Charlie Shrem, figure du Bitcoin, arrêté pour avoir trempé dans Silk Road

Le patron de BitInstant et vice-président de la fondation Bitcoin aurait écoulé pour l'équivalent d'un million de dollars en BTC afin de permettre à des drogués d'acheter tranquillement des produits.
L’affaire Silk Road, cet eBay de la drogue fermé l’année dernière par le FBI, rebondit encore. Et de quelle manière ! Charlie Shrem vient d’être arrêté à New York. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais Shrem était une figure du monde Bitcoin. Il était notamment à la tête de BitInstant, une plate-forme d’échange de BTC, et vice-président de la Bitcoin Foundation. Il aurait aussi été, d’après Business Week, l’un des tout premiers millionnaires en Bitcoin.
Shrem était il y a quelques jours l'un des invités d'honneur d'une conférence sur le Bitcoin à Miami
Shrem, 24 ans, est dans un sacré pétrin. D’après un communiqué rédigé par le procureur de la Cour du district sud de New York, le voilà confronté à de lourdes charges, notamment de blanchiment, pour lesquelles il pourrait croupir en prison durant 30 ans.
Que lui reproche-t-on exactement ? D’avoir organisé avec Robert M. Faillea, son co-accusé dans l’affaire, un drôle de trafic afin de permettre aux utilisateurs de Silk Road de pouvoir acheter de la drogue dans l’anonymat le plus total. Faiella avait mis en place une plate-forme de vente sur Silk Road qui permettait aux acheteurs de se procurer des Bitcoin «propres » contre une commission de 9 %… Et remontait ensuite ces ordres à Shrem, dont l’entreprise BitInstant fournissait les Bitcoin contre dollars sonnants et trébuchants. Ils auraient de cette manière écoulé pour 1 million de dollars en BTC.
Les frères Winklevoss, victimes collatérales
De nombreux mails annexés à la plainte témoignent que Shrem –qui a lui-même acheté de la drogue sur Silk Road- était parfaitement au courant des activités illégales de Faiella et qu’il l’a notamment aidé à outrepasser les limitations de son propre service… De par la loi, BitInstant avait par exemple pour obligation de surveiller de près les transactions trop importantes et était censée les transmettre aux autorités. Mais Shrem a au contraire aidé Faiella à multiplier les comptes sur son site afin d’éviter d’être repéré. Il n‘a pas hésité non plus à lui fournir des rabais sur de l’achat « en gros » de BTC, etc.
Dindons de cette farce : les frères Winklevoss. Popularisés par le film The Social Network, les jumeaux qui ont un temps revendiqué la paternité de Facebook ont investi 1,5 million de dollars dans BitInstant en 2012... dans le cadre de leur fonds d’investissement basé sur le BTC. Mauvaise pioche. « Nous sommes extrêmement préoccupés par cette mise en examen. Nous sommes des investisseurs passifs dans BitInstant et feront tout notre possible pour aider la justice » ont commenté les jumeaux dans un communiqué.
Shrem, lui, vient d’être libéré sous caution contre la somme rondelette d’un million de dollars. Et doit rester chez ses parents, à Brooklyn, dans l’attente de son procès. Drôle de game over pour celui qui se félicitait l’année dernière de l’évolution des mentalités vis à vis du Bitcoin sur Reddit : « nous ne sommes plus considérés comme des gamins juvéniles cherchant à blanchir de l’argent et acheter de la drogue en ligne. »