Ses avantages indéniables en font une solution crédible pour les entreprises. Le nouvel intérêt du monde propriétaire. Les SSLL sont-elles en danger ?
Mars 2004
Longtemps cantonné à une communauté de développeurs aussi passionnés que spécialistes, le logiciel libre s'est désormais imposé au sein des directions informatiques. Fort d'avantages non négligeables, tant en termes de coûts que de performances, cet univers logiciel a su séduire les grands comptes, traditionnellement acquis aux solutions propriétaires. Les économies à l'achat réalisées grâce aux logiciels libres sont en effet comprises entre 10 et 50 % selon le projet, et la plupart d'entre eux nécessitent des configurations matérielles standards, moins puissantes que leurs concurrents propriétaires. Mais le principal gisement d'économies est à chercher dans la maintenance, particulièrement allégée pour des logiciels qui ont fait de leur fiabilité une marque de reconnaissance. Selon IBM Global Services, la migration vers un logiciel libre divise le coût d'indisponibilité par 3,5 et réduit de coût de possession de 56 % sur trois ans. Quant à la maintenance évolutive des solutions, elle est aisément déportée sur une communauté de développeurs particulièrement active.
Une offre bientôt mature
Autant d'avantages trop tangibles pour échapper aux principaux acteurs du marché, qui prennent aujourd'hui le logiciel libre très au sérieux. L'enthousiasme de l'administration et du secteur public ?" précurseurs dans l'adoption de solutions open source ?" les y a d'ailleurs encouragés. Conséquence de ce nouvel engouement, l'offre disponible s'est considérablement étoffée, et couvre désormais la plupart des besoins courants. Toutefois, comme le rappelle Pierre Pezziardi, directeur technique d'Octo Technology, ' Il n'y a pas de SAP du libre, ni de bases de données dignes de ce nom. ' Néanmoins, il y a fort à parier que ces ' trous noirs ' applicatifs seront rapidement comblés par l'arrivée des grands éditeurs traditionnels. Oracle, IBM ou Novell notamment, ont largement investi dans le libre au cours des dernières années, entraînant dans leur sillage les principales SSII.
Les SSLL, pionniers convoités
Les sociétés de service en logiciel libre (SSLL), qui ont longtemps été les principales animatrices du marché, considèrent l'arrivée de ces mastodontes avec une relative inquiétude. Certes, leur expérience, la spécialisation de leurs ressources et leurs importants investissements dans des projets de R&D open source en font, pour l'heure, des acteurs incontournables. Cap Gemini-Ernst&Young s'est ainsi récemment allié avec la SSLL Nuxeo pour répondre à un appel d'offres lancé par le ministère de l'intérieur. L'attitude des grands éditeurs à leur égard est plus agressive, ceux-ci débauchant à prix d'or leurs meilleurs éléments. Malgré leur expertise, les SSLL pourraient bien être les premières victimes de cette mise en branle du marché, elles qui n'ont ni la taille critique pour mener à bien des projets complexes, ni les gages de pérennité pour démarcher seules grands comptes et administrations.
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