiste d'Internet explique cette fécondité, tandis que les services à vocation commerciale, dont le nombre va croissant, n'entravent pas l'esprit associatif du réseau. La ' toile d'araignée planétaire ' jouit donc d'un avantage non négligeable sur son concurrent Minitel du fait de la gratuité de l'essentiel de ses contenus. Il demeure néanmoins plus difficile d'accès, et l'anglais, qui est la langue de référence d'un réseau né aux États-Unis, constitue à n'en pas douter un frein à son développement. Mais l'incroyable potentiel commercial que recèle Internet, avec ses 15 millions d'utilisateurs connectés, joue incontestablement en sa faveur. Déjà, des applications destinées au grand public, comme Gopher ou le World Wide Web, qui autorisent la consultation de bases documentaires en mode hypertexte, rivalisent d'astuces ergonomiques pour rendre le réseau des réseaux accessible au plus grand nombre. Du côté de France Télécom, on joue l'optimisme, arguant que l'usage d'Internet ne correspond pas aux habitudes françaises, et on moque l'hétérogénéité des serveurs qui sous-tendent le réseau (IBM, Bull, Unix, PC...), faiblesse de poids face à un terminal Minitel normalisé. Mais l'opérateur ne peut cependant ignorer un service potentiellement générateur de trafic, et a d'ailleurs acquis un lot d'adresses IP. Mieux vaut prévenir...
Duel de navigateurs