Cinquante années pour effacer plusieurs mètres cubes d'électronique

Symbolisant un demi-siècle d'évolution des technologies de l'information, les laboratoires d'informatique grenoblois nous ont fait passer du calculateur à tubes à l'informatique sans ordinateur.
Lorsque, au début des années cinquante, Grenoble crée son premier laboratoire de calcul, l'informatique a l'aspect de l'antique calculateur Gamma 3. Une armoire métallique de plusieurs mètres cube et près de quatre cents tubes et
diodes. Premier produit de la toute jeune Compagnie des machines Bull, on le croirait plutôt sorti d'un roman de Jules Vernes. Ce laboratoire a donné naissance à ce qui est devenu l'Imag (*) où les chercheurs donnent à
l'informatique une multitude d'aspects, mais surtout pas celui d'un ordinateur. Cette intégration des technologies de l'information dans les produits de tous les jours est en préparation dans plusieurs laboratoires de l'Institut. Des applications
les plus industrielles aux plus spécifiques, trois laboratoires symbolisent cette évolution.Au sein de Verimag, les travaux des chercheurs visent à garantir le meilleur fonctionnement d'ensembles complexes de systèmes embarqués afin d'en généraliser l'utilisation. Par exemple, s'il est déjà possible de réaliser des systèmes de
contrôle et de commande critiques pour l'atterrissage automatique des avions, ces systèmes sont encore trop chers pour les industriels de l'automobile. C'est pourquoi Joseph Sifakis, directeur du laboratoire Verimag, ambitionne, lui, de concevoir
des ' systèmes réactifs répartis, hétérogènes et complexes ' tels que des autoroutes automatiques. Il préconise une approche centrée système : conception technique conjointe, optimisation économique entre coût et
qualité et, enfin, combinaison de compétences en logiciel, contrôle, réseau, interface homme-machine, usages, etc. Les défis sont de taille : construire des systèmes complexes par intégration de composants hétérogènes ; utiliser des méthodes de
validation incrémentales plutôt que des méthodes a posteriori ; et, last but not least, rendre l'ensemble du système intelligent afin d'en assurer la qualité (autodiagnostics, capacité d'adaptation, etc.).Les travaux de Verimag participent, à ce titre, au sixième programme cadre de recherche et développement européen, entre autres à travers la constitution de réseaux d'excellence et le regroupement d'initiatives centrées sur les systèmes
en direction des secteurs industriels stratégiques.
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