Christophe Meslin, responsable systèmes de Framestore CFC
Son expertise informatique l'aide à être au plus proche de son autre passion, le dessin animé et les effets spéciaux.
Est-ce un hasard si vous travaillez dans une société de postproduction ?Christophe Meslin : Pas vraiment. J'ai deux passions : la micro-informatique personnelle, que j'ai abordée avec Atari, et le dessin animé. Malheureusement, le dessin n'était pas mon fort. Lorsque je travaillais chez Apple, j'ai rencontré le responsable informatique de Disney, à Montreuil. Il m'a proposé un poste, sachant que les animateurs du studio utilisaient essentiellement des stations Macintosh. J'ai alors plongé au c?"ur de la fabrication des dessins animés.Comment s'est passée la transition de Mac OS à Linux ?CM : Lorsque je travaillais chez Apple, Mac OS X n'avait pas encore vu le jour. Mais dans le cadre de mon DUT, je me suis formé à Unix. Puis, comme Disney recourait aussi à des stations de travail Silicon Graphics et à des serveurs Sun, j'ai suivi des formations Linux chez Red Hat France. Chez Framestore, où j'occupe le poste de responsable systèmes, la transition de SGI à Intel/NVidia a été plus aisée. Privilégiant les solutions open source, nous avons bâti une solution de cluster de calculs distribués en interne, qui s'appuie sur Red Hat Enterprise Server et sur le système de fichiers Lustre de CFS/Sun Microsystems.Quelles autres évolutions avez-vous dû gérer ?CM : Un changement d'échelle, surtout. Framestore grossit rapidement. L'entreprise, qui employait 300 personnes en 2003, en totalise aujourd'hui 800. La simulation 3D s'avère de plus en plus gourmande en calculs, comme en témoigne notre ferme de serveurs de calculs de 5 000 processeurs. En 2003, 5 To de données étaient traitées par nuit ; en 2008, 7 To circulent par heure sur le réseau. Ce métier requiert une grande disponibilité. Il faut non seulement assurer une communication large, mais aussi mener un travail d'équipe, avec des réunions régulières et des sorties en pub le soir, tradition anglaise oblige.La technologie constitue-t-elle toujours votre finalité ?CM : Non. La récompense de mon investissement réside dans le résultat du travail des artistes. Ainsi, le film La Boussole d'or, sur lequel nous avons travaillé, a obtenu deux prestigieuses récompenses pour ses effets visuels, très complexes à réaliser : le Bafta et l'Oscar des meilleurs SFX. Chaque image a nécessité entre huit et treize heures de calcul, et il fallait être présent en permanence, du fait des crashs des logiciels poussés dans leurs derniers retranchements. Autre consécration : le démarrage, il y a deux ans, du long-métrage d'animation en 3D, The Tale of Despereaux. Nous avons mis en place toute l'infrastructure réseau, les clusters, la nouvelle ferme de serveurs de calculs... Le projet doit être livré pour Noël 2008. Un défi intéressant pour l'entreprise, mais aussi pour moi.Et dans votre vie personnelle, la technologie joue-t-elle un rôle important ?CM : Je n'ai pas de temps à consacrer à la technique en dehors de mon travail, mais j'apprécie les films en HD et les jeux vidéo. Par le biais des communautés en ligne, internet devrait révolutionner le monde de la création des jeux, mais aussi celui des films et de la TV sur IP. Il faut, par ailleurs, que le cinéma, lieu de sociabilité, demeure une aventure magique. Avatar, le prochain film de James Cameron dont la sortie est programmée pour 2009, est très attendu, car il sera projeté en relief, dans une salle équipée en cinéma numérique.
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