Si les entreprises adoptent le commerce électronique, les particuliers restent à convaincre. Les sites marchands élaborent leurs stratégies.
Juillet 1997
Après un faux départ en 1996, le commerce électronique semble enfin prendre son envol. Pas découragés par le relatif échec de leurs galeries marchandes en ligne, IBM (Surf and Buy) et Microsoft (E-Christmas) viennent de relancer leurs plates-formes de vente sur Internet. Les deux géants n'entendent pourtant pas se transformer en commerçants virtuels mais veulent seulement démontrer la validité de leurs solutions. Ils s'inscrivent d'ailleurs dans une tendance générale particulièrement fertile en matière de développement de sites marchands. La seule Europe recense déjà 1 800 sites commerciaux, qui génèrent environ 600 mllions de francs de chiffre d'affaires (22 mllions de francs pour la France). Une enquête menée par Datamonitor table sur un total de 3 milliards de dollars d'échanges sur Internet en 2001. Malgré ces chiffres encourageants, le marché est jugé encore trop immature pour que de véritables stratégies commerciales puissent se dégager.
Conquérir les particuliers
Si le profil du cyberconsommateur reste encore assez flou, on sait en revanche ce qu'il achète : des produits informatiques. Logiciels et matériels figurent en effet en tête des produits les plus recherchés sur le web. Le succès du site de Dell (l'assembleur annonce un chiffre d'affaires de 6 millions de dollars par jour) en atteste. Mais ces achats émanent majoritairement d'entreprises, et les particuliers limitent pour l'heure leurs achats à des produits de faible valeur, avec un panier moyen estimé à 850 F. À charge pour les marchands en ligne de fidéliser ces pionniers, et de banaliser peu à peu l'acte d'achat. Si les entreprises semblent avoir franchi le pas, de nombreux freins limitent en effet l'essor du commerce électronique chez les particuliers, et en premier lieu la crainte liée au paiement en ligne. Étrangement, note une étude de Forrester Research, si le paiement sur Minitel n'engendre aucune crainte, elle suscite sur Internet une véritable angoisse. Plus étrange encore, 15 % d'acheteurs préfèrent transmettre leur numéro de carte bancaire par fax, alors que celui-ci, en faisant transiter les données en clair, constitue le moins sécurisé des moyens de paiement disponibles.
Vers des e-mails publicitaires ?
Pour attirer ces millions de consommateurs potentiels, les sites marchands rivalisent d'astuces marketing. Des bannières publicitaires, censées aiguiller les visiteurs, ont d'abord fait leur apparition. Mais leur rentabilité est sujette à caution. L'étude de Datamonitor indique en effet qu'elles constituent le dernier moyen utilisé par les consommateurs pour se rendre sur un site marchand, loin derrière l'accès direct, le moteur de recherche et le lien hypertexte. Conscients de l'inefficacité de ces bannières, plusieurs sites commerciaux expérimentent d'autres types de campagnes de promotion, et notamment l'envoi par courrier électronique. Verra-t-on, un jour, nos boîtes de réception crouler sous les e-mails publicitaires, à l'image de nos bonnes vieilles boîtes aux lettres ?