Servir les deux tiers de la planète, là où seront les grandes puissances économiques de demain ! Telle est la raison d'être de l'implantation de Cisco à Bangalore, qui constitue aujourd'hui le deuxième quartier général du
groupe spécialisé dans les réseaux Internet, après son siège californien.Créé voici un an, le ' Globalisation Centre East ' est installé dans un campus à la lisière de Bangalore. Le centre emploie aujourd'hui 5 000 personnes, mais les ambitions sont grandes. Quelque
15 000 salariés devraient y travailler d'ici à 2012.Cette augmentation très rapide reflète celle de la clientèle visée. Les pays en développement assurent désormais l'essentiel de la croissance de la planète. ' De Bangalore, nous pouvons atteindre 70 % de la
population mondiale ', explique Wim Elfrink,Executive Vice-President et Chief Globalisation Officer de Cisco. L'Inde sert en effet de base pour desservir l'Asie du Sud-Est, la Chine,
le Moyen-Orient, l'Afrique... En 2050, estime le maître d'?"uvre de la stratégie de globalisation, ' La Chine représentera 25,6 % de l'économie mondiale, les Etats-Unis 20,3 % et l'Inde
16 %. ' Le plus gros pays européen sera la Grande-Bretagne avec 2,2 % !
Tout est à construire, de façon différente
C'est bien pour cette raison que Cisco a décidé d'investir à Bangalore, et non plus, comme c'était le cas voici dix ans, pour faire des économies sur la masse salariale. ' C'est vrai qu'il y a
toujours un avantage de coûts ici, de l'ordre de 1 à 3 par rapport aux Etats-Unis, mais ce n'est pas cela que nous cherchons. Nous avons besoin d'équipes capables de fournir des services adaptés à des marchés complètement
différents ', avance Leo Scrivner, vice-président chargé des ressources humaines.Les marchés émergents présentent en effet des caractéristiques qui les distinguent nettement des pays développés. En premier lieu, il s'agit souvent de mettre en place des solutions dans des domaines complètement neufs, sans aucune base
installée à prendre en compte. Ce qui libère les possibilités d'innovation.En second lieu, les business modèles sont aussi très différents. Ils se caractérisent généralement par de gros volumes et de très faibles marges. Exemple typique : les opérateurs télécoms indiens travaillent avec des clients qui
ont un Arpu (consommation de services téléphoniques) de quelques dollars par mois, contre 100 dollars dans les pays occidentaux. En revanche, leurs bases d'abonnés augmentent chaque mois de millions de personnes...Coller aux réalités du terrain
Du coup, le constructeur travaille à des échelles inédites. En Malaisie, Cisco va fournir des hot spots WiMax pour équiper la totalité du pays. Les équipes de Bangalore développent également des services
spécifiquement conçus pour les besoins des pays en développement. C'est le cas de kiosques permettant de pratiquer des diagnostics médicaux à distance, à installer dans les villages privés de services médicaux convenables.Dans ces différentes missions, Cisco travaille en partenariat avec les SSII indiennes, de Wipro à Tata Consulting Services, en passant par HCL, Satyam ou Infosys. Des partenariats présentés comme clés pour la stratégie de globalisation
du groupe américain, puisqu'ils permettent de coller au plus près à la réalité des besoins locaux.
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